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SUNRISE, Floride – Jeremy Swayman est donc humain.

On commençait à l’oublier vu l’impressionnant rendement du gardien des Bruins de Boston depuis le début des séries. Les Panthers de la Floride se sont chargés de le ramener sur le plancher des vaches, lui et ses coéquipiers, à l’occasion du deuxième match de la série. Abruptement, à part ça.

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Ils l’ont chassé du match en le déjouant quatre fois sur 23 lancers, en route vers une convaincante victoire de 6-1 qui leur a permis de niveler les chances avant de s’envoler vers Boston.

« Il a été fantastique, a lancé l’entraîneur Jim Montgomery. J’ai pensé à le retirer pour le début de la troisième. Quand ils ont marqué le quatrième but (en début de troisième), j’ai décidé qu’il était temps de faire le changement. Vous savez, il a fait deux gros arrêts avant ce but. »

Régulier comme les aiguilles d’une horloge, Swayman n’avait pas donné plus de deux buts en sept départs avant cette soirée fatidique. La dernière fois qu’il avait cédé plus de trois fois, c’était le 9 avril, il y a presque un mois jour pour jour. Tout ça appartient maintenant au passé.

Les Panthers avaient promis de lui compliquer la vie, et c’est exactement ce qu’ils ont fait. Ils l’ont battu sur une déviation, sur un retour de lancer, sur un tir voilé et sur un échange parfait à l’embouchure du filet.

« Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai hâte au prochain match, a lancé Swayman, fièrement. On apprend de ça et on tourne la page. On ne se laissera pas emporter dans ce vestiaire. Nous avons tellement la foi en l’un et l’autre, en cette ville, il n’y a pas grand-chose qui peut nous déranger. »

Il serait trop simple d’attribuer l’odieux de la défaite au gardien. Sa brigade défensive s’est écroulée comme un véritable château de cartes devant lui. Les revirements ont été beaucoup trop nombreux et le voyant lumineux du réservoir d’essence clignotait sur le tableau de bord des Bruins.

Les deux pénalités dont ils ont écopé au deuxième vingt ne leur a pas coûté de but, mais elles ont coupé leur rythme et ont épuisé ce qui leur restait d’énergie. Ils ont accordé trois buts au cours de cet engagement et en ont donné six sans riposte.

Linus Ullmark n’a guère fait mieux en relève, cédant deux fois sur 10 tirs. Le capitaine des Panthers, Aleksander Barkov, a été dominant avec sa récolte de deux buts et deux aides, tandis que Sam Reinhart a amassé quatre passes. Brandon Montour s’est lui aussi distingué avec un but et deux aides.

« On a eu l’air de ce qu’on doit avoir l’air, a dit le pilote des Panthers, Paul Maurice. Nous avons trouvé notre rythme et imposé le jeu physique après un lent départ. »

Il s’agissait pour les Bruins d’un cinquième match en neuf soirs, dans une troisième ville différente. C’est un rythme assez éreintant, même pour les scribes qui ne font que regarder les matchs et taper sur un clavier.

À un moment ou à un autre, il fallait s’attendre à ce qu’ils connaissent une baisse de régime. Pour Swayman, qui en était à un huitième départ de suite, et pour l’équipe en entier.

« Je ne crois pas que la charge de travail ait été un problème pour Jeremy, a défendu Montgomery, calme malgré tout. La charge de travail a affecté notre niveau d’efforts, ce soir. On n’avait pas de jus. »

La table est mise

Une fois qu’ils ont complètement perdu le contrôle de l’aspect « hockey » du match, les Bruins ont tenté de mettre la table pour le prochain, qui sera disputé au TD Garden, vendredi. Ils l’ont fait en jouant aux gros bras plutôt qu’en tentant de réduire l’écart.

Les escarmouches ont été nombreuses – et violentes – et les inconduites de match ont été distribuées comme des petits pains chauds. Six joueurs de chaque côté ont été forcés d’aller regarder la fin de la rencontre à la télévision pour éviter les débordements. Ils sont survenus malgré tout.

« Il y a tellement de confiance dans ce vestiaire, a souligné Swayman. En voyant la manière dont nous avons répondu, ça prouve qu’on ne reculera jamais devant rien. Il y a tellement de raisons d’être excités pour le prochain match. »

Même David Pastrnak a décidé de jeter les gants face à Matthew Tkachuk. Ça donne une idée de l’ampleur de l’animosité qui régnait en troisième période.

« La rivalité se bâtit depuis l’année dernière, a conclu le capitaine Brad Marchand. Le jeu est physique et ça crée beaucoup d’émotions. Il y a eu plusieurs bonnes batailles. Les gars donnent tout de chaque côté et les deux équipes veulent gagner. Ce sera une série physique. »

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 0,3

On dit souvent que les buts en fin de période cassent les reins de l’adversaire. Gustav Forsling l’a fait à la perfection en donnant deux buts de priorité aux siens, portant la marque à 3-1, avec 0,3 seconde à écouler en deuxième période. Les Bruins ne s’en sont pas remis.

L’insulte à l’injure

Non seulement les locaux ont complètement dominé les deux dernières périodes de ce match, ils se sont servis de la débandade des Bruins pour régler le dossier du jeu de puissance.

Blanchis en 11 occasions en saison régulière et à leurs sept premiers déploiements de cette série, les Panthers ont enfin débloqué grâce au deuxième but de Barkov en troisième période. Ils ont conclu le match avec une fiche de 1-en-6, ce qui n’est pas extraordinaire, mais ils ont au moins obtenu un but.

BOS@FLA: Barkov marque son deuxième but de la soirée

Montour a ajouté l’insulte à l’injure en touchant la cible alors que les Panthers évoluaient en désavantage numérique. Il a célébré dans le visage de Marchand, ce que ce dernier n’a pas vraiment apprécié.

Le boulier a payé

Non, on ne parlera pas ici de la loterie du repêchage. On soulignera toutefois la décision de Paul Maurice de jongler avec ses deux premiers trios pour tenter de générer une étincelle.

Parce que rien ne laissait présager une telle domination après la première période. Les Bruins ont marqué le premier but, l’œuvre de Charlie Coyle, et ont retraité au vestiaire avec l’avance. Les Panthers, eux, ressemblaient à l’équipe qui s’était inclinée 5-1 au premier match.

Maurice a replacé Barkov avec Vladimir Tarasenko et Sam Reinhart, puis a jumelé Anton Lundell avec Carter Verhaeghe et Matthew Tkachuk. C’était la formule qu’il avait adoptée après la blessure à Sam Bennett dans la série face au Lightning, et il y est revenu – avec succès.

L’arbre qui cache la forêt

La bonne chose avec l’allure qu’a prise la troisième période, c’est que les représentants des Bruins ont été questionnés davantage au sujet des échauffourées qu’à propos du match en soi. C’est à peu près le seul aspect dans lequel ils ont fait jeu égal avec les Panthers dans ce deuxième duel.

Il est cependant permis de relever que la troupe de Montgomery n’a décoché que cinq tirs dans les 25 dernières minutes, et qu’elle a conclu la rencontre avec seulement 16 lancers sur la cage de Sergei Bobrovsky. Il y aura des ajustements à faire, et ça ne passera pas seulement par le jeu physique.