SPLIT ROBIDAS BADGE CHAUMONT

MONTRÉAL – La fierté se lisait facilement dans le visage de Stéphane Robidas. Quelques heures auparavant, au Little Caesars Arena de Detroit, Justin Robidas portait l’uniforme des Hurricanes de la Caroline pour une première fois sous le regard attentif de son père.

Un petit café dans la main droite à sa sortie de l’entraînement matinal des Canadiens sur la glace du Centre Bell samedi matin, Stéphane Robidas a décrit les émotions reliées au premier match de fiston dans la LNH.

« Justin est demeuré assez calme avant le match, je l’ai croisé avant qu’il parte de l’hôtel. Après la rencontre, il était encore calme. Mais une des choses qu’il m’a dites, c’est qu’il s’excusait, puisqu’il n’a pas aidé les Hurricanes à battre les Red Wings. Je lui avais passé le message comme quoi il pouvait aider notre sort pour la course aux séries. »

Les Hurricanes ont perdu 5-3 contre les Red Wings vendredi soir. Utilisé à l’aile droite et parfois au centre du quatrième trio, Justin Robidas a récolté une passe en jouant un peu plus de 8 minutes (8:14) à ses débuts dans la grande ligue.

Peu importe le résultat final, il s’agit d’un match qui restera gravé dans les mémoires de toute la famille Robidas.

« C’est spécial, vraiment spécial, a dit Stéphane. Je repensais à son parcours au hockey et à son évolution. Je l’ai vu grandir. Dans son enfance, il a passé bien du temps dans des arénas de la LNH. Il m'avait vu jouer contre Patrick Kane, lorsqu'il était avec les Blackhawks. C'était maintenant à son tour de jouer contre lui à son premier match dans la ligue. J’ai joué avec Frederik Andersen à Anaheim. Freddy était le gardien numéro deux pour ce match avec les Hurricanes. J’ai aussi participé à un Championnat du monde (2013) avec Taylor Hall pour l’équipe canadienne. Là, mon gars était coéquipier avec Hall. C’est une roue qui tourne, mais elle tourne rapidement. »

Rappelé jeudi par les Hurricanes, Justin a trouvé une façon d’écrire son nom sur la feuille de pointage. En deuxième période, il a frappé le défenseur Justin Holl pour récupérer la rondelle et décocher un tir en direction de Cam Talbot. Eric Robinson a redirigé ce tir qui a bondi bizarrement pour se frayer un chemin dans le filet.

« Je pensais qu’il avait marqué, a mentionné Stéphane. Je recevais aussi des messages textes et ils ont patienté avant d’annoncer l’auteur du but. Mais peu importe. J’étais juste heureux pour lui. Et j’étais tellement content de vivre ce match en personne. La passe sur le but de Robinson, c’est un bonbon.

« En première période, Justin a fait une mise en jeu en territoire défensif. Il a pris la mise en jeu contre Dylan Larkin avec Alex DeBrincat et Patrick Kane sur les ailes. Je me suis dit « tabarouette »! J’ai dit à ma fille de filmer cette présence. Quand je regarde jouer mon gars, je redeviens juste un papa, j’oublie mon chapeau d’entraîneur. Tu ne peux pas me demander comment les défenseurs ont joué ou de parler du système de jeu des deux équipes. Je peux juste décrire le match de Justin et de ses coéquipiers au sein de son trio. »

Un voyage éclair

Le hasard a bien fait les choses pour les débuts de Justin avec les « Canes ». Avec le CH qui profitait d’une journée de congé vendredi, Stéphane a eu le temps de se libérer pour partir vers Detroit.

« Je suis parti à 12 h 30 de Montréal et j’ai atterri vers 15 h à Detroit. J’ai eu la chance de voir l’échauffement et j’ai vécu toute l’expérience de son premier match dans la LNH. Après le match, j’ai pris une voiture pour faire le trajet entre Detroit et Toronto et j’ai repris un vol vers Montréal en fin de soirée. Les Hurricanes jouaient un vendredi soir à Detroit, ce n’était pas une ville trop loin comme Los Angeles. Les morceaux du casse-tête tombaient à la bonne place. »

Papa Robidas a réalisé toute l’ampleur du moment jeudi matin, à la veille de ce premier match pour fiston.

« J’ai reçu un appel de Justin vers 11 h 15 jeudi matin, le jour de notre match contre les Bruins. Il le sait que je suis à l’aréna et il ne me téléphone pas à cette heure en temps normal. Je lui parle plus souvent le soir. J’ai manqué son appel, mais il m’avait texté qu’il venait de se faire rappeler. Je ne savais pas quoi dire. Je partais pour une entrevue au RadioTéléDon, mais j’ai demandé à attendre un peu. Je ne pouvais pas parler, je ressentais trop d’émotions. J’ai ensuite fait mon entrée dans la salle avec nos gars pour le vidéo, Dan (Daniel Harvey) et Rico (Éric Gravel). Ils ont immédiatement regardé les vols pour Detroit. J’étais tellement excité que je n’avais même pas pensé à cette option. »

Il y avait un petit clan Robidas dans les gradins à Detroit. Eric Tulsky, le directeur général des Hurricanes, est d’ailleurs venu féliciter tout ce beau monde pendant le match. La mère de Justin (Marie-Ève), la sœur (Lexie), un ami de longue date et la famille de pension à Val-d’Or ont aussi fait le voyage dans la ville de l’automobile.

De la ECHL à la LNH

Justin Robidas, un choix de cinquième tour des Hurricanes en 2021, a amassé 48 points (17 buts, 31 passes) en 65 matchs avec les Wolves de Chicago cette saison. Le petit attaquant de 5 pi 8 po et 180 lb s’est rapidement adapté au rythme du jeu dans la Ligue américaine. À sa première année chez les professionnels en 2023-2024, il avait joué avec les Admirals de Norfolk dans la ECHL.

« Les Hurricanes n’avaient pas d’équipe affiliée dans la Ligue américaine et il s’est retrouvé un peu coincé l’an dernier, a rappelé Stéphane. Il s’est aussi blessé à une épaule. Pratiquement à la même date l’an dernier, je commençais à sauter sur la patinoire avec lui après son opération à une épaule. Il avait subi une chirurgie au mois de janvier.

« Justin a trouvé ça dur à sa première saison chez les pros. Il n’avait pas le sourire quand il a compris qu’il allait jouer dans la ECHL. Il venait de gagner la Coupe Memorial avec les Remparts de Québec. Il était sur un nuage, mais il est redescendu rapidement. Mais il a grandi de cette expérience à Norfolk. C’est plus facile de dire ça après les événements. »