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LAS VEGAS -Laurent Brossoit n'est pas encore passé en deuxième vitesse, mais il est près de le faire.

Le gardien de 30 ans des Golden Knights de Vegas a gagné cinq de ses six matchs en séries éliminatoires de la Coupe Stanley, conservant une efficacité de ,906 et une moyenne de buts alloués de 2,67 à sa première véritable expérience dans le tournoi printanier.

Les Golden Knights et lui sont en deuxième ronde et se mesurent aux Oilers d'Edmonton, qu'ils ont vaincus 6-4 dans le match no 1 au T-Mobile Arena mercredi. Brossoit, qui a réalisé 23 arrêts dans la victoire, devrait être devant le filet lors du match no 2 au même endroit samedi (19 h HE; TVAS, CBC, SN, TNT).

C'est loin d'être un mauvais départ pour un joueur qui a amorcé la saison au neutre, à se rétablir d'une blessure avant d'être rétrogradé dans la Ligue américaine de hockey (LAH).

« Je dirais que mon niveau de jeu est à un sommet depuis le début de ma carrière, a déclaré Brossoit. Et je suis loin d'être rassasié. C'est la première saison au cours de laquelle j'ai pu montrer de quel bois je me chauffe. Je suis en santé et heureux de pouvoir aller de l'avant au-delà de cette saison, sans terminer l'été en réadaptation. Ce serait plaisant de pouvoir continuer à bâtir sur mon jeu. »

Parler de « deuxième vitesse » est approprié, car Brossoit a été comparé à une voiture de Formule 1 par son entraîneur personnel Adam Francilia, qui dirige le camp de gardiens NET360.

« Tous les gardiens sont comme une sorte de voiture, a imagé Francilia. […] Laurent est comme une voiture de Formule 1. Parfois, ces voitures ont besoin d'un peu plus d'attention aux détails. Tu dois t'assurer que tout est parfaitement synchronisé pour obtenir les réglages parfaits. »

Brossoit est reparti à zéro après avoir été contraint à l'inactivité en mars dernier. Il a été opéré à une hanche et il a subi une autre opération pour soigner un problème au pelvis.

Une longue période de réadaptation pendant la saison morte a suivi et empiété sur le début de la saison régulière 2022-23.

Durant la réadaptation, l'objectif était que Brossoit revienne au jeu avec un moteur qui fonctionnerait mieux que jamais.

« Nous espérions que ce serait comme envoyer la McLaren à l'usine pour trouver la modification qui synchroniserait tout le reste et qui permettrait à la voiture d'atteindre son plein potentiel sans que le châssis cède. »

Les résultats vont au-delà des espérances de Brossoit.

Il dit pouvoir jouer sans contrainte, comme lors de ses années dans les rangs juniors il y a une douzaine d'années. Ironiquement, il a joué son hockey junior avec Edmonton dans la Ligue de hockey de l'Ouest.

Brossoit profite d'une liberté de mouvement qu'il n'a jamais eue chez les professionnels. Il peut faire le grand écart et changer brusquement de position, des gestes qu'il évitait auparavant en raison des limites imposées par son corps.

Il est libre, mentalement et physiquement.

« Le plus important est ton état d'esprit, a mentionné Brossoit. Si tu te sens bien en jouant, tu gagneras en confiance.

« Avant de soigner ma blessure, il y avait des fissures dans l'armure. C'est donc difficile d'être autant en confiance. C'est difficile de bâtir ta confiance, car ton corps te gouverne. »

Aujourd'hui, le gardien peut garder la pédale au plancher, mais sa route n'a pas été une longue ligne droite cette saison.

Brossoit n'a pas commencé à jouer avant le mois de février et il a été rétrogradé chez les Silver Knights d'Henderson, dans la LAH, où il a langui en raison d'un surplus de gardiens chez les Golden Knights.

Il a disputé trois rencontres dans la LNH en février avant d'être retourné dans la LAH de nouveau. Après un autre mois, il a encore été rappelé et a remporté ses cinq derniers départs de la saison, méritant le rôle de gardien partant en première ronde contre les Jets de Winnipeg, son ancienne équipe.

Il avait quitté les Jets pour se joindre à Vegas en juillet 2021, signant un contrat de deux ans avec l'équipe. Il avait précédemment joué avec les Oilers de 2014 à 2018.

Au dernier tour face à Winnipeg, Brossoit a accordé cinq buts lors du match initial, puis trois autres en troisième période du match no 3, remporté par Vegas en deuxième prolongation. Lors de chaque match au Manitoba, la foule s'est plu à chanter que Brossoit était un gardien no 2, rôle qu'il a occupé avec les Jets de 2018 à 2021.

Le gardien a carburé aux moqueries et aux doutes, comme il a dû le faire auparavant lors de son parcours parsemé d'obstacles.

Il a disputé neuf saisons dans la LNH, mais n'a jamais été d'office plus de 24 fois lors d'une même campagne. Les opportunités ont été rares pour plusieurs raisons. Il tente tout de même de demeurer positif.

Et ce positivisme, dit-il, l'a bien servi dans ce genre de situations.

« Il faut être confortable face à l'inconfort », a-t-il souligné. « Lorsque la victoire est en jeu et que c'est un match important, il y a beaucoup de pression. Avant et pendant le match, il y a beaucoup d'émotions à gérer. Lorsque mon inconfort se transforme en adrénaline, je suis à mon meilleur.

« Si je ne me sens pas inconfortable, ça me dérange et j'essaie de penser à des manières de sortir de ma zone de confort et de me donner de l'adrénaline. »

Visiblement, ça fonctionne. Il a bien rebondi après son match no 1 ordinaire, puis la remontée des Jets lors du match no 3.

Mercredi, les Oilers ont comblé un retard de deux buts en troisième période, mais Brossoit n'a pas été ébranlé face à l'adversité et a permis à son équipe de finalement l'emporter.

Sa zénitude a été remarquée par ses coéquipiers.

« Il transmet son calme à tout le monde devant lui », a souligné le défenseur des Golden Knights Zach Whitecloud. « Lorsqu'il est à l'aise, qu'il fait les arrêts, joue la rondelle et te parle en zone défensive… Tu sais qu'il a du plaisir. Il est le genre de gars qui se plait à cette période de l'année. »

S'il se plait, c'est notamment parce qu'il est en santé. Il a l'impression qu'il peut finalement être le gardien qu'il était destiné à être lorsqu'il a mené les Oil Kings à de longs parcours éliminatoires en 2011 et 2012.

Il a surmonté l'adversité et résisté aux douleurs physiques et mentales.

« On vit des hauts et des bas au fil des années. On finit par réaliser qu'on apprend des bas. Ça me rend presque reconnaissant d'en vivre », reconnaît-il.

Eddie Lack, qui a disputé 144 rencontres dans la LNH de 2013 à 2018, a travaillé de près au camp NET360 chaque été avec Brossoit lorsqu'il était plus jeune, tentant de combler les limitations de son corps par du travail acharné à la salle d'entraînement.

Lack, comme plusieurs de leurs autres anciens compagnons d'entraînement, se délecte face à ce que Brossoit accomplit présentement.

« Cet homme est fort et mérite tout ce qui lui arrive, avec le temps qu'il a passé pour devenir si bon, a-t-il mentionné. Je suis très content pour lui. Je ne peux m'imaginer être blessé la moitié de l'année, puis revenir et jouer à ce niveau face à ses deux anciennes équipes. »