LightningBench418

TAMPA - Le plus grand défi auquel le Lightning de Tampa Bay sera confronté dans la foulée de son élimination histoirique en séries éliminatoires de la Coupe Stanley, ce sera d'essayer de composer avec des questions qui vont peut-être demeurer sans réponse.
Comment se fait-il que jouer d'une façon qui t'a permis d'égaler un record de la LNH en signant 62 victoires, ce soit aussi la façon de jouer qui t'aie justement empêché d'aller chercher la moindre petite victoire contre les Blue Jackets de Columbus au premier tour éliminatoire dans l'Association de l'Est?

Comment fais-tu pour changer ton style de jeu afin d'avoir de meilleures chances de l'emporter dans les séries quand, en faisant cela, tu vas peut-être remporter moins de matchs en saison régulière, rendant plus difficile ta tâche de te qualifier pour les séries?
À LIRE AUSSI : Un choc dur à encaisser | Les Blue Jackets ont leur porte-bonheur
« Il va falloir prendre un pas de recul et analyser la situation, mais en bout de ligne on ne va pas trouver une réponse claire en ce sens que, 'voici l'élément qui nous a coûté la série, voici pourquoi l'équipe n'a pas été à son meilleur dans les séries', a déclaré le directeur général du Lightning Julien BriseBois. Mais on devrait pouvoir formuler quelques hypothèses. »
Les dirigeants du Lightning devront les considérer toutes pour réévaluer leur approche en saison régulière s'ils veulent effacer la tache à leur dossier qui vient avec le fait d'être devenu la première équipe dans l'histoire de la LNH à se faire balayer au premier tour éliminatoire après avoir affiché le meilleur dossier dans la Ligue.
Les joueurs de Tampa Bay doivent se faire une carapace des séries en adoptant un style des séries avant que les séries commencent. Égaler le record des Red Wings de Detroit de 1995-96 pour le plus grand nombre de victoires en une saison n'a pas permis d'y arriver.
« On a connu une année record pour les victoires, mais je pense que dans plusieurs de ces matchs-là, on a eu le dessus en raison de nos habiletés, et nos unités spéciales ont été formidables, a indiqué l'attaquant Alex Killorn. Mais dans les séries, il y a des matchs où tu ne pourras pas t'en sortir juste avec le talent. Il faut jouer avec une mentalité des séries tout au long de la saison, ce qu'il est difficile de faire pendant 82 matchs, mais c'est nécessaire pour paver le voie vers les séries.
« Tu essaies de trouver ce que tu dois faire de mieux. Je pense qu'il ne faut pas tant regarder du côté des victoires et des défaites, il faut regarder la façon dont on joue. »
Les Capitals de Washington ont vécu le même genre de paradoxe pendant des années. Ils se sont bâtis une carapace plus solide, ils ont adapté leur style de jeu en saison régulière afin d'être plus lourds et plus difficiles à affronter, ils ont transposé le tout dans les séries et cette transformation leur a valu le titre de champions de la Coupe Stanley la saison dernière.
Et si on peut se servir d'un autre sport à titre d'exemple, l'équipe de basketball masculin de l'Université de la Virginie est devenue la première tête de série no 1 à s'incliner devant la 16e tête de série lors du tournoi de basketball masculin de la NCAA, l'an dernier. Cette formation a remporté le championnat national cette année.
« Vous savez ce que ces choses-là donnent, elles vous donnent espoir, et l'espoir est quelque chose de très puissant, a affirmé l'entraîneur Jon Cooper. Peu importe les leçons que nous pourrons tirer de cette expérience cet été, même s'il faut faire l'effort insupportablede regarder chacun de nos matchs d'ici la mi-juin, nous serons de retour. Il faudra faire tout ce qu'il est possible de faire pour revenir, et nous reviendrons. »
La confiance affichée par Cooper, et la confiance que BriseBois a en Cooper et son noyau de joueurs, voilà ce qui pourrait servir de tremplin pour le renouveau qui attend cette équipe. Mais pour l'instant, le Lightning doit analyser les faits froidement, trouver ce que ces faits veulent vraiment dire et s'en servir pour dresser un bilan honnête et franc.
Vingt-trois de leurs 62 victoires en saison régulière ont été signées après que l'adversaire eut marqué le premier but, 15 après qu'ils eurent tiré de l'arrière après 20 minutes de jeu, et neuf après s'être retrouvés en déficit après deux périodes. Ils ont mené la LNH au chapitre des victoires dans les trois catégories.

TBL@FLA: Kucherov prépare le but gagnant de Point

C'est beaucoup de victoires où l'équipe est venue de l'arrière. Et ce n'est pas là la meilleure recette à succès dans les séries.
Le Lightning a affiché un dossier de 11-3-0 après avoir officiellement obtenu sa place dans les séries, le 8 mars, donc il était difficile de les contredire quand ils se félicitaient pour leur capacité à gérer le succès. Ils ont toutefois accordé 43 buts dans ces 14 rencontres, pour une moyenne de 3,07 par match. On ne gagne pas souvent dans les séries quand on accorde autant de buts, surtout quand on joue encore de cette façon au moment d'entreprendre les séries.
« C'est facile de trouver des failles et dire que la rondelle aboutissait dans le filet, et vous avez raison, c'était le cas, a affirmé Cooper. Et tout ça peut être masqué un petit peu par le fait que nous avons remporté une tonne de matchs. Il y a différentes choses qui ont eu une influence aussi. »
Comme, par exemple, des joueurs en quête de plateaux sur le plan personnel, notamment l'attaquant Nikita Kucherov et le record du plus grand nombre de points en une saison par un joueur né en Russie. Kucherov y est arrivé au 82e match, quand il a conclu la saison avec 128 points (41 buts, 87 passes), un de plus que les 127 d'Alexander Mogilny (76 buts, 51 aides) en 1992-93.

TBL@BOS: 128e point de Kucherov, un record russe

Tampa Bay a pourchassé le record de victoires en une saison et a aussi aspiré à celui du plus grand nombre de points, 132, établi en 1976-77 par les Canadiens de Montréal. L'équipe en a récolté 128.
Pendant ce temps, les Blue Jackets disputaient du hockey combatif, robuste, structuré et discipliné dans le cadre de leur bataille pour se faire une place dans les séries. Ils se sont mis à jouer du hockey des séries avant que les séries commencent.
« Le trophée des Présidents n'aidera aucune équipe à gagner dans les séries, a souligné le gardien Andrei Vasilevskiy. [Les Blue Jackets] ont travaillé fort et ils ont joué avec aplomb. »
La mentalité de saison régulière duLightning lui a coûté le premier match de la série, alors que l'équipe menait 3-0 et avait Columbus dans les câbles après 20 minutes de jeu. Tampa Bay s'est incliné 4-3 et ne s'en est jamais remis.
« Je pense qu'il y avait un petit peu d'arrogance dans la façon dont nous avons joué offensivement, a avancé Cooper. À ce titre, nous sommes coupables parce qu'au lieu de chercher à l'emporter 3-0 ou 3-1, nous voulions l'emporter 6-1. »
Ce qui ne serait peut-être jamais arrivé si les joueurs de Tampa Bay avaient adopté une mentalité des séries et une attitude plus tranchante en saison régulière.
Les équipes qui vont loin dans les séries éliminatoires de la Coupe Stanley pourront souvent identifier un moment en saison régulière où ils se sont adaptés, ont changé, ont trouvé un moyen d'y arriver et pris leur envol. Les joueurs du Lightning n'ont jamais senti qu'il y avait besoin de s'adapter parce qu'ils n'ont jamais cessé de gagner.
Au bout du compte, c'est la raison pour laquelle ils ont perdu.