Domi OT

TORONTO — D’un tir des poignets, Max Domi a créé un moment dont les partisans des Maple Leafs de Toronto vont se souvenir longtemps mardi, un moment qui se préparait depuis plus de 20 ans.

Au grand désarroi de l’entraîneur des Sénateurs d’Ottawa Travis Green.

Plus de deux décennies plus tôt, Max était un jeune garçon de 7 ans qui courrait dans le vestiaire des Maple Leafs occupé à l’époque par les joueurs de Toronto dont faisait partie son père Tie, son parrain Mats Sundin, et Green, un attaquant hargneux qui avait été acquis dans une transaction avec les Coyotes de l’Arizona le 12 juin 2001. Dix mois plus tard, Max a regardé les Maple Leafs éliminer les Sénateurs en sept matchs en demi-finale de l’Association de l’Est 2002.

Projetez-vous 23 plus tard pour cette nouvelle mouture de la Bataille de l’Ontario, qui met cette fois-ci aux prises les Maple Leafs de Domi et les Sénateurs de Green.

C’est sur cette scène, sur la même patinoire du Scotiabank Arena où son père et Green ont déjà été coéquipiers, que l’attaquant des Maple Leafs forward a connu ce qui pourrait être son plus grand moment d’émotion en carrière dans la LNH.

En effet, le but dramatique de Domi inscrit à 3:09 de la prolongation a procuré aux Maple Leafs une victoire de 3-2 sur les Sénateurs dirigés par Green dans leur série de première ronde de l’Association de l’Est. Ce gain a placé Toronto en avant 2-0 dans leur série quatre de sept, qui se transporte maintenant à Ottawa pour le match no 3 jeudi (19 h HE; CBC, TVAS, SNE, SNO, SNP, ESPN2).

Alors que Domi célébrait entouré de ses coéquipiers, Green a eu une pensée pour le chemin parcouru par ce petit garçon qu’il avait croisé avant même qu’il n’amorce sa carrière au hockey.

« Un gars énergique, s’est souvenu Green. Je pouvais dire à l’époque, même à un très jeune âge, qu’il allait devenir un bon joueur de hockey. Je connais évidemment très bien son père aussi.

« J’ai toujours aimé le voir connaître du succès, mais pas ce soir, évidemment. »

Les coéquipiers de Domi s’en réjouissaient de leur côté, tout comme les 19 333 partisans euphoriques réunis dans l’amphithéâtre torontois.

Alors que les partisans s’enflammaient et que la sirène retentissait pour souligner le triomphe de l’équipe locale, Domi a célébré en glissant, un genou sur la glace et en brandissant le poing, avant de disparaître parmi tous ses coéquipiers qui avaient sauté sur la glace pour célébrer.

Lorsqu’il a reçu des compliments sur la qualité de sa célébration un peu plus tard. Domi s’est contenté de secouer la tête.

« Mon père va me tuer », a-t-il lancé, blaguant à moitié.

Il s’agit d’un bon indice de l’intensité de la pression qui vient avec le fait d’être le fils d’une icône des Maple Leafs.

Le paternel n’a toutefois pas semblé, du moins au premier abord, se formaliser de l’exubérance de son fils, si on se fie aux poignées de mains et aux accolades chaleureuses qu’il a distribuées aux gens autour de lui dans les gradins du Scotiabank Arena après le but gagnant de Max.

Entre 1995 et 2006, l’attaquant Tie Domi a frappé l’imaginaire des partisans des Maple Leafs, même ceux qui ne figuraient pas parmi ses plus grands fans. Reconnu pour sa robustesse et son zèle sur la glace, il s’est forgé un héritage à titre de l’un des personnages les plus colorés de l’histoire de l’équipe.

Il s’agissait de grands souliers à chausser pour Max lorsqu’il s’est entendu sur les modalités d’un contrat d’un an d’une valeur de 3 millions $ avec les Maple Leafs à titre de joueur autonome le 3 juillet 2023. Le 30 juin 2024, il en a rajouté en paraphant une entente de quatre ans d’une valeur de 15 millions $ (valeur annuelle de 3,75 millions $) avec Toronto, confirmant ainsi son association à long terme avec l’équipe pour laquelle son père avait disputé 775 matchs.

Il y a eu des moments éprouvants pour lui cette saison, ça ne fait aucun doute.

Il n’a pas touché la cible avant son 23e match en 2024-25, dans un gain de 5-3 aux dépens des Sabres de Buffalo le 15 décembre. Ce fut ce type de saison en dents de scie pour Max, qui a conclu la saison régulière avec 33 points (huit buts, 25 passes) en 74 parties.

Les séries représentent par contre un chapitre complètement différent. Et mardi, la soirée était la sienne.

Le tout s’est amorcé lorsque Simon Benoit, qui est reconnu comme un défenseur à caractère défensif, a effectué une rare montée avec la rondelle le long de l’aile droite jusqu’en territoire des Sénateurs avant de remettre en retrait à Domi. Après avoir évité deux adversaires, Domi a décoché un tir vif et a trompé la vigilance du gardien d’Ottawa Linus Ullmark, qui n’a probablement jamais vu le disque.

OTT@TOR, #2: Domi procure la victoire aux Maple Leafs

« C’est très agréable », a répondu Domi lorsqu’il s’est fait demander de décrire ses émotions après la rencontre. « Nous venons toutefois juste d’amorcer notre parcours, alors ce sera encore plus agréable à mesure que nous allons progresser.

« C’était une grosse victoire. Nous en avions évidemment besoin. Il faut accorder beaucoup de crédit à Ottawa. Ils ont joué tout un match. »

Au cours de sa conférence de presse, Domi a fait tout son possible pour éviter de parler de lui-même. Ses coéquipiers ne se sont toutefois pas gênés pour le faire.

« Chaque jour, c’est un véritable privilège de jouer avec des gars comme (Domi), a assuré le défenseur des Maple Leafs Morgan Rielly. C’est pourquoi ce sport est aussi spécial. Vous allez à la guerre ensemble, et vous en apprenez beaucoup les uns sur les autres.

« De le voir vivre ce moment en prolongation ici à domicile a évidemment été très spécial pour nous tous. Je ne peux pas m’imaginer comment il se sent. C’était un grand moment pour notre équipe, un grand moment dans cette série. »

Si quelqu’un peut bien comprendre ce qu’a traversé Domi, c’est un autre joueur issu de la région, l’attaquant Scott Laughton.

Lorsque Laughton avait 4 ans, et que Max en avait trois, ils ont patiné ensemble au Canlan Arena d’Oakville, à environ 40 kilomètres à l’ouest du Scotiabank Arena. L’attaquant acquis par les Maple Leafs des Flyers de Philadelphie à la date limite des transactions s’est donc fait demander s’il avait déjà vu Max se servir de la feinte qu’il a utilisée pour inscrire le but gagnant lorsqu’ils étaient enfants.

« Il était atroce quand nous étions enfants, a riposté Laughton en riant. Il tirait dans le mauvais but, alors nous avons dû lui apprendre quelques trucs. »

Mardi, plusieurs années plus tard, Domi a tiré dans le bon filet. Et ce tir va occuper une place spéciale dans ses souvenirs pour les années à venir.