Nash1

TAMPA BAY - Ç'a pris deux mois à Ken Hitchcock pour résoudre le mystère Rick Nash.
C'était en 2006 et Hitchcock venait de devenir l'entraîneur des Blue Jackets de Columbus, avec qui Nash avait joué trois saisons et réussi une campagne de 41 buts en 2003-04.

À 19 ans, Nash est devenu le premier adolescent dans l'histoire de la LNH à remporter le trophée Maurice « Rocket » Richard, remis au meilleur buteur de la Ligue, concluant la saison en triple égalité avec Jarome Iginla des Flames de Calgary et Ilya Kovalchuk des Thrashers d'Atlanta.
À LIRE : Nash mène la confrontation des anciens Rangers en séries | Les Bruins doivent retrouver leur mentalité de tireurs face au Lightning
L'attaquant avait trouvé son rôle dans la LNH, et c'était comme franc-tireur. Et heureusement, car certaines de ses autres statistiques étaient peu reluisantes, comme son différentiel de moins-27 en 2002-03 et de moins-35 en 2003-04.
« Je le regardais jouer et chaque fois qu'il était sur la glace, il y avait une chance d'un côté comme de l'autre », a affirmé Hitchcock dimanche. « Il y avait une occasion en zone offensive, mais il y en avait également une en zone défensive. »
« J'avais le sentiment que, pour qu'on s'améliore, il devrait être le gars qui doit tout améliorer. Il devait être le joueur qu'on pouvait présenter et dire : "Si notre meilleur joueur peut jouer de cette façon, nous pouvons tous jouer de cette façon." »
Nash a acheté le point de vue de son entraîneur.
« Ç'a été une réponse immédiate », a dit Nash, dont l'équipe, les Bruins de Boston, est à égalité 1-1 dans la série au meilleur de sept matchs de deuxième ronde de l'Association de l'Est contre le Lightning de Tampa Bay, alors que le match no 3 aura lieu mercredi au TD Garden (19 h HE, NBCSN, CBC, TVAS). « Je savais ce que je voulais être. »
Ç'a pris une saison et demie à Nash pour comprendre, pour se transformer lui-même et son jeu, et pour faire les changements qui lui permettraient de passer d'un marqueur naturel à un joueur complet. Ça lui a donné la chance de jouer pour des formations olympiques, de participer aux championnats mondiaux et d'avoir une carrière qui pourrait peut-être un jour se terminer avec un différentiel combiné positif (il était à plus-1 après la saison dernière, mais il est à moins-11 après cette saison).

« Je sais ce que je suis censé faire sur la glace : je suis censé marquer des buts, a dit Nash. Mais il y a un tout autre aspect au hockey. Oui, les buts sont agréables et excitants, mais si tu ne sais pas jouer dans ton territoire, ton équipe n'ira pas très loin. »
« Individuellement, c'est bien. Mais je préfèrerais être reconnu comme un joueur complet plutôt qu'un marqueur de buts qui a un différentiel de moins-30 dans toute sa carrière. »
Il est le joueur qui a quitté Columbus après quatre parties en séries éliminatoires de la Coupe Stanley, toutes des défaites, en neuf saisons. Il est le joueur qui, le 23 juillet 2012, a été échangé aux Rangers de New York, avec qui il a marqué 145 buts en six saisons, incluant 42 en 2014-15, et s'est rendu en séries éliminatoires cinq fois. Mais tous ces parcours se sont conclus par une déception.
Nash décevait. Parce qu'une fois arrivé en séries, il n'arrivait pas à livrer la marchandise, à tout le moins pas de la façon dont on s'attendait de lui à New York.
Mais cette saison et demie tôt dans la carrière de Nash explique pourquoi les critiques à son endroit ne sont pas tout à fait justes et pourquoi Nash représente plus que son total de buts. Elle explique aussi pourquoi Boston est peut-être l'endroit parfait pour qu'il parvienne à s'épanouir.
\\\\
Il faut se rappeler que, avant de joindre les Rangers, Nash n'avait joué que dans quatre rencontres de séries. Il n'avait jamais remporté une partie en séries. Il était une recrue déguisée en vétéran de 10 ans quand les Rangers ont entamé les séries éliminatoires de 2012-13.
« Tout était nouveau pour lui », a mentionné Scott Arniel, l'ancien entraîneur associé des Rangers. « Ce n'est pas différent de ce que vivent la recrue des Bruins] Jake DeBrusk ou Evander Kane à San Jose, des gars qui n'ont jamais connu les séries éliminatoires. C'est différent et tu dois le vivre. »
À LIRE AUSSI : [Ça joue du coude au deuxième tour | Les unités spéciales du Lightning font la différence | Point et ses coéquipiers se vengent dans le match no 2
« Je pense que les partisans de New York s'attendaient à un succès instantané de la part de Rick à sa première année en séries, mais ça n'a peut-être pas été le cas. »
C'est quelque chose que Nash lui-même est capable d'admettre, lui qui avait amassé cinq points (un but, quatre assistances) en 12 rencontres avec les Rangers lors de ses premières séries avec l'équipe.
Avant cette saison, Nash avait joué dans 77 parties de séries, amassant 41 points (15 buts, 26 aides), incluant trois en 25 matchs en 2014, quand les Rangers ont atteint la Finale de la Coupe Stanley et se sont inclinés contre les Kings de Los Angeles en cinq matchs.
Nash n'a obtenu aucun point lors de cette Finale.

Nash1

« Je pense que les gens ont été un peu durs envers lui à New York », a mentionné l'attaquant du Lightning J.T. Miller, un ancien coéquipier chez les Rangers à partir de 2012 jusqu'à ce que les deux soient échangés cette saison avant la date limite des transactions. « Il a fait tellement de bonnes choses lors des longs parcours que nous avons eus là-bas. Rick pouvait tout faire. Nous marquions beaucoup de buts. Il jouait sur 200 pieds, il était sur la glace dans les dernières minutes d'un match et il écoulait des pénalités. »
« Je ne comprends pas pourquoi les gens ont été si durs. Il est un très bon joueur. »
Arniel a sa théorie.
« Je pense que tous les buteurs sont critiqués, a-t-il expliqué. Si ton équipe ne gagne pas la Coupe, tu seras critiqué parce que tu n'as pas assez marqué. C'est la même chose que pour un gardien. S'il ne gagne pas et qu'il accorde des buts, il est le responsable principal. »
\\\\
Quand les Bruins discutaient de la possibilité d'acquérir Nash, ce qu'ils ont finalement fait le 25 février, le directeur général Don Sweeney a consulté le défenseur Nick Holden, qui avait été acquis des Rangers dans un échange cinq jours plus tôt.
« Ils m'ont demandé quel serait son désir de vaincre en débarquant ici et à quel point il allait se donner pour l'équipe, a révélé Holden. Je leur ai simplement répondu qu'on le voyait chaque jour, qu'il est un bon professionnel. Sa façon de jouer chaque présence est remarquable. »
Nash n'a pas été amené à Boston pour être le buteur qu'il était censé être à New York, ou encore la jeune merveille qu'il était à Columbus.
Il est censé marquer, bien entendu, mais il n'a pas besoin d'être la pierre d'assise de l'équipe. Il peut jouer un rôle de soutien, un rôle qui est peut-être un peu plus représentatif de ce qu'il est à l'extérieur de la glace - discret et peu loquace - et sur la glace à ce moment de sa carrière, à l'âge de 33 ans.
« Je pense que la meilleure chose pour Rick présentement, c'est qu'il y a trois gars qui jouent devant lui et qui sont incroyables », a affirmé Arniel au sujet de la ligne de Brad Marchand, Patrice Bergeron et David Pastrnak, qui a récolté un total combiné de 45 points (12 buts, 33 passes) en neuf matchs depuis le début des séries. « C'est parfait pour lui. »
Car à Boston, les projecteurs ne sont pas autant braqués sur lui.

« Quand je suis débarqué chez les Rangers, c'était comme ça, car nous avions Marian Gaborik et Brad Richards, et Ryan Callahan était le capitaine. Mais ces gars-là ont fini par partir et tous les yeux se sont tournés vers moi », a raconté Nash.
À Boston, Nash se glisse derrière les vedettes de l'équipe, la première unité, les leaders. Comme il l'a dit, il peut simplement « faire sa petite affaire. »
« Vous savez quoi? », a ajouté Nash. C'est bien. »
Ça n'a pas commencé du bon pied pour Nash, qui a raté les 12 derniers matchs de la saison régulière en raison d'une commotion cérébrale. Il a obtenu plusieurs chances de marquer en première ronde contre les Maple Leafs de Toronto, récoltant au final un but en avantage numérique et une mention d'aide. Les choses se sont finalement replacées, quand il a amassé deux buts dans la victoire de 6-2 lors du match no 1 contre le Lightning, incluant un tir précis pour le but vainqueur, un tir que DeBrusk décrit comme « l'un des plus beaux lancers que j'ai vus depuis un bout de temps. »
Peut-être que ça augure bien.
Nash semble être un joueur de séquence, qui marque en succession sur un court laps de temps. Mais ce n'est pas tout ce qu'il fait. Pas depuis que Hitchcock a changé sa façon de penser et son jeu pour faire en sorte qu'il dispute « un match sans erreurs pratiquement chaque soir », un peu comme Bergeron, selon Hitchcock.
Et il veut gagner. Il veut ce qu'il n'a toujours pas obtenu, ce qu'il ne s'est pas donné le droit de croire possible cette année. Il a passé tout près auparavant, lors du match no 5 de la Finale, mais a dû baisser pavillon.
Il a été patient, a travaillé et s'est transformé. Peut-être que maintenant, il sera récompensé. Peut-être qu'il a enfin trouvé la bonne place.
« Rick veut absolument gagner, particulièrement maintenant qu'il est un peu plus vieux, a dit Arniel. Peu importe s'il est sur la quatrième ligne. Il veut simplement être au sein d'une équipe gagnante. Il veut soulever la Coupe. C'est la seule chose manquante sur son tableau de chasse. »
« Il a géré le statut de vedette et les critiques avec les années. Il l'a fait de manière professionnelle. Il n'a jamais laissé ça l'atteindre. Il a tout simplement été Rick Nash chaque soir. »