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Sept matchs. C'est à ce chiffre plutôt minime que s'est résumée la saison 2020-21 de Devon Levi.

Le gardien montréalais devait pourtant disputer sa première saison dans la NCAA avec l'Université Northeastern à son retour du Championnat mondial junior. Une fracture à une côte subie lors du tout premier match du tournoi, et possiblement aggravée par la suite, est cependant venue chambouler ses plans.
Le gardien de la formation canadienne a dû se résigner à regarder ses nouveaux coéquipiers jouer et s'entraîner lors des quatre derniers mois. De retour à Montréal pour la saison morte, il est toujours sur les lignes de côté. Mais il n'a encore aucun regret.
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« Ça allait prendre plus qu'une petite blessure pour m'arracher cette chance de représenter mon pays », a laissé tomber celui qui s'est fait un nom en aidant le Canada à décrocher la médaille d'argent, en janvier.
« Je ne regrette absolument rien. Je suis simplement reconnaissant que ça n'ait pas été pire que ce l'a été. Je ne suis pas du genre à regarder les mauvais côtés. Je me concentre sur le positif. On ne peut pas réécrire le passé, alors à quoi bon y penser? »
Levi a un point là-dessus. Il aurait aussi été surprenant qu'il souhaite désormais échanger l'expérience la plus bénéfique de sa carrière contre la chance de jouer une vingtaine de matchs dans la NCAA - une chose qu'il pourra faire dès l'an prochain lorsqu'il retournera à Boston.
Reste qu'une saison qui se limite à sept rencontres pour un jeune de 19 ans peut être perçue comme une saison perdue au chapitre du développement. De l'extérieur, du moins. L'espoir des Panthers de la Floride a cependant un tout autre son de cloche à ce sujet.
« Ç'a quand même été une très bonne saison, j'ai beaucoup appris en m'entraînant à Northeastern avant le Mondial junior et j'ai dû rapidement faire la transition à un plus haut niveau en participant au camp de sélection d'Équipe Canada, et au tournoi ensuite », a-t-il fait valoir en s'exprimant en français.
« Ce que j'ai appris dans ces deux mois, c'est l'équivalent de ce que j'aurais pu apprendre en une année complète. Ç'a été une expérience tellement enrichissante. »
Et Levi a été en mesure de piloter l'avion qu'il construisait en plein vol sans trop de difficultés.
Il a conclu le tournoi avec une fiche de 6-1, une moyenne de buts alloués de 0,75, un taux d'efficacité de ,964 et trois blanchissages, se méritant au passage le titre de meilleur gardien devant son éventuel coéquipier, l'Américain Spencer Knight.

C'est après ces moments enivrants et la vive déception de la finale perdue aux mains des États-Unis que la portion un peu moins plaisante de sa campagne s'est amorcée. À quelques heures de ce qui aurait été son tout premier match dans la NCAA, Levi a dû se rendre à l'évidence.
« J'ai tourné mon dos d'une façon étrange et j'ai su à ce moment-là que c'était trop grave pour continuer à jouer, a-t-il expliqué. Je devais arrêter et prendre du temps pour soigner ça. »
S'en sont suivis des mois plutôt frustrants au cours desquels il s'est approché d'un retour au jeu avant de s'en éloigner. Et ainsi de suite. Des épisodes qui l'ont obligé, en quelque sorte, à travailler sur l'aspect mental exigeant d'une blessure à long terme comme celle qu'il traîne depuis janvier.
« La douleur de la blessure, ce n'est pas tant physique que mental, a-t-il ajouté avec maturité. C'est difficile d'être à l'écart du jeu pendant aussi longtemps. Surtout quand c'est quelque chose que tu aimes faire par-dessus tout. Ça m'a permis d'entraîner ma tête et mon esprit pendant ce temps.
« Je suis convaincu d'avoir été en mesure de m'améliorer chaque jour. Quand je remettrai les patins, je serai au sommet de ma forme et je pourrai me relancer dans le vif du sujet. »
Pas de temps à perdre
Ceux qui connaissent Levi depuis ses jeunes années savent pertinemment qu'il n'a pas perdu son temps durant cette période d'inactivité - la plus longue depuis qu'il a chaussé les patins pour la première fois, à quatre ans.
Décrit comme un grand hockey nerdpar plusieurs, le jeune homme originaire de Dollard-des-Ormeaux s'est réfugié dans l'analyse vidéo entre ses cours universitaires, les entraînements et les matchs de son équipe auxquels il assistait depuis les gradins. Soyez rassurés, il n'oubliera pas comment garder les buts.
« J'ai regardé beaucoup de séquences sur moi et sur d'autres gardiens, a-t-il fait valoir. Il y a une raison qui explique pourquoi ils ont atteint la LNH. Leur jeu est supérieur à celui de tous les autres gardiens, alors ça aide beaucoup de les regarder et de voir comment ils jouent chaque jour.
« Je veux juste comprendre ce qui mène au succès, ce qui fonctionne pour certains et ce qui fait défaut pour d'autres. Le but est de m'améliorer le plus possible. Même si je ne suis pas sur la glace, j'essaie de m'inspirer de quelques trucs ici et là. »
Il a même eu droit à quelques sessions de visioconférence en compagnie de Roberto Luongo et de François Allaire, les deux dirigeants du nouveau « département d'excellence des gardiens » mis sur pied par les Panthers. La prochaine étape sera de passer du monde virtuel à la réalité.
Il travaillera notamment avec Leo Luongo, « le frère de » et l'entraîneur des gardiens du club-école de la formation floridienne, à Montréal au cours de l'été. En espérant pouvoir se retrouver dans le giron de l'organisation plus tôt que tard, selon ce que dictera la pandémie.
« Ils mettent beaucoup d'énergie dans notre développement, a conclu Levi. Ils ont bâti une équipe extraordinaire avec laquelle j'ai vraiment hâte de travailler. Ce sont des entraîneurs qui ont beaucoup d'expérience et beaucoup de connaissances quant à la position. Je sais que je vais apprendre d'eux. »