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MONTRÉAL – Simona Xhekaj avait encore les yeux embués quand on l’a rejoint à son siège dans les gradins du Centre Bell au premier entracte, mardi.

Elle venait de voir ses deux fils, Arber et Florian, jouer dans la même équipe pour la toute première fois de leur vie, dans l’uniforme des Canadiens de Montréal – rien de moins. Le plus jeune lui avait déjà offert un beau cadeau : un but qui lui a soutiré quelques larmes de joie au terme d’une journée fort émotive.

« C’est très difficile à expliquer comme sentiment, a-t-elle lancé en entrevue avec LNH.com. Je suis remplie d’émotions. C’est pour ça que nous avons travaillé. C’est pour ça que les gars ont travaillé. »

Sa soirée ne faisait alors que commencer. En deuxième période, Florian a laissé tomber les gants contre Nicolas Deslauriers, un gros client. Puis, Arber a scellé l’issue du match avec un but dans un filet désert. Pas de doute, les frangins ont fait les choses en grand pour la visite de maman.

« Nos parents ont tout sacrifié tout au long de leurs vies pour mon frère et pour moi, a souligné Arber. Ils ont dormi dans la voiture, ils nous ont conduits à Toronto pour chaque entraînement, pour tous les tournois. Ils ont déboursé chaque cenne qu’ils avaient pour nous deux. C’était spécial de pouvoir lui offrir ça en personne. »

Tout compte fait, ce ne sont pas les 600 kilomètres qui séparent Hamilton de Montréal qui allaient effrayer Momma Xhekaj.

Quand elle a constaté que ses deux fils seraient laissés de côté pour le premier match préparatoire du Tricolore, elle a tout de suite pensé qu’ils seraient en uniforme face aux Flyers. Elle a demandé congé à son gérant, et elle est partie d’Hamilton aux aurores, mardi matin, sans prévenir ses fistons.

Elle est arrivée à Montréal en après-midi, pendant que les frères faisaient leur sieste. Elle s’est cachée sur le balcon et les a surpris, à leur plus grande joie, pendant leur repas d’avant-match.

« Je suis sorti de ma chambre et je l’ai vue dans notre appartement, a raconté Florian. Elle est vite devenue émotive. C’était un très grand moment pour elle de voir ses deux gars jouer ensemble. Je n’aurais jamais rêvé à ce genre de dénouement. C’était une soirée spéciale. »

Pour rien au monde, Simona n’aurait manqué ce moment. Ce n’était peut-être qu’un match préparatoire, mais pour les Xhekaj, il s’agit d’une soirée qui restera gravée dans l’histoire familiale à jamais.

« Je les revois quand ils étaient jeunes, qu’ils patinaient ou qu’ils jouaient au hockey dans la rue avec leur père, a-t-elle raconté avec le sourire. Ils rêvaient à la LNH, ils en parlaient déjà. Comme parents, on les encourageait, mais ce rêve semblait si lointain. On n’osait pas y penser. C’est complètement fou.

« J’espère que ce n’est que le début. Un vrai match serait incroyable. Mais on y va une étape à la fois. »

Un parcours inspirant

L’histoire des Xhekaj en est une de détermination et de travail acharné. De la part des frères, mais aussi de Simona et de son mari Jack, qui en ont sacrifié beaucoup pour leurs quatre enfants après avoir immigré au Canada dans les années 90. Une soirée comme celle de mardi est la récompense ultime.

« Elle a conduit six heures aujourd’hui et elle doit quitter à 5h demain matin pour aller travailler, a décrit Arber. C’était spécial pour elle de venir nous voir jouer, et c’était très spécial pour nous de l’avoir dans les gradins. »

Simona est d’autant plus fière quand elle constate que ses garçons ont conquis le cœur du public montréalais. Arber est le « shérif » adoré des partisans depuis trois saisons tandis que Florian est en train de suivre ses traces : on l’a vu quand il a tenu tête à Deslauriers dans ce match. Il l’a fait au plus grand plaisir de la foule et de Simona, debout à son siège.

« Les deux sont très humbles, a-t-elle conclu. Je leur ai toujours dit de redonner aux autres. Ils ne sont pas arrivés ici par chance. Ça prend un village pour élever des enfants, et nous avons eu de l’aide tout au long du parcours. Ç’a été difficile pour mon conjoint et moi et des gens nous ont aidés.

« Je rappelle toujours aux garçons de prendre du temps pour les partisans, et de toujours apprécier l’amour des gens. Je ne suis pas surprise de voir tout cet amour. Ils sont très aimables et ils ont de grands cœurs. »