Bobrovsky with teammates badge Lepage

FORT LAUDERDALE – L’entraînement des Panthers de la Floride tirait à sa fin quand Sergei Bobrovsky a sorti un lapin de son chapeau. Le gardien a étiré le bâton dans un geste désespéré pour voler un but à l’un de ses coéquipiers, déclenchant un tonnerre de cris d’admiration sur la patinoire.

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Ç’a été comme ça pendant les 30 minutes de ce court entraînement. Chaque fois que le portier faisait un arrêt, les joueurs des Panthers l’encourageaient bruyamment. Quand ils parvenaient à le déjouer, c’était silence radio.

« Il a fait ça tout au long de la saison, a expliqué l’attaquant Evan Rodrigues, lundi. Ça fait partie de son identité. Il est un compétiteur à l’entraînement, il ne prend jamais congé. C’est plaisant de s’entraîner contre lui parce qu’il ne rechigne jamais. Il aime ça même quand il reçoit une rondelle sur le masque.

« Il est toujours heureux et il se bat pour chaque rondelle. Il n’est pas le genre de gardien qui fait le piquet devant son but et qui laisse passer les tirs. Il confronte chaque lancer. »

Son arrêt aurait été anecdotique, au mieux, par un vulgaire mercredi du mois de février.

Mais après une défaite de 8-1 face aux Oilers d’Edmonton dans le quatrième match de la finale de la Coupe Stanley, il prend une tout autre signification. Surtout que Bobrovsky a été retiré de la rencontre après avoir cédé cinq fois sur 16 tirs en 25 minutes de jeu. L’avance des Panthers a été réduite à 3-1 dans la série.

« Tout ça est derrière moi, a dit Bobrovsky. Ce sera un nouveau match. Le cadran recommence à 60 minutes et la marque sera 0-0. Je me prépare pour le prochain tir. C’est tout ce qui importe. »

Devant les médias, il n’avait pas l’air trop nerveux. Sur la glace, non plus. Le sourire qu’il affichait derrière son masque et son allure détendue avaient de quoi rassurer tout le monde à la veille du cinquième match. Les Panthers sont toujours à une victoire de remporter la Coupe pour la première fois de leur histoire.

« Bob n’est pas le genre de gardien qui ne veut pas de tirs dangereux, a fait valoir Maurice. Il aime quand ça devient difficile. Et ça va arriver parfois qu’il réalise un arrêt spectaculaire comme ce matin. Les gars aiment ça. Il vient ici pour tout donner, comme le reste de l’équipe. »

C’est fou comme les choses changent vite en séries. Avant cet affront, ils étaient plusieurs à vouloir lui remettre le trophée Conn-Smythe – avec raison. Il affichait une moyenne de buts alloués de 1,33 et un taux d’efficacité de ,953 dans la finale.

Un match plus tard, alors que ses chiffres ont régressé à 2,64 et ,912, Bobrovsky est désormais le centre d’attention. On se demande s’il pourra regagner sa confiance et résister à l’attaque « dévastatrice » des Oilers, qui n’avait marqué que quatre buts en trois matchs.

« C’était frustrant pour tout le monde de voir Bob assis au bout du banc, a assuré le défenseur Brandon Montour. On aurait pu l’aider beaucoup plus que nous l’avons fait. Il est le pilier de l’équipe. Il est tellement calme dans son filet. S’il y a du positif, c’est qu’il a obtenu un peu de repos supplémentaire. »

Dans le camp des Panthers, il n’y a aucun doute qu’il parviendra à remonter la pente. 

« Il sait comment s’y prendre, a assuré l’attaquant Vladimir Tarasenko. Il est fort mentalement. Il a beaucoup travaillé sur la dureté de son mental, cette année. »

L’art de rebondir

Les Panthers peuvent trouver un peu d’espoir dans le fait qu’ils ont toujours été en mesure de revenir en force après une défaite. Dans ces séries, ils montrent une fiche de 4-1 dans cette situation. Ils ont échappé deux matchs consécutifs une seule fois, en prolongation contre les Rangers de New York en finale de l’Est. 

« On a réussi à rebondir tout au long de la saison, a souligné le défenseur Gustav Forsling. On parvient toujours à améliorer les aspects qui ont fait défaut. On n’a pas aimé notre match et on a appris de ça. »

Pour fouetter ses troupes, Maurice pourrait intégrer Ryan Lomberg sur le quatrième trio au détriment de Steven Lorentz. Matthew Tkachuk, Sam Bennett et Aaron Ekblad ont raté l’entraînement, mais ils seront à leur poste, mardi, alors que la Coupe sera au Amerant Bank Arena.

« C’est différent quand on sait qu’une victoire nous mène à l’objectif ultime, a conclu Maurice. En arrivant à l’aréna, tu sais que c’est là. C’est tangible. Il n’y a pas moyen d’expérimenter ça autrement qu’en s’approchant à une victoire. Ça arrive une ou deux fois par année à une ou deux équipes.

« C’est difficile de comprendre ce que ça implique avant de le vivre. Avec notre avance de 3-0, on s’est donné la chance de le vivre quatre fois et d’apprendre de ça. »