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MONTRÉAL - David Desharnais accroche ses patins en étant animé de la satisfaction du devoir accompli. Peu de gens auraient parié sur les chances de l'attaquant de petite taille - 5 pieds 7 pouces - de faire sa place parmi les grands, à une époque où les « petits joueurs » n'avaient pas la cote.

« Je suis extrêmement fier de tout ce que j'ai accompli », affirme-t-il en entrevue téléphonique avec LNH.com. « Mon plus grand désir, c'était que le hockey soit mon gagne-pain pendant le plus longtemps possible. D'avoir porté les couleurs des Canadiens et d'avoir joué plus de 500 matchs dans la LNH, c'est un gros boni. Personne ne peut m'enlever ça. J'ai vécu plein de belles choses, c'était l'objectif, et je suis vraiment content de ça. »
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Desharnais a disputé 524 matchs dans la LNH, dont 435 chez le CH, totalisant 282 points (87 buts, 195 passes). Il a ajouté 17 points (quatre buts, 13 aides) en 51 rencontres en séries éliminatoires. Il a brièvement porté les couleurs des Oilers d'Edmonton (18 matchs), avant de disputer une dernière saison avec les Rangers de New York en 2017-18. Après avoir évolué dans la Ligue continentale de hockey (KHL) pendant une saison, il a joint le HC Fribourg-Gottéron.
« Le seul petit regret que j'ai, c'est de ne pas avoir gagné plus (de championnats). J'ai toujours tout donné et j'ai toujours fait de mon mieux, mentionne-t-il. J'aurais peut-être pu essayer de prolonger ma carrière dans la LNH, mais je voulais jouer et je n'étais pas heureux quand je ne jouais pas. Non, je ne changerais rien finalement. »
Le compliment ultime de Pacio
Dans une vidéo hommage que son équipe suisse lui a concoctée, Desharnais a reçu un vibrant témoignage d'un ancien coéquipier, Max Pacioretty.
« Tu m'as tellement appris de choses quand nous jouions ensemble dans la Ligue américaine de hockey, l'a-t-il encensé. Nous avons accédé à la Ligue nationale pour de bon ensemble. Pour cette raison, tu as été mon coéquipier favori dans la Ligue nationale. »
Desharnais lui a rendu la pareille en affirmant que Pacioretty lui a peut-être fait ouvrir une porte qui, autrement, ne se serait jamais ouverte pour lui.
« Les dirigeants venaient souvent voir jouer Max dans la Ligue américaine et, comme on jouait ensemble, on m'a sans doute remarqué, a-t-il soulevé. Il a contribué à ce que je fasse le saut avec lui. Il m'a beaucoup aidé dans ma carrière. »
Le tournant ECHL
Parce que le parcours de Desharnais vers la LNH a été loin d'être un long fleuve tranquille. Pas repêché dans la LNH, il a dû commencer tout au bas de l'échelle.
« Mon passage dans la East Coast League après le junior a marqué un tournant, raconte-t-il. Je n'avais pas prévu de me retrouver dans cette ligue. En arrivant à Cincinnati, je me suis demandé ce que je venais faire là. Je ne voyais aucun avenir. Disons que je me trouvais loin de ma famille d'accueil du Saguenay, seul aux États-Unis et ne parlant pas l'anglais. Je me suis demandé si ça valait le coût de continuer. Des membres de la famille m'ont conseillé d'au moins essayer. Je n'ai pas eu une bonne attitude au cours du premier mois, mais je me suis ressaisi et ç'a débloqué. »
On connaît la suite : trop fort pour l'ECHL, Desharnais a continué de faire ses classes dans la Ligue américaine jusqu'à ce que son chemin croise celui de l'as marqueur Pacioretty.
« Ce tournant dans la East Coast m'a été utile plus tard quand tout le monde voulait ma tête à Montréal », insiste-t-il, sans vouloir ressasser le désormais désolant épisode du maire de Montréal, Denis Coderre. « Je me suis accroché et tout a bien été. C'est la plus grande des satisfactions quand personne ne croit en vous et que vous réussissez à passer au travers. Sur le plan personnel, c'est mon plus beau fait d'armes. »
Par sa persévérance, Desharnais a été une source d'inspiration pour plusieurs joueurs de petite taille, comme Yanni Gourde, double champion de la Coupe Stanley avec le Lightning de Tampa Bay et membre du Kraken de Seattle.
« Ce n'est pas le but, mais c'est tant mieux si j'ai inspiré des jeunes, au même titre que les Francis Bouillon et Martin St-Louis ont été des sources d'inspiration pour moi, a-t-il dit. Comme le parcours de Yanni Gourde a sûrement inspiré d'autres jeunes parce qu'il connaît une super carrière. »
« C'est magnifique »
Desharnais a dit être redevenu un 'fan' de la LNH en voyant les exploits de la nouvelle génération de joueurs, plus douée que jamais.
« Je suis les activités dans la LNH, surtout celles des Canadiens et de mes deux autres anciennes équipes, mais je suis moins les intrigues, mentionne-t-il. Je regarde surtout les faits saillants à la télévision tous les matins au réveil. Les jeunes sont incroyables. Le spectacle est magnifique. Il y en a toujours un qui a fait quelque chose de spectaculaire. C'est le 'fun'.
« C'est dur d'être un 'fan' de la ligue dans laquelle tu joues. Quand je jouais dans la LNH, j'essayais de me convaincre que mes adversaires n'étaient pas meilleurs que moi. Là, en n'ayant aucun attachement, je peux apprécier l'immense talent des joueurs. Ça patine et on est créatif. C'est beau à voir », conclut-il.