Sullivan Rangers

GREENBURGH, New York – Mike Sullivan se heurte d’emblée à l’inévitable : il entame sa nouvelle aventure avec les Rangers de New York face à l’équipe et aux joueurs avec qui il restera à jamais lié.

« Je suis certain qu’il y aura un mélange d’émotions », a convenu Sullivan.

Dans une décision tout sauf laissée au hasard, ceux qui s’occupent de préparer le calendrier de la LNH ont choisi d’opposer les Rangers aux Penguins de Pittsburgh, l’équipe que Sullivan a dirigée pendant la dernière décennie, en lever de rideau de la saison mardi au Madison Square Garden (20 h HE; TVAS, SN1, ESPN).

Les Rangers vont également se frotter aux Penguins, cette fois à Pittsburgh, samedi.

« Les liens que j’ai forgés avec ces joueurs sont forts, a ajouté Sullivan. Nous avons eu le privilège de gagner quelques championnats ensemble, et quand tu vis des expériences comme celles-là, ça donne des relations qui vont demeurer pour toute la vie. »

Sullivan est débarqué à Pittsburgh le 12 décembre 2015 en remplacement de Mike Johnston, congédié. Les Penguins, avec Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Kris Letang, étaient à la croisée des chemins. Ils n’étaient plus exactement l’équipe ayant remporté la Coupe Stanley en 2009.

Sullivan les a ramenés au sommet. Ils ont remporté la Coupe Stanley en 2016 et 2017. Ils ont par la suite atteint les séries éliminatoires en 2018, 2019, 2020, 2021 et 2022.

L’entraîneur a coupé les ponts avec les Penguins le 28 avril, d’un accord mutuel. Il est aujourd’hui l’entraîneur le plus victorieux de l’histoire de Pittsburgh en saison régulière (409) et en séries (44).

« C’est rare qu’un entraîneur reste en poste aussi longtemps, a dit Crosby. C’est long, 10 ans. C’est gros, le fait d’avoir gagné ensemble et d’avoir vécu autant d’expériences avec lui comme entraîneur – de bonnes années où nous avons gagné et d’autres où nous n’avons pas participé aux séries. […] J’apprécie toutes les années que nous avons passées ensemble. »

\\*

Même dans l’anticipation d’une soirée émotive, Sullivan a un objectif clair.

« Je peux vous dire que je me concentre sur les Rangers, a-t-il assuré. Nous faisons de notre mieux pour que ce groupe connaisse du succès. »

Il a entamé cette tâche le 2 mai, quand il a été engagé comme entraîneur des Rangers. Il a remplacé Peter Laviolette, qui était en poste depuis deux saisons et qui avait conduit les Rangers à la finale de l’Association de l’Est en 2024, mais à une exclusion des séries la saison dernière.

Sullivan a répété avant et pendant le camp d’entraînement que son travail – et celui de son personnel – est de faire de tous « une meilleure version de nous-mêmes » chaque jour.

Crosby sait ce que ça signifie. C’est ce que lui et ses coéquipiers ont tenté de faire pendant 10 ans sous les ordres de Sullivan. La plupart du temps, ils y sont parvenus, avant de rater les séries au cours des trois dernières saisons.

Depuis, les Penguins ont choisi d’aller dans une nouvelle direction en se rajeunissant tout en gardant les trois pièces maîtresses de leurs années de championnat.

« Il a représenté beaucoup pour nous », a affirmé Letang au sujet de Sullivan. « J’ai tenté d’apprendre de chaque entraîneur que j’ai eu, mais quand tu as le même pendant 10 ans, c’est lui qui te marque le plus. Nous avons vécu tellement de choses ensemble et il a investi beaucoup de son temps avec moi – et je ne parle pas uniquement du hockey, mais aussi de la vie en général. J’apprécie beaucoup ça chez lui.

« Mais sur le plan hockey, il m’a appris beaucoup de choses. »

\\*

Sullivan tentera maintenant de changer la direction des Rangers avec le même noyau qui a échoué la saison dernière. Ç’a commencé au camp d’entraînement, qui a été exigeant, comme Crosby l’avait prédit.

« Il va pousser tout le monde, c’est certain », avait mentionné Crosby avant le début du camp, quand on lui a demandé le conseil qu’il offrirait aux joueurs des Rangers. « Il veut tirer le meilleur de toi, et pour y arriver, il va te pousser. »

« C’est vrai à 100% », a confirmé l’ailier des Rangers Will Cuylle, informé de la prédiction de Crosby. « Ce camp a été difficile. Beaucoup de patinage. De longues journées à l’aréna. Pour pratiquer le style que nous voulons jouer, nous devons être en bonne condition physique. Je pense que nous nous poussons tous les uns les autres afin d’être dans une condition physique optimale et d'être prêts pour le premier match. »

Crosby a également prédit que Sullivan allait faire sortir les joueurs de New York de leur zone de confort, ce qu’il faisait sur une base quotidienne à Pittsburgh selon lui.

« Il est une personne directe et honnête », a dit le joueur de centre J.T. Miller, nommé capitaine des Rangers le 15 septembre. « Parfois, tu ne vas pas aimer ça, mais en vieillissant et en gagnant en maturité, tu comprends qu’il fait tout ça pour gagner le match de hockey. Ce n’est rien de personnel. Je peux vraiment me reconnaître là-dedans. »

Le centre des Rangers Vincent Trocheck a ajouté : « Avec lui, il n’y a pas de zone grise. »

Miller, Trocheck et le défenseur Adam Fox ont eu un avant-goût de l’entraîneur qu’est Sullivan en jouant sous ses ordres avec les États-Unis à la Confrontation des 4 nations en février.

Fox a compris pourquoi les Penguins étaient toujours compétitifs, même quand ils avaient des blessés ou une profondeur limitée comme dans les dernières saisons.

« C’est grâce à son système et à sa structure, a expliqué Fox. Ça leur permettait de bien jouer et d’être difficiles à affronter. »

Il prône une défensive de zone, ce qui donne plus de liberté aux attaquants et leur confère plus d’énergie pour relacer l’attaque, contrairement à la façon de jouer sous Laviolette.

« Ce n’est pas un système homme à homme où tu passes toute ta présence à pourchasser ton joueur, ce qui te fait dépenser toute ton énergie avant de contre-attaquer, a expliqué Trocheck. Quand tu crées un revirement, tu n’as pas toujours les jambes pour te porter en attaque. Dans ce système, tu es appelé à lire le jeu et à réagir. »

Les Rangers, comme les Penguins l’ont fait pendant des années, vont tenter d’exceller en transition en pratiquant un style nord-sud en zone neutre et limitant les jeux est-ouest qui leur ont trop souvent fait mal par le passé, surtout la saison dernière. Selon NHL Stats, ils ont accordé 137 buts sur des chances de grande qualité, le sixième plus haut total dans la LNH.

« Nous voulons être directs avec la rondelle, pas faire dans la dentelle, a martelé Cuylle. Garder les choses simples et travailler fort. Ce n’est pas tant le système qui est important, mais surtout la volonté de travailler plus fort que tes adversaires et vider le réservoir lors de chaque match. »

C’est la mentalité de Sullivan. C’est l’attitude que les Penguins ont eue pendant des années, même récemment lorsqu’ils ont commencé à bâtir vers une nouvelle ère. Aujourd’hui, c’est l’approche que Sullivan veut implanter chez les Rangers, en plus de convaincre les joueurs qu’ils peuvent accomplir de grandes choses.

Ça commence mardi contre la seule équipe que Sullivan connaît peut-être mieux que la sienne.

Ce sera émotif et probablement un peu étrange de diriger contre Crosby, Malkin, Letang et le reste des joueurs en noir et jaune, mais tout ça sera laissé de côté quand la rondelle sera déposée et que la nouvelle aventure s’amorcera.

« Je pense que nous avons l’occasion d’être une très bonne équipe, a dit Sullivan. En ce moment, c’est tout ce que c’est : une occasion. Il reste à sauter sur la glace et le mériter. »

*Avec la contribution du chroniqueur NHL.com Nicholas J. Cotsonika et du correspondant indépendant NHL.com Wes Crosby.

Contenu associé