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TORONTO - Le nom de David Krejci n'est jamais le premier qui vient en tête. Cet honneur est réservé à Patrice Bergeron, à Zdeno Chara ou à Tuukka Rask. Sa voix n'est jamais celle qui résonne le plus. On entend plutôt Brad Marchand ou David Backes ou, il y a quelques années, son ancien compagnon de trio Milan Lucic. Il ne fait jamais écarquiller les yeux par ses habiletés, comme c'est le cas pour David Pastrnak.

Mais Krejci, un pilier sur le deuxième trio, pourrait être la clé pour les Bruins de Boston.
Après une baisse de production pendant deux saisons - son total de points est passé de 63 en 2015-16 à 54 en 2016-17, puis à 44 en 2017-18 (en 64 rencontres) - Krejci a connu une excellente saison 2018-19.
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Krejci a égalé son sommet en carrière de 73 points (20 buts, 53 passes), un total qu'il avait atteint une seule fois auparavant, en 2008-09, l'année où il a eu 23 ans. Il a aidé son compagnon de trio Jake DeBrusk à inscrire 27 buts à sa deuxième saison dans la LNH.
« Je pense que David est l'un des héros obscurs de notre saison, il a vraiment agi comme catalyseur au sein de notre groupe cette année », a affirmé le directeur général Don Sweeney au début de la série de première ronde de l'Association de l'Est contre les Maple Leafs de Toronto, qui se poursuit avec le match no 4 mercredi au Scotiabank Arena (19 h HE, TVA Sports, NBCSN, CBC, NESN). Boston tire de l'arrière 2-1 dans la série quatre de sept.
« Il n'a peut-être pas eu toute l'attention que plusieurs autres joueurs ont eue et méritée, mais David a été très constant du début à la fin. »
Et même si la constance n'est peut-être pas le compliment le plus flamboyant, pour Krejci, c'est celui qui lui va le mieux. C'est ce qu'il doit faire pour les Bruins, et c'est quand il est constant qu'il a le plus d'impact au sein d'une équipe qui a désespérément besoin de lui pour tenter de vaincre les Maple Leafs pour une deuxième saison consécutive en séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
« C'est ce à quoi David s'attend de lui-même, a dit Sweeney. Il a été en santé cette année. Ç'a pris beaucoup de travail de lui-même : travailler sur sa nutrition, son entraînement, et évoluer comme joueur en vieillissant. C'est quelque chose que tu dois faire.
« On doit lui attribuer beaucoup de mérite pour la position dans laquelle se trouve l'organisation, et il joue habituellement son meilleur hockey en séries, donc c'est très positif pour notre groupe également. »
Krejci totalise 88 points (33 buts, 55 passes) en 111 parties des séries éliminatoires. Le joueur de 32 ans a un point jusqu'ici contre les Maple Leafs, un but dans le revers de 3-2 des Bruins dans le match no 3.
En 2011 et 2013, lors des deux saisons où Boston a atteint la Finale de la Coupe Stanley durant la carrière de Krejci, il a mené la LNH au chapitre des points en séries. Il a obtenu 26 points (neuf filets, 17 passes) en 2013, sept de plus que l'attaquant des Blackhawks de Chicago Patrick Kane et que ses compagnons de trio Nathan Horton et Lucic. Il a amassé 23 points (12 filets, 11 aides) en 2011, un de plus que l'attaquant des Canucks de Vancouver Henrik Sedin.
« Je ne pense pas que j'étais le meilleur joueur, j'étais simplement chanceux de jouer pour une très bonne équipe avec de bons joueurs, a affirmé Krejci. Je suis celui qui a eu le plus de points, mais je ne dirais pas que j'étais le meilleur joueur. Mais en ce moment, rien ne change vraiment. En séries, tout le monde repart à zéro.
« C'est pourquoi ça nous rend si fébriles. Que ta saison régulière ait très bien été ou très mal été, tu as fait les séries, et c'est un nouveau départ pour tout le monde. On obtient tous une deuxième chance. »
Krejci n'en a pas besoin.
Une partie de son réveil est due à la chimie grandissante entre lui et DeBrusk, qui a inscrit 27 buts même en ratant 14 parties en raison de blessures. Une autre partie est attribuable au fait qu'il a pivoté un trio formé de Marchand et de Pastrnak quand Bergeron a raté 17 matchs.
Mais surtout, sa relance vient de sa détermination à maintenir son poids, ce qu'il peinait à faire jusqu'à tout récemment. Selon lui, c'est peut-être ce qui a mené à certaines blessures dans les dernières saisons et à des performances en deçà des attentes, particulièrement au cours de longues saisons.
Il voulait être capable de suivre le rythme dans une LNH toujours plus rapide et avec des coéquipiers qui ont parfois 10 ans de moins que lui.

BOS@TOR, #3: Krejci crée l'égalité sur le retour

« On sait tous que le hockey est plus rapide, a noté Krejci. Et les gars sont plus jeunes qu'auparavant. Ils sont plus rapides, donc je voulais m'améliorer dans cet aspect. Honnêtement, je me sens bien en ce moment. Je trouve que je peux patiner plus vite que ce que les gens pensent.
« Je sais qu'il y a des joueurs beaucoup plus rapides dans la Ligue et dans cette équipe, mais en même temps, j'arrive à tenir mon bout et c'est le plus important. Si tu es le même joueur tout au long de ta carrière, ce sera difficile d'abandonner cette identité soudainement et d'essayer de venir en arrière pour être le joueur le plus rapide. Ça n'arrivera pas. Je travaille donc sur mes forces, tout en essayant d'être plus rapide. »
Selon DeBrusk, les efforts de Krejci ont rapporté.
« Il y a du punch dans son coup de patin, a-t-il dit. Je sais que les gens pensent que je suis rapide, mais il est plutôt doué pour me suivre. Le rythme ne va pas diminuer, et je pense qu'il est un joueur spécial. Dans sa façon de jouer, il aime ralentir le jeu, mais en même temps, il a été plus constant dans cet aspect du jeu. »
Mais ça n'a pas été facile. Il y a eu peu de stabilité au poste d'ailier droit avec DeBrusk et Krejci cette saison, alors que les Bruins ont finalement misé sur Karson Kuhlman, qui compte 11 matchs d'expérience en saison régulière dans la LNH, pour le début du tournoi printanier. Ajoutez à cela son temps de jeu avec Marchand et Pastrnak et, comme l'a dit Bergeron, « il a joué avec tous les attaquants, sauf moi. »
Et il a connu beaucoup de succès.
« Tout le monde demande quel est l'aspect le plus important de son jeu, a dit DeBrusk. Je pense que c'est tout simplement sa confiance. Je pense qu'il a toujours eu cette assurance et cette confiance que, peu importe avec qui il joue, s'il reste fidèle à son style de jeu, il produira, et ce, peu importe ses compagnons de trio. Je pense que c'est vrai. »
Que ce soit la santé, la nutrition, la chance ou la confiance, Krejci a connu une excellente saison avec les Bruins. Il est un joueur important, un attaquant qui, comme l'a déjà mentionné l'ancien entraîneur Claude Julien, est un baromètre qui indique comment l'équipe a joué dans son ensemble.
Parce que quand Krejci va, tout va. Et en ce moment, Boston en a besoin pour faire tourner le vent dans la série contre Toronto.