Ça fera bientôt 16 ans que le Championnat mondial junior a eu lieu à Ottawa pour la dernière fois, mais les souvenirs de Sylvain Favreau sont encore intacts.
Il venait à peine d’accrocher ses patins de joueurs dans la Ligue Magnus, en France, et songeait fortement à se lancer dans une carrière d’entraîneur plus près de la maison. Éternel mordu de hockey, le natif d’Orléans ne pouvait pas laisser passer l’occasion d’assister au traditionnel tournoi du temps des Fêtes.
Il a donc conduit jusqu’à la Place Banque Scotia à quelques occasions pour voir à l’œuvre les John Tavares, Jordan Eberle, P.K. Subban et compagnie à l’œuvre sur la plus grande scène junior.
« J’étais là pour le plaisir, comme fan de hockey, a raconté l’entraîneur des Voltigeurs de Drummondville. Je commençais ma carrière dans le coaching à cette époque-là. C’était tout un happening, c’était difficile d’avoir des billets. Je me souviens que c’était une très belle expérience. »
Avant que vous posiez la question : non, il n’était pas sur place pour le match de demi-finale entre le Canada et la Russie, devenu un classique grâce au but égalisateur d’Eberle dans les dernières secondes.
Avance rapide jusqu’à aujourd’hui.
Favreau aura maintenant la chance de vivre lui-même d’aussi grands moments, et cette fois, de l’intérieur. Le pilote franco-ontarien sera l’un des adjoints de Dave Cameron avec la formation canadienne, qui voudra imiter l’édition de 2009 en gagnant l’or à la maison.
La grande aventure s’amorcera la semaine prochaine au camp de sélection.
« Quand je regarde ça avec du recul, ça fait un petit velours, a-t-il dit. Ça vient avec un sentiment de fierté. Mon objectif était de grandir au sein du programme d’excellence de Hockey Canada, et c’est ce que j’ai réussi à faire. Il y a plusieurs très bons entraîneurs au Canada qui auraient pu avoir ce poste-là. »
Favreau n’a rien volé. Il a amorcé son parcours en 2017 avec le programme des moins de 17 ans, où il a progressivement occupé les fonctions d’entraîneur invité, d’adjoint puis d’entraîneur-chef. Sa progression a ensuite été mise sur pause pendant un peu moins de quatre ans en raison de la pandémie.
Il est revenu en force comme adjoint à la Coupe Hlinka-Gretzky, à l’été 2023, et le voici maintenant dans la cour des grands avec les moins de 20 ans. Il a, au passage, mené les Mooseheads à la finale du Trophée Gilles-Courteau, en 2023, avant de guider les Voltigeurs à la terre promise, au printemps dernier.
« On côtoie tellement de bonnes personnes et de gens d’expérience dans ce programme, a-t-il fait valoir. J’ai beaucoup appris de tout ça. Ça m’a armé de munitions que j’ai pu utiliser dans ma carrière de tous les jours avec les Mooseheads, et maintenant avec les Voltigeurs. »
Signe de son succès continuel, il quittera son équipe pour un peu plus de trois semaines alors qu’elle trône à nouveau sommet du classement de la LHJMQ avec une fiche de 21-5-2.
Du pain sur la planche
Favreau a déjà commencé le travail en amont en analysant les éventuels adversaires du Canada, mais le véritable coup d’envoi sera donné mardi, au camp de sélection. Les 32 joueurs invités par Hockey Canada convergeront vers Ottawa pour quatre jours d’évaluation au terme desquels on bâtira la formation finale.
« On ne veut pas bâtir une équipe étoile, on veut bâtir une équipe capable de gagner l’or, répond-il quand on évoque les gros noms ignorés dans le processus de sélection. On veut des joueurs qui seront capables d’occuper un rôle sur un troisième ou sur un quatrième trio, et qui achèteront le plan. »
C’est en partie ce qui a causé la perte de la dernière édition, qui a pris le cinquième rang après une défaite en quarts de finale contre la Tchéquie. Trop de joueurs de finesse, trop peu de papier sablé. C’est peut-être le constat auquel est arrivée l’équipe de gestion dans son évaluation de cette débandade.
Sept joueurs de cette édition seront de retour au camp de sélection, mais rien ne leur a été garanti.
« Le message qui a été envoyé dès le camp estival, c’est qu’on repart à zéro, a conclu Favreau. On a un nouveau personnel d’entraîneurs, une nouvelle équipe. Que tu aies fait partie de l’équipe l’an dernier ou pas, tout recommence à zéro. On met l’accent sur la nouvelle sélection, sur la nouvelle année. »