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MONTRÉAL – Rod Brind'Amour a sauté sur la glace tout juste avant 11 heures, lundi, cinq jours après avoir subi une opération arthroscopique, et il a dirigé l’entraînement d’une durée de 60 minutes des Hurricanes de la Caroline.

« Bas du corps, évaluation quotidienne », dirait probablement le rapport.

L’entraîneur était passablement en retard pour sa séance avec les journalistes après l’entraînement, puisqu’il a dû s’asseoir, le genou droit dans les airs, jusqu’à ce que le minuteur sonne pour signaler la fin de son traitement de glace.

« Je ne sais pas trop, je suis simplement rendu vieux », a lancé le pilote de 54 ans avec un léger sourire, disant être incertain de la façon dont il s’est blessé. « Un petit ménisque. C’est comme ça.

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Le capitaine des Hurricanes de la Caroline Rod Brind'Amour saute sur la glace du Centre Bell avant un match contre les Canadiens de Montréal le 13 octobre 2007.

« C’était la première fois que j’embarquais sur la glace depuis l’opération. Ce n’était pas optimal, mais je ne fais qu’être là, debout. Ce n’est pas comme si je patinais. C’est ça être un entraîneur, tu n’as pas vraiment à faire quoi que ce soit sur la glace. »

Brind'Amour a fait un inventaire rapide de ses interventions chirurgicales, sans que ce soit une liste précise.

« Beaucoup trop, a-t-il dit à la blague. Trois au genou gauche, une au genou droit, la main, le poignet, le nez… sept ou huit. J’ai quelques vis ici et là. »

Brind'Amour sera de retour au Centre Bell pour un entraînement matinal et pour le match en soirée contre les Canadiens de Montréal, mardi (19 h HE; RDS, TSN2, FDSNSO). Il a de bons souvenirs de cette ville, ayant joué au Centre Bell et avant cela au Forum de Montréal, même si ça lui paraît remonter à une éternité.

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Rod Brind'Amour, des Flyers de Philadelphie, s’approche du gardien des Canadiens de Montréal Andy Moog dans une victoire de 3-2 de Montréal au CoreStates Center de Philadelphie le 29 janvier 1998.

Brind'Amour a réussi trois tours du chapeau au cours de sa carrière de 20 saisons dans la LNH – un avec les Flyers de Philadelphie en 1992 et deux autres avec les Hurricanes en 2001 et en 2007. Son premier aurait dû survenir à sa saison recrue avec les Blues de St. Louis au Forum, le 6 novembre 1989, mais suggérer qu’il a mal dormi en raison de ce premier triplé qui lui a échappé à la première occasion où il a joué dans cette ville, lors du 14e de ses 1484 matchs dans la LNH, pourrait relever de l’exagération.

« Avais-je reçu la première étoile dans ce match? » a demandé Brind’Amour. La réponse est oui.

« C’était tellement une journée spéciale pour moi de pouvoir jouer ici. En grandissant, mon idole était Guy Lafleur. Je connaissais le Forum, mais vivre cette expérience… Le [Centre Bell] est très bien, mais ce n’est pas le Forum. Et je ne peux pas vraiment expliquer ça à mes joueurs.

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Rod Brind’Amour, des Hurricanes, rivalise avec Richard Zednik, des Canadiens de Montréal, durant le match no 4 des quarts de finale de l’Association de l’Est en 2006 à Montréal.

« Je me souviens d’être entré au Forum en tant que jeune joueur et d’avoir vécu la sensation. C’était incroyable. J’avais été à Montréal à l’âge de 15 ans pour un tournoi auquel j’ai assisté. C’était irréel. Je me souviens, enfant, d’avoir vu les trois étoiles à "Hockey Night in Canada". Je voulais toujours rester pour voir les joueurs faire un tour de la glace. C’est un beau souvenir. »

Le premier triplé de Brind'Amour n'a pas eu lieu sur la glace du Forum. Il a inscrit les huitième et neuvième buts de ses 26 à sa saison recrue avec les Blues. Il a battu le gardien des Canadiens Brian Hayward à deux reprises avant les 10 premières minutes de jeu. Il a ensuite eu son 10e filet sur la lame de son bâton tôt en deuxième période, alors que St. Louis était en avantage numérique.

Mais en un éclair, Hayward a stoppé l’attaquant des Blues Peter Zezel à deux reprises, se retrouvant hors position après avoir arrêté un retour, mais le gardien a trouvé le moyen de pousser la rondelle libre avec son bâton au moment où Brind’Amour s’amenait pour enfiler l’aiguille.

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Rod Brind’Amour embrasse la Coupe Stanley après que les Hurricanes de la Caroline eurent défait les Oilers d’Edmonton dans le match no 7 de la finale de la Coupe Stanley en 2006 au RBC Center de Raleigh, en Caroline du Nord. À droite, Brind’Amour avec le trophée Selke en 2007 à titre de meilleur attaquant défensif de la LNH.

« La rondelle était juste là, et je l’ai harponnée », avait marmonné Brind’Amour aux journalistes après le verdict nul de 3-3. « C’était brutal. [Hayward] était au sol. J’aurais dû marquer. »

Brind’Amour rit aujourd’hui en repensant à la séquence vieille de 36 ans.

Il y a 30 ans, il a amassé une passe avec les Flyers dans un gain de 7-0 contre les Canadiens au Forum. Les Flyers avaient fait vivre une soirée cauchemardesque au gardien Patrick Roy le 25 février 1995. Chaque fois qu’il entre dans un aréna de la LNH, incluant à l’entraînement de lundi, Brind'Amour s'imprègne de l'histoire, lui qui est un amateur des racines du hockey et de ceux qui ont joué avant lui.

Son numéro 17 a été retiré par les Hurricanes le 18 février 2011, le troisième des quatre numéros immortalisés par l’organisation depuis qu’elle a été relocalisée à Raleigh, en Caroline du Nord, avant la saison 1997-98 (Glen Wesley, no 2; Ron Francis, no 10; Eric Staal, no 12). Lundi, il a patiné sous 15 bannières honorant 18 légendes des Canadiens.

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Le capitaine des Hurricanes de la Caroline Rod Brind’Amour attend le dépôt de la rondelle durant un match au HSBC Arena de Buffalo le 15 février 2009.

Parmi les bannières, il y a le numéro 10 de Lafleur.

Le Démon blond est au cœur de l’un de ses plus beaux souvenirs au hockey. Avec les Blues, il s’est retrouvé sur la glace en même temps que Lafleur au Colisée de Québec, alors que ce dernier évoluait avec les Nordiques de Québec.

Les parents de Brind’Amour sont nés à Buckingham, au Québec, à une quinzaine de kilomètres du lieu de naissance de Lafleur, Thurso. Rod est né à Ottawa et il n’était qu’un bébé quand la famille a déménagé en Colombie-Britannique.

« Ça demeure l’un de mes plus beaux souvenirs, a-t-il raconté. Je faisais partie du club d’admirateurs de Guy quand j’étais petit, et voilà que j’étais debout à côté de lui au centre de la glace. C’était surréel. J’ai obtenu son bâton après la rencontre, il me l’a signé. Je l’ai encore. C’était génial. »

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Rod Brind’Amour patine avec les Blues de St. Louis le 28 décembre 1989 à Uniondale, dans l’État de New York, ainsi que son portrait avec les Flyers de Philadelphie en 1996.

On peut penser que le nom de Brind’Amour ressort chaque année quand le comité de sélection du Temple de la renommée se rencontre. Le robuste joueur de centre a cumulé 1184 points (452 buts, 732 passes) en saison régulière et ajouté 111 points (51 buts, 60 aides) en séries éliminatoires. Il était capitaine des Hurricanes lors de leur conquête de la Coupe Stanley, en plus d’avoir gagné le trophée Selke, remis au meilleur attaquant défensif de la LNH, deux années de suite (2006, 2007).

Maintenant à sa septième saison comme entraîneur de la Caroline, Brind’Amour montre un pourcentage de points de ,658 (311-150-48) avant le match de mardi. Les Hurricanes ont participé aux séries dans chacune des six dernières saisons, montrant une fiche de 38-36 et atteignant la finale de l’Association de l’Est en 2019 et 2023. Il a montré de bons chiffres contre les Canadiens en carrière (57 points; 19 buts, 38 mentions d’aide en 75 rencontres de saison régulière) et affiché une moyenne supérieure à un point par partie en séries (13 points; six buts, sept passes en 12 matchs).

Brind’Amour a joué 38 rencontres à Montréal – 13 au Forum avant le 16 mars 1996 et 25 au Centre Bell, auparavant appelé Centre Molson. Il a inscrit 35 points (13 buts, 22 aides). Il a disputé six parties contre les Canadiens lors des séries de 2002 et 2006, et il a amassé six points (quatre buts, deux mentions d’aide) dans la première ronde qui a conduit au championnat des Hurricanes.

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L’entraîneur des Hurricanes de la Caroline Rod Brind’Amour s’entretient avec les joueurs durant une pause lors du match du 31 mars 2022 contre les Canadiens de Montréal à Raleigh, en Caroline du Nord.

Lundi, 24 bannières de la Coupe Stanley étaient suspendues au-dessus de la glace du Centre Bell quand Brind’Amour a dirigé l’entraînement de ses troupiers. L’histoire du hockey, accrochée au plafond d’un aréna ou affichée un peu partout dans les arénas, captive Brind’Amour à tout coup. De l’histoire, il y en a énormément à Montréal. Il devait aller rejoindre ses joueurs à l’hôtel de l’équipe, mais il ne semblait pas pressé de partir, lundi après-midi. L’histoire des légendes du hockey s’absorbe plus facilement lors d’une journée tranquille d’entraînement que dans les heures précédant ou suivant un match.

« J’adore regarder l’histoire, a mentionné Brind’Amour. Je le fais comme recrue dans la LNH en me disant qu’un jour, j’adorerais avoir une bannière comme celle-là. Mais c’est aussi un rappel que ces joueurs sont maintenant à la retraite ou décédés.

« Ça passe vite, donc il faut profiter de chaque journée. Tu vas te retrouver là-haut toi aussi si tu as connu une très bonne carrière, mais ça te rappelle aussi que c’est terminé. »

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