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Charles-Alexis Legault a vécu un moment de réalisation lorsqu’il est embarqué sur la glace du T-Mobile Arena pour la toute première présence de sa carrière dans la LNH, lundi.

Dès la deuxième minute de jeu du match opposant les Hurricanes de la Caroline aux Golden Knights de Vegas, le défenseur de Pierrefonds était opposé au trio de l’attaquant vedette Mitch Marner.

On a déjà vu moins costaud, comme premier défi.

« Ce sont pour la plupart des gars que je regardais à la télé quand j’étais jeune et là, je me retrouvais sur la glace avec eux. Ça te remet les pieds sur terre », a souligné Legault en entrevue téléphonique avec LNH.com au lendemain de ses débuts dans la grande ligue.

« Mais lorsque tu embarques sur la glace pour l’échauffement et que tu te prépares, ça doit devenir un match comme un autre. Il ne fallait pas que je regarde ces gars de haut. Il fallait que je joue ma game. »

Et il s’est bien tiré d’affaire. D’un naturel plus défensif, Legault a terminé le match avec deux tirs bloqués en plus de présenter un différentiel neutre, l’un des seuls des Hurricanes dans ce revers de 4-1. L’entraîneur-chef Rod Brind’Amour l’a employé pendant un peu plus de 12 minutes.

« Je suis satisfait de mon match, a-t-il affirmé. Au début, c’est évidemment différent de la Ligue américaine (LAH). C’est plus rapide. Mais à mesure que le match avançait, je me sentais de plus en plus à l’aise, de plus en plus en confiance. C’est bon signe. »

Legault ignore toujours si l’expérience se poursuivra à compter de mercredi. En vue du duel face à l’Avalanche du Colorado à Denver, son poste dans la formation semble fortement dépendre de l’état de santé de Shayne Gostisbehere, qui a déclaré forfait lundi en raison d’une blessure au bas du corps.

Mais déjà, il peut dire mission accomplie pour ce premier rappel dans la LNH. Non seulement a-t-il eu son baptême de la grande ligue, mais il a, en plus, pu vivre le moment en compagnie de ses proches. Ses parents, sa sœur, sa copine et même sa grand-mère ont fait le voyage jusqu’à Las Vegas, la veille, pour voir à l’œuvre le jeune défenseur.

« Ils étaient eux aussi en mode attente dans la dernière semaine, car ils ne savaient pas si j’allais jouer ou non, a expliqué Legault. Ils étaient prêts à partir. Quand j’ai eu la nouvelle, ils ont coordonné leur déplacement avec des membres de l’organisation pour se rendre à Vegas à temps.

« Après le match, on a marché tous ensemble jusqu’à l’hôtel. On a fait le tour de Vegas ensemble. C’était le fun de passer du temps avec eux. »

Déjouer les probabilités

De tous les joueurs francophones ayant fait leurs débuts dans la LNH ces dernières années, Charles-Alexis Legault est loin d’être le plus connu des amateurs. C’est peut-être, d’une part, parce que le Québécois s’est exilé dans l’Ouest canadien, puis aux États-Unis afin d’y poursuivre sa carrière de hockeyeur après ses années au niveau midget avec les Lions du Lac-St-Louis.

Mais c’est aussi en grande partie parce qu’il a trouvé son identité de joueur sur le tard. L’arrière de 6 pi 4 po et 215 lb n’a été repêché par les Hurricanes qu’en 2023, alors qu’il s’approchait de ses 20 ans et qu’il venait d’être ignoré lors de deux encans consécutifs. Les chances d’atteindre la LNH, à cette époque, « n’étaient plus très grandes », admet-il.

« J’ai toujours eu confiance en ma capacité de pouvoir jouer dans la LNH, mais il y a 4-5 ans, j’étais loin et les chances n’étaient plus très grandes. J’ai continué de travailler fort, de me concentrer sur ce que je pouvais contrôler et je me suis dit que j’allais faire du mieux que je pouvais pour m’y rendre. C’est encore de cette manière que je travaille aujourd’hui. »

Il doit beaucoup, également, à son passage à l’Université Quinnipiac, au Connecticut. Une étape imprévue de sa carrière qui est finalement devenue une bénédiction pour lui.

Legault était censé joindre les prestigieux Terriers de l’Université de Boston en 2022-23, mais ces derniers préféraient le voir évoluer pour une deuxième saison dans la BCHL. Tel qu’indiquait son plan initial, il a décidé d’amorcer cette campagne-là dans la NCAA, mais au sein d’une équipe qui voulait bien de ses services malgré ses 19 ans et des poussières.

Deux années formatrices et un championnat universitaire plus tard, Legault se sentait s’approcher de son rêve.

« Dans le junior, je ne savais pas vraiment quelle était mon identité comme joueur, mais à Quinnipiac, j’ai trouvé ma niche, en quelque sorte, a-t-il comparé. J’ai compris quel rôle je devais jouer pour me rendre au prochain niveau. Depuis ce temps-là, ma game ne fait que s’améliorer. »

Le voilà aujourd’hui les deux pieds dans cet univers qui relevait, jadis, de l’improbable. En Caroline, il espère devenir l’émule de spécialistes défensifs comme Jaccob Slavin et Jalen Chatfield, mais nul ne sert de se projeter trop loin, prêche-t-il. C’est ce qu’il a appris avec les années.

« J’essaie de rester où mes pieds sont, a conclu Legault. Je veux juste continuer de travailler le plus fort possible et de m’améliorer. »