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Mathieu Olivier a rapidement compris qu'il n'atteindrait jamais le cap des 50 buts dans la LNH. Ou dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Ou dans le midget AAA. Pas même dans le bantam AA, à vrai dire. Et c'est en acceptant ce fait qu'il se retrouve aujourd'hui dans la LNH.

L'attaquant des Predators de Nashville a disputé son premier match dans la LNH le 19 novembre dernier face aux Jets de Winnipeg. Dès le moment où il a été rappelé, Olivier a entendu l'entraîneur-chef Peter Laviolette expliquer clairement aux médias à quoi il s'attendait du Québécois : qu'il continue à jouer de la même manière qu'avec les Admirals de Milwaukee, le club-école de Nashville dans la Ligue américaine de hockey (LAH).
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Or, à Milwaukee, Olivier n'était pas le meilleur marqueur de l'équipe. À vrai dire, il n'était même pas dans le top-10. C'est autre chose qu'il apportait : du jeu physique, de l'énergie, du leadership et la fierté d'exceller d'un bout à l'autre de la patinoire.
« Je faisais de bonnes choses à Milwaukee », a-t-il raconté lors d'une entrevue avec LNH.com. « J'avais une bonne saison et j'avais ajouté de la production offensive. Je savais qu'en me rappelant, je passais devant les meilleurs espoirs de l'organisation. On a une méchante bonne équipe à Milwaukee, et si c'était moi qu'ils rappelaient, c'est qu'ils avaient besoin d'un gars dans mon style. Je ne pouvais pas changer. Ils me l'ont mentionné, mais je le savais déjà. »
Jouer de cette façon, c'est aussi ce qu'il faisait dans la LHJMQ avec les Wildcats de Moncton, qui l'ont repêché en septième ronde en 2013, puis avec les Cataractes de Shawinigan et le Phoenix de Sherbrooke. Son jeu n'a pas séduit les équipes de la LNH, et il a été ignoré au Repêchage de la LNH.
Mais le recruteur Jean-Philippe Glaude des Predators l'avait dans sa mire. À vrai dire, c'était la deuxième fois qu'il l'avait en haute estime. Glaude, alors qu'il était recruteur pour les Wildcats en 2013, l'avait fortement recommandé à son club, qui avait finalement décidé de le repêcher.
« Les Wildcats savaient que je partais pour Nashville, alors on m'a demandé d'annoncer son nom, puisque c'était mon choix, a raconté Glaude. Ce n'était pas un joueur qui flashait, mais c'est un gars qui jouait de la bonne manière. Il faisait les petits détails, il avait un excellent sens du hockey, mais tu ne faisais pas ''wow!'' en rentrant dans l'aréna.
« Ce que Mathieu a ajouté à son jeu, c'est que son identité, on la voit de moins en moins. Il est physique, mais il peut obtenir du jeu en désavantage numérique, sur le jeu de puissance, toujours en gardant cette identité physique. C'est un joueur super intelligent qui ne te mettra jamais dans le trouble. »
Au terme de sa dernière saison dans la LHJMQ, sa plus prolifique avec 49 points en 67 matchs, il a finalement été en mesure de signer un contrat avec les Predators. Et il n'a jamais abandonné son rêve de jouer dans la LNH.
« J'y ai toujours cru au fond de moi-même, a affirmé Olivier. Mais mon style de jeu, ce n'est pas quelque chose qu'on développe beaucoup au Québec. Je jouais un style comme dans l'Ouest, la WHL. Je suis fait pour ça », raconte-t-il.
Ce constat qu'il ne serait jamais Wayne Gretzky, Olivier l'a compris grâce à son père Simon. Lui-même hockeyeur - il a joué dans l'ECHL, la LAH, la Ligue internationale de hockey et d'autres circuits mineurs dans les années 1990 - Simon Olivier est devenu entraîneur dans la LHJMQ avec les Tigres de Victoriaville à la fin des années 2000, alors dirigés par Yannick Jean. Les deux hommes s'étaient rencontrés alors qu'ils évoluaient pour les Sea Wolves du Mississippi dans l'ECHL. C'est d'ailleurs à Biloxi qu'est né Mathieu, lui qui possède la citoyenneté canadienne et américaine.
« C'est vraiment avec mon père que j'ai pu trouver l'identité qui pouvait me permettre de me rendre (à la LNH).
« En parlant avec lui, j'ai tout de suite réalisé que j'avais des forces que les autres n'avaient pas, mais que j'avais des faiblesses que d'autres n'avaient pas aussi. Je n'étais pas un gars qui allait en marquer 50, peu importe le niveau. On a décidé de bâtir un joueur ensemble, en travaillant là-dessus chaque été », a-t-il dit en ajoutant que tous ses entraîneurs dans la LHJMQ avaient joué un rôle pour lui faire comprendre ce qui faisait son succès, mais aussi pour lui offrir du temps de glace, même s'il n'allait pas forcément marquer.
Finalement, le 17 novembre, l'appel tant espéré est arrivé. Les Admirals, qui avaient joué la veille à Belleville en Ontario, se dirigeaient vers l'Iowa, et le vol faisait escale à Chicago. Au téléphone, le directeur général des Admirals, Scott Nichol, lui a rappelé que c'est son identité qui lui avait permis d'avoir cette chance et qu'il devait livrer la même marchandise à Nashville.
Le hasard a bien fait les choses. Comme le prochain match des Predators était disputé deux jours plus tard, plusieurs membres de sa famille ont pu se déplacer dans la ville de la musique country pour le voir à l'œuvre.
Puis, quatre jours plus tard face aux Blues à St. Louis, Olivier a obtenu son premier point dans la LNH, une passe sur un but de Colton Sissons… en utilisant son physique pour foncer au filet.

« Quand j'ai entendu l'annonceur dire ''assisté par le numéro 25, Mathieu Olivier'', il y a eu deux ou trois secondes où je n'arrêtais pas de sourire sur le banc. Mon premier point dans la LNH, c'est quelque chose. Mais c'est un jeu que j'ai fait plusieurs fois dans le junior et dans la LAH. Ça marche aussi dans la LNH! »