Bernie Parent at 2012 Winter Classic alumni game

Bernard Parent, qui a été un acteur de premier plan des deux conquêtes successives des Flyers de Philadelphie au milieu des années 1970, est décédé à l’âge de 80 ans, dimanche.

Au sein de l’équipe qu’on surnommait « Broad Street Bullies », le brio de Parent s’est avéré crucial dans les deux seules conquêtes de l’histoire des Flyers.

« Avec Parent devant le filet, nous savions que nous pouvions gagner des matchs que nous ne méritions absolument pas de gagner », a déjà affirmé Fred Shero, son entraîneur de regretté mémoire, en résumant toute la confiance que les Flyers avaient en leur gardien.

Parent a mérité ce niveau de confiance en connaissant deux des plus formidables saisons d’un gardien dans l’histoire de la LNH. Entre les années 1973 et 1975, il a remporté 91 matchs, dont 24 par voie de blanchissage, se voyant attribuer le trophée Vézina les deux saisons.

Les Flyers ont été la première équipe d'expansion gagnante de la Coupe Stanley en 1974, avant de répéter l’exploit en 1975, avec Parent comme lauréat du trophée Conn-Smythe, à titre de joueur par excellence des séries éliminatoires, les deux années.

« Le menaçant masque blanc de Bernard Parent était la dernière chose que vous vouliez voir si vous étiez un attaquant adverse dans un match important à l’enjeu, a déclaré le commissaire de la LNH Gary Bettman par voie de communiqué. Le visage souriant et accueillant que protégeait le masque était le premier que vous vouliez voir lorsque vous entriez dans un vestiaire. Imbattable et imperturbable sur la glace lorsque les enjeux étaient les plus élevés, Bernard était un homme chaleureux et grégaire en dehors de la glace qui était vénéré à Philadelphie et adoré dans le monde du hockey. »

Sa carrière a connu une fin abrupte le 17 février 1979, quand il a été atteint à l’œil droit par un bâton qui s’est encastré dans son masque pendant un match contre les Rangers de New York. Parent a été hospitalisé pendant deux semaines et il a subi des dommages permanents à sa vision. Il a été contraint de se retirer à l’âge de 34 ans.

Les Flyers ont retiré son numéro 1 le 11 octobre 1979. Il a été admis au Temple de la renommée du hockey en 1984 et il a été nommé au sein du groupe des 100 meilleurs joueurs de l’histoire de la LNH en 2017.

La fin de la carrière de Parent a marqué le début d’une partie sombre de sa vie. Il s’est ressaisi et il a œuvré comme entraîneur des gardiens des Flyers dans les années 1980 et au début des années 1990. Par après, il a agi à titre d’ambassadeur des Flyers. Charmant et doté d’un bon sens de l’humour, il a marqué l’histoire sportive de Philadelphie comme un des athlètes les plus populaires que la ville n’ait jamais connus.

Jumelé avec son idole

Parent naît dans l’est de Montréal, le 3 avril 1945. Il grandit en idolâtrant le gardien des Canadiens de Montréal Jacques Plante. Dans les rangs juniors, il aide les Flyers de Niagara Falls à remporter la Coupe Memorial en 1965.

Il paraphe une entente avec les Bruins de Boston et il fait ses débuts chez les professionnels à l’automne. Quelques années plus tard, en 1967, on le rend disponible pour le repêchage d’expansion, et les Flyers le sélectionnent.

Parent est un des meilleurs jeunes gardiens en devenir dans la LNH, mais il peine à présenter une bonne fiche au sein des infortunés Flyers. Désespérément à la recherche de renfort à l’attaque, les dirigeants envoient Parent aux Maple Leafs de Toronto, dans un échange impliquant trois équipes, à mi-chemin de la saison 1970-71.

Bien que dévasté à l'époque, Parent a la chance de faire équipe avec son idole d’enfance Plante, qui est en fin de carrière.

« Il possède probablement plus d’aptitudes naturelles que tout autre gardien dans la Ligue », avait dit Plante à l’époque.

Bernie Parent in action in 70s

En 1972, Parent s’entend avec les Screaming Eagles de Miami, dans la nouvelle Association mondiale de hockey (AMH). La concession n’amorce jamais ses activités sur la glace, et Parent aboutit à la place chez les Blazers de Philadelphie. Les Blazers vivotent et Parent quitte l’équipe en 1973 en raison d’une dispute contractuelle. Il ne veut pas retourner chez les Maple Leafs dans la LNH, qui le renvoient donc aux Flyers.

« Je n’ai jamais souhaité partir », clame Parent en revenant à Philadelphie. « Je ne peux pas être plus heureux d’être de retour. »

Parent est tout simplement dans une classe à part au cours des deux saisons suivantes. Il dispute 73 des 78 matchs des Flyers en 1973-74 et il améliore le record de victoires dans la LNH, soit 47, qui a résisté pendant plus de trois décennies. Il domine également la Ligue avec une moyenne de buts accordés par match de 1,89 et 12 jeux blancs.

Parent gagne 12 des 17 matchs qu’il joue en séries. Il blanchit les Bruins de Boston 1-0 dans le match no 6 de la finale, qui concrétise le premier championnat des Flyers.

Parent poursuit sur sa lancée en 1974-75, avec 44 victoires, 12 par jeux blancs, et une moyenne de 2,04.

Il est encore meilleur en séries, présentant une fiche de 10-5, avec quatre blanchissages, et une moyenne de 1,89. Il signe un autre jeu blanc dans le match no 6 de la finale contre les Sabres de Buffalo, qui pave la voie au deuxième championnat de suite des Flyers.

Parent manque la majeure partie de la saison 1975-76 en raison d’une blessure au cou qui va l’incommoder pendant le reste de sa carrière.

Il tire sa révérence en 1979 avec un dossier de 271 gains, 198 défaites et 119 verdicts nuls en 608 matchs ainsi qu’une moyenne de 2,55 buts accordés et 54 blanchissages.

À la retraite, il remet les grosses jambières une seule fois, à l’âge vénérable de 66 ans, pour le match des anciens Flyers contre les Rangers à l’occasion de la Classique hivernale Bridgestone 2012. Il est d’office pendant seulement cinq minutes, stoppant les cinq tirs auxquels il est confronté.

Écrit en collaboration avec le journaliste Robert Laflamme