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ARLINGTON, Virginie – Dans sa jeune carrière de hockeyeur, Antoine Keller est à la poursuite de deux rêves.

L’un est de devenir le deuxième gardien né en France à jouer dans la LNH. L’autre est de représenter son pays aux Jeux olympiques.

Sélectionné au septième tour (206e au total) du repêchage de 2023 par les Capitals de Washington, Keller a du pain sur la planche s’il veut atteindre la LNH, mais il franchira une étape importante cette saison quand il jouera au hockey professionnel en Amérique du Nord pour la première fois après avoir signé un contrat d’un an avec les Bears de Hershey, le club-école des Capitals dans la Ligue américaine de hockey (LAH).

Keller est beaucoup plus près de réaliser son rêve olympique. Bien que le Dijonnais n’ait que 20 ans, il devrait figurer sur la liste des trois gardiens de l’équipe nationale française qui participera aux Jeux de Milano Cortina l’hiver prochain.

« Pour chaque hockeyeur, c’est un rêve de jouer aux Olympiques, a soutenu Keller lors du camp de développement des Capitals plus tôt ce mois-ci. Ce n’est pas ma priorité présentement, mais je pourrais jouer aux Olympiques, et je ferai tout en mon possible pour que ça se produise. »

Aucun gardien ne figure sur la liste préliminaire de six joueurs que devait présenter l’équipe française le mois dernier. Toutefois, au sein d’une sélection nationale qui se concentre sur le développement de ses jeunes joueurs alors qu’elle sera l’hôte du Championnat du monde 2028 de la FIHG et des Jeux olympiques d’hiver de 2030 dans les Alpes françaises, Keller semble faire partie des plans d’avenir.

Lors du dernier Championnat du monde, la France a donné le filet pour quatre de ses sept matchs au plus jeune de ses trois gardiens.

« Je ne veux pas parler pour l’entraîneur, mais il y a une très bonne chance qu’Antoine fasse partie de l’équipe », a déclaré l’ancien gardien de la LNH Cristobal Huet, entraîneur adjoint avec Équipe France et entraîneur des gardiens du Lausanne HC, l’équipe de Keller la saison dernière dans la National League, meilleure ligue professionnelle en Suisse. « Nous avons adopté une approche selon laquelle nous devons donner à nos jeunes gardiens un baptême du feu au Mondial afin qu’ils apprennent de cette expérience. Ils peuvent regarder, ils peuvent jouer. Ils vont peut-être échouer, mais ils vont se relever. »

Bien que la France ait compilé une fiche de 0-6-1 et marqué seulement huit buts au Championnat du monde, Keller a aidé les Bleus à obtenir leur seul point du tournoi en effectuant 47 arrêts dans une défaite de 4-3 en prolongation contre la Finlande. Les statistiques de Keller lors du tournoi (0-3-1, moyenne de buts alloués de 3,98, taux d’efficacité de ,897) ont été ternies par une défaite de 5-2 contre l’Autriche, au cours de laquelle il a été chassé du match après avoir cédé trois fois sur quatre lancers. Autrement, il a très bien fait. Il a notamment effectué 33 arrêts dans une défaite de 2-1 contre la Slovaquie, et il a offert une solide prestation de 32 arrêts dans un revers de 4-0 contre la Suède, une formation qui comptait plusieurs vedettes de la LNH comme Filip Forsberg des Predators de Nashville, Mika Zibanejad des Rangers de New York et Lucas Raymond des Red Wings de Detroit.

« J’ai joué contre la Finlande, j’ai joué contre la Suède, a énuméré Keller. Ils ont de très bons joueurs. Quand tu te prépares pour une mise en jeu et que tu te trouves près de Zibanejad et Forsberg, c’est pas mal cool. Ils sont tellement habiles. Tu dois être à 100 % tout le temps, et je crois que j’ai plutôt fait du bon travail dans ces matchs.

« C’était agréable de représenter la France. J’en suis très fier. »

Keller tente de suivre les traces d’Huet, qui a participé aux Jeux olympiques de 2002 à Salt Lake City – la dernière apparition de la France au tournoi olympique de hockey sur glace – avant de devenir le premier gardien français à jouer dans la LNH avec les Kings de Los Angeles en 2003. Huet, qui a passé sept saisons dans la Ligue (2003-2010) avec les Kings, les Canadiens de Montréal, les Capitals et les Blackhawks de Chicago, a pu constater de près le potentiel de Keller à Lausanne dans la dernière année.

Keller a compilé une fiche de 5-5-0 (3,16 ; ,894) en 13 parties dans la National League.

« C’était une superbe occasion pour lui de se développer chez les professionnels. Ce n’est pas facile pour un joueur de 19 ans d’évoluer dans une ligue si compétitive, a affirmé Huet. Ce n’est pas la LNH, mais la scène est grande et l’enjeu l’est tout autant. C’est compétitif, alors c’était bien de voir à quel point il s’est ajusté au cours de la saison et a évolué dans toutes les facettes ; pas seulement les éléments techniques, mais aussi le mental. »

Keller a avoué qu’il aurait aimé jouer davantage avec le Lausanne HC, mais qu’il a quand même apprécié l’expérience. Il a notamment disputé trois matchs de la Ligue des champions de hockey, compilant une fiche de 2-1-0 avec une m.b.a. de 2,14 et un taux d’efficacité de ,889.

Cela dit, quand les Capitals lui ont offert un contrat de la LAH en vue de cette saison, il a saisi l’occasion.

« Quand tu as l’occasion de signer un contrat et de jouer dans les rangs mineurs pour une organisation comme Washington, tu dois la saisir, a-t-il expliqué. Mon objectif principal est de jouer dans la LNH, alors venir ici et m’acclimater à la petite patinoire aux côtés de joueurs qui ne sont qu’à un rappel de la LNH, je crois que ce sera fantastique pour mon développement. »

Keller pourrait évoluer cet automne avec les Bears, dans la LAH, ou encore avec les Stingrays de la Caroline du Sud, club-école des Capitals dans la ECHL. Braden Holtby et Philipp Grubauer, notamment, étaient passés par les Stingrays avant de joindre à temps plein l’organisation des Capitals quelques années plus tard.

« À mon avis, nous avons fait du très bon travail en faisant gravir les échelons à nos gardiens, de la ECHL à la LAH, et ensuite à la LNH », a noté le directeur général des Capitals, Chris Patrick. « Et maintenant, la stratégie avec [Keller] devrait être la même. J’espère qu’il pourra suivre le même chemin que nos autres gardiens. »

Évoluer dans la ECHL et dans la LAH pourrait également aider Keller à se préparer pour les Jeux de Milano Cortina, où il ferait face aux meilleurs joueurs du monde. Les joueurs de la LNH participeront au tournoi olympique pour la première fois depuis les Jeux de Sotchi en 2014.

Les gardiens ne font pas la force d’Équipe France depuis que Huet a accroché ses patins, mais Keller pourrait éventuellement remédier à la situation s’il se développe adéquatement.

« Pour notre pays, avoir un gars comme lui nous aidera beaucoup, a souligné Huet. Il y avait un trou au sein de l’équipe nationale. Ce n’était pas facile de trouver des gardiens qui pouvaient se battre au niveau international, mais nous en avons maintenant. Quand tu veux gagner, tu dois exceller à cette position. »