Karlsson 1

OTTAWA - À sa conférence de presse précédente à Ottawa, Erik Karlsson avait les larmes aux yeux.
Cette fois-ci, il a multiplié les blagues.
L'image qu'on gardait du vétéran défenseur ici, dans la capitale fédérale canadienne, c'était encore celle de ses tristes adieux, quelques heures après que les Sénateurs d'Ottawa l'eurent échangé aux Sharks de San Jose, le 13 septembre.

Dans les instants qui ont suivi la transaction, Karlsson, 28 ans, a encerclé la date du 1er décembre sur son calendrier - la date de son retour à Ottawa afin d'y affronter son ancienne équipe.
Ce jour-là est arrivé. Ou, comme Karlsson l'a dit au point de presse qui avait pour but de souligner son retour au bercail, vendredi à l'Université d'Ottawa : « Le temps est venu… »
Ces mots - un peu guindés, surtout de la façon ils ont été exprimés en anglais (« The time is nigh ») ont amené les journalistes à éclater de rire. Personne, toutefois, n'a ri plus fort que Karlsson, qui semble enfin avoir apprivoisé et accepté la situation après des jours, des semaines, des mois d'angoisse.
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Deux jours plus tôt, Karlsson avait tourné le dos à un attroupement de journalistes après que les Sharks eurent subi une défaite de 5-3 contre les Maple Leafs de Toronto au Scotiabank Arena. La source de son désarroi : le premier commentaire que lui a fait un journaliste a été, « Eh bien Erik, le temps est venu… », en faisant allusion à son retour imminent à Ottawa.
Il était tendu à ce moment-là. Il semblait beaucoup plus détendu cette fois, à en juger par la façon dont il a semblé se moquer un peu de lui-même avec cette boutade.
« Nous savions tous que ça s'en venait et que j'allais finir par revenir ici, a déclaré Karlsson. Ça va être plaisant d'être ici et de le vivre. Je pense qu'après ça, ça va se calmer parce que nous n'allons pas revenir avant au moins un an.
« Je me sens plutôt calme, un peu fébrile, et évidemment je me sens quelque peu différent. J'ai dormi à la maison, ce qui était bien. »

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Ce qui était bien, aussi, c'est le chaleureux accueil qu'il a donné à ses coéquipiers des Sharks - sa nouvelle famille de hockey - jeudi. Karlsson les a invités à sa résidence dans le Glebe, un quartier qui se trouve au sud du centre-ville d'Ottawa, pour regarder le match de la NFL entre les Cowboys de Dallas et les Saints de La Nouvelle-Orléans. C'était une occasion de tisser des liens, ce que l'entraîneur des Sharks Peter DeBoer a qualifié d'initiative très impressionnante.
« Les gars ont bien aimé ça, a dit DeBoer. Tous les joueurs à qui j'ai parlé ont dit que ç'a été une très belle soirée. Je pense qu'ils ont vraiment apprécié.
« Il a de très belles qualités de meneur comme celles-là. Je le savais à la façon dont il prenait les choses en mains sur la patinoire… mais maintenant, je le vois en dehors de la glace. Son épouse Melinda et lui ont tous deux sauté à pieds joints dans les événements d'équipe. Il est allé jouer au golf avec notre groupe de meneurs, il organise beaucoup de soupers d'équipe avec nos joueurs-clés. Accueillir l'équipe chez lui, comme il l'a fait, c'est une autre étape en ce sens pour lui, et ça montre à quel point il s'implique et veut faire partie de la dynamique. »
Joe Thornton et les autres joueurs des Sharks réalisent à quel point ce retour à Ottawa représente une montagne russe d'émotions pour Karlsson. Thornton a passé les sept premières saisons de sa carrière, et même un peu plus, avec les Bruins de Boston avant d'être échangé aux Sharks, donc il sait fort bien ce qu'on ressent quand on retourne dans la ville de ses débuts avec sa nouvelle équipe. C'est pourquoi il ne faut pas se surprendre qu'il ait été celui qui a montré l'exemple lorsque les joueurs des Sharks ont hurlé leurs encouragements et tapé du bâton sur la glace quand Karlsson s'est présenté sur la patinoire au début de l'entraînement, vendredi.
L'accueil des partisans des Sénateurs sera-t-il aussi chaleureux à l'endroit de Karlsson à l'occasion du match qui aura lieu samedi au Centre Canadien Tire (13h HE ; TVA Sports, TSN5, NBCSCA, NHL.TV)?
« Je sais que c'est là une des choses qui s'en viennent, je sais que c'est là, et peu importe ce qui va arriver à ce moment-là, c'est ça qui va arriver, a noté Karlsson. Je vais essayer de tout savourer ça. »

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Mark Stone trouve que Karlsson a toutes sortes de bonnes raisons de vouloir savourer le moment, justement. L'attaquant des Sénateurs prédit que son ancien coéquipier aura droit aux types d'encouragement qu'il a fort bien mérités.
« Je pense qu'il va probablement avoir droit à une ovation debout, a dit Stone. Je pense qu'il le mérite. Il l'a mérité en raison de la façon dont il a joué à tous les matchs. Il est l'un des meilleurs joueurs à avoir jamais évolué à Ottawa, alors il le mérite.
« Au bout du compte, c'est notre ami, un des meilleurs joueurs à avoir joué ici, et les choses qu'il a réalisées ici, depuis que je suis avec l'équipe, sont rien de moins que spectaculaires. Tu te souviens des bons moments passés ensemble, du long parcours en séries où il nous avait transporté sur ses épaules… C'est de ce genre de choses dont il faut se souvenir. »
Les liens que Karlsson a tissés avec Ottawa et les Sénateurs sont multiples. Son épouse Melinda vient d'ici. Ottawa était la seule équipe qu'il ait jamais connu dans la LNH depuis que les Sénateurs l'avaient réclamé au 15e rang du repêchage de 2008.
Puis, il y a eu la transaction du 13 septembre. Les Sénateurs ont envoyé Karlsson et l'espoir Francis Perron, un attaquant, aux Sharks en retour des attaquants Chris Tierney et Rudolfs Balcers, du défenseur Dylan DeMelo, de l'espoir Joshua Norris, un attaquant, d'un choix conditionnel de premier tour en 2019 ou 2020, ainsi que d'un choix de deuxième tour lors du repêchage 2019 de la LNH.
Lors de sa conférence de presse d'adieu, il avait insisté sur le fait qu'il n'avait jamais voulu quitter. Il avait disputé chacune des neufs saisons de sa carrière dans la LNH avec les Sénateurs. Il était leur capitaine. Il avait remporté le trophée Norris deux fois et il avait marqué 126 buts en 627 matchs avec Ottawa. Il les avait aidés à se rendre jusqu'en deuxième prolongation du septième match de la Finale de l'Association de l'Est contre les Penguins de Pittsburgh en 2017.
Et maintenant, il est de retour et il sait qu'il n'y a rien à regretter du temps qu'il a passé à Ottawa.
« Rien, a-t-il souligné. J'ai eu beaucoup de plaisir ici. Je suis arrivé ici quand j'étais un jeune homme et j'ai passé toute ma vie d'adulte ici. C'est ici que j'ai tout bâti ce que j'ai aujourd'hui, entouré des gens d'ici.
« J'ai adoré ça. J'ai passé du bon temps. Même avec le recul, il n'y a rien que je voudrais changer. Ils ont fait de moi la personne que je suis aujourd'hui et j'en suis reconnaissant. »