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NEW YORK – Des huées bien nourries résonnaient dans les gradins du Madison Square Garden dans les dernières minutes d’un revers de 2-1 des Rangers contre les Blackhawks, lundi soir. Cette grogne faisait contraste avec la musique qui jouait dans le vestiaire de l’équipe adverse immédiatement après la rencontre.

Les Blackhawks ont célébré cette victoire au son de la chanson « The Best » de Tina Turner. Nick Foligno, le capitaine de l’équipe, est celui qui a instauré cette nouvelle tradition. Au cœur d’une reconstruction, Foligno et ses coéquipiers n’ont pas souvent l’occasion de célébrer cette saison avec un dossier de 9-17-2.

Pour ce passage à Manhattan, les Blackhawks ont freiné une série de cinq revers d’affilée, mais ils ont aussi offert une première victoire à leur nouvel entraîneur en chef, Anders Sorensen. Après un revers de 4-2 contre les Jets de Winnipeg à ses débuts après le congédiement de Luke Richardson, Sorensen a mené les siens dans le bon chemin.

Sorensen est devenu le premier entraîneur originaire de la Suède à gagner un match dans la LNH.

« C’est excitant et c’est une bonne chose pour l’équipe aussi, a-t-il dit. Nous nous retrouvions dans une période creuse. J’ai aimé le caractère des gars dans cette victoire. Nous avons plié un peu sans jamais casser. »

« C’est un bon sentiment, a renchéri Connor Bedard. Il vient d’arriver, mais nous voyons déjà son enthousiasme derrière le banc. C’était bien de le voir obtenir un premier gain. J’espère que nous partirons sur une série de victoires. »

Bedard a eu son mot à dire dans ce triomphe face aux Rangers. En deuxième période, il a réalisé une belle passe pour Taylor Hall qui a touché la cible contre Igor Shesterkin sur une descente à deux contre un. C’était ce qui devait s’avérer le but vainqueur.

CHI@NYR: Le tir de Hall se retrouve derrière Shesterkin

« J’ai vu qu’il y a un joueur qui s’est aventuré trop loin, a expliqué Bedard. Dickinson m’a fait une belle passe et j’ai pu partir pour une descente à deux contre un. Tu n’as pas souvent une telle chance. Nous en avons profité pour marquer un gros but. »

Un joueur plus complet

Bedard attendait patiemment devant son casier la fin de la mêlée de presse de Taylor Hall avant de s’entretenir avec les médias. Il regardait la feuille de match pour passer le temps.

Son nom y figurait à deux reprises : une fois pour sa passe et une autre fois pour une punition en première période.

À sa deuxième saison dans la LNH, le centre de 19 ans mène son équipe avec 21 points (cinq buts, 16 passes) en 28 rencontres. Ryan Donato (15 points), Teuvo Teravainen (13 points) et Hall (12 points) le suivent dans la colonne des points. Les Blackhawks n’ont donc pas une grande machine offensive.

Dans l’entourage des Blackhawks, on raconte que l’ancien prodige des Pats de Regina travaille pour devenir un joueur plus complet. On a déjà entendu ce refrain assez souvent à Montréal avec un ailier comme Cole Caufield. On ne compare pas le talent de Bedard à celui de Caufield, mais c’est simplement pour placer les choses en contexte. Il s’agit d’une réalité qui frappe tous les jeunes joueurs.

« Je pense que oui, je deviens un joueur plus complet, a noté Bedard. Je cherche toujours à améliorer l’ensemble de mon jeu. Il y a encore des endroits où je dois mieux jouer, mais c’est la même chose pour tous les joueurs. Je dirais que je préconise un jeu plus complet cette saison et j’ai de meilleures présences en territoire défensif. »

Bedard connaîtra dans le futur des saisons de 100 points ou plus. Mais il aura besoin de temps. Nathan MacKinnon a frappé ce chiffre symbolique à sa dixième saison avec l’Avalanche du Colorado. À ses cinquième, sixième et septième campagnes, MacKinnon avait amassé plus de 90 points. À sa deuxième année au Colorado, le joueur originaire de la Nouvelle-Écosse n’avait récolté que 38 points en 64 matchs. Cette deuxième saison ne l’a pas empêché de devenir l’un des meilleurs joueurs sur la planète.

Pour Bedard, il faut donc une petite dose de patience. Dans 15 de ses 28 matchs cette saison, le 98 n’a pas obtenu de point.

« Je n’y pense pas (aux chiffres offensifs), a-t-il affirmé. Je veux produire, je veux être un joueur d’impact. Si les chiffres ne sont pas aussi bons, je me regarde dans le miroir. Je ne blâmerai personne d’autre. J’ai besoin de rester patient, mais je n’accepte pas les excuses. Je veux amener mon jeu à un autre niveau et je travaille pour y arriver. »

Sorensen, qui n’a qu’une faible expérience de deux matchs avec le numéro 98, a dressé un bilan positif de ce minuscule échantillon.

« Connor joue très bien. Il comprend ses responsabilités. Un joueur de talent comme lui a besoin de liberté sur la glace. Mais je trouve qu’il suit bien les consignes et il achète notre système. Je lui lève mon chapeau puisqu’il se retrouve toujours sous les réflecteurs. Il a joué un très bon match contre les Rangers. Il a été très bon. »

Bedard a gravé son nom sur le trophée Calder, remis à la recrue de l’année, grâce à une production de 61 points (22 buts, 39 passes) en 68 matchs l’an dernier.