DALLAS – Si vous avez l’impression qu’on en parle chaque année, c’est parce que c’est le cas.
Peter DeBoer est de retour dans le carré d’as pour une sixième fois en sept saisons et pour la huitième fois de sa carrière d’entraîneur dans la LNH, toujours en quête d’un premier championnat de la Coupe Stanley.
Atteindre le troisième tour aussi fréquemment relève déjà de l’exploit, mais DeBoer ne s’en satisfera pas.
« Idéalement, je me serais rendu au sommet l’une de ces fois », avait-il lancé l’an dernier, lorsqu’interrogé sur le même sujet.
DeBoer a accédé deux fois à la finale de la Coupe Stanley, d’abord avec les Devils du New Jersey en 2012, puis avec les Sharks de San Jose en 2016. Il a également mené au troisième tour les Sharks de 2019, les Golden Knights de Vegas de 2020 et de 2021, puis les Stars de Dallas de 2023, 2024 et maintenant de 2025.
Ses équipes ont remporté un total de 96 matchs en séries éliminatoires, ce qui le place au cinquième rang chez les instructeurs dans l’histoire de la LNH à égalité avec Mike Keenan et derrière Scotty Bowman (223), Al Arbour (123), Joel Quenneville (121) et Dick Irvin (100). Ses 19 séries gagnées le placent quatrième à ce chapitre derrière Bowman (47), Quenneville (23) et Arbour (21).
Keenan a un championnat a son actif. Bowman, Arbour, Quenneville et Irvin en ont plusieurs. Mais pas DeBoer. Seul Pat Quinn (183) a dirigé plus de matchs en séries sans jamais soulever la Coupe Stanley.
« Il s’est déjà rendu là (au troisième tour). Il n’a pas obtenu les résultats escomptés, mais il a probablement appris de ses dernières expériences », a commenté le gardien des Stars Jake Oettinger.
DeBoer est devenu un expert dans l’art de donner le crédit à ses joueurs, se porter à leur défense et créer un narratif autour duquel le groupe s’unit.
Au premier tour, il a joué la carte du négligé contre l’Avalanche du Colorado, évoquant l’absence de ses joueurs vedettes Jason Robertson et Miro Heiskanen. Pourtant, les Stars avaient pris le cinquième rang du classement général en saison et l’Avalanche, le huitième. Dallas a finalement remporté la série en sept rencontres, portant la fiche de DeBoer à 9-0 en matchs no 7, un record.
Face aux Jets de Winnipeg, DeBoer a maintes fois évoqué la capacité de ses joueurs à être dirigés « à la dure », à commencer par ses meneurs. Devant les journalistes, il préférait parler des Jets et de les décrire comme étant « la meilleure équipe défensive de la LNH en saison régulière », plutôt qu’aborder la disette offensive de certaines de ses vedettes.
Et lorsque les Stars ont éliminé les Jets, DeBoer a dévié les éloges vers le reste de son personnel.
« Je suis fier d’eux. Nous nous sommes rendus ici grâce à nos unités spéciales et nos gardiens. Notre jeu à 5-contre-5 était bien, mais nos unités spéciales et nos gardiens ont été exceptionnels et ça, c’est grâce à mes adjoints Jeff Reese, Steve Spott et Alain Nasreddine.
« Lorsque notre avantage numérique ne fonctionnait pas en début de saison, ils ont essuyé les critiques, donc maintenant que ça fonctionne, ils doivent obtenir le crédit. Ils nous ont permis de gagner les deux premiers tours. Et grâce à d’autres membres de notre personnel, nous avons retrouvé les services de Miko (Heiskanen) et Jason (Robertson). »
Autre particularité de DeBoer : sa propension à garder les choses simples, même lorsque la pression est à son comble.
Oui, les ajustements sont importants dans une série quatre de sept, mais les bases du plan de match des Stars sont établies depuis le camp d’entraînement et la saison régulière.
« Tous les entraîneurs font des ajustements, mais avec Peter, dès le jour 1, une relation est établie, a souligné l’attaquant Tyler Seguin. Il respecte le groupe et les individus et nous, nous respectons son plan de match et nous y adhérons.
« Et avec lui, c’est toujours noir ou blanc. J’ai été dans des équipes où parfois, il y a du gris. Ici, nous savons constamment où la rondelle s’en va en raison de nos systèmes de jeu, et ça, c’est grâce à Pete. »
Lorsque les séries commencent, DeBoer laisse les joueurs effectuer le travail.
« À ce point-ci de l’année, ça se joue surtout sur l’effort, a argué Oettinger. Pete se fie, avec raison, sur ses leaders. C’est à nous-mêmes d’insuffler de l’énergie à l’équipe.
« Nous connaissons déjà les systèmes de jeu. Ils sont ancrés en nous. Nous savons comment il veut nous voir jouer. Maintenant, il nous laisse jouer tout en nous rappelant de ne pas essayer d’en faire trop. C’est caractéristique d’un bon entraîneur. »
Les jours de match, DeBoer est d’un calme contagieux, révèle Seguin.
« Je ne sais pas comment ça se passe dans les autres équipes, mais de notre côté, nous sommes à l’aise dans les situations d’inconfort. Pete et les leaders de l’équipe gardent le navire à flot. »
D’autres jours, DeBoer peut sortir son côté intense et bouillant. Mais devant les médias, il a développé une aisance à Dallas qu’il n’avait pas forcément à San Jose, partageant plus d’informations, se permettant des blagues de temps à autre et trouvant même un plaisir à parler d’adversité. Peut-être cette éternelle chasse à la Coupe Stanley l’a-t-elle rendu philosophe.
« S’il montrait au grand jour à quel point il désire remporter la Coupe Stanley, il verserait probablement trop dans les émotions, dans les hauts et les bas, a soulevé Seguin. Mais nous, nous savons à quel point il la veut, à quel point tout ce groupe d’entraîneurs la veut.
« Ils ont beaucoup de plaisir dans cette aventure, tout comme nous, les joueurs. Les séries nous amènent dans un tourbillon, et il faut y prendre plaisir. »