TORONTO – S’il s’agissait bel et bien du dernier match de ce fameux noyau des Maple Leafs de Toronto, il aura été à l’image de sa réputation : un écroulement sans équivoque, au moment où ça compte le plus.
Cette fois, ça s’est traduit par une humiliante défaite de 6-1, une deuxième de suite à domicile par cette marque, dans le septième match de cette série de deuxième tour face aux Panthers de la Floride. Il y a encore eu de bruyantes huées au Scotiabank Arena, et des chandails lancés sur la patinoire, certains même pendant le jeu.
Après cette autre élimination hâtive – une septième défaite en autant de matchs ultimes pour ce noyau – les ténors ont à nouveau défilé devant les médias pour tenter des explications.
« Je crois qu’on est tous tannés de passer par là », a lancé le capitaine Auston Matthews.
Le directeur général Brad Treliving avait pourtant pris les grands moyens pour éviter que le scénario se reproduise. Pour que les Leafs passent enfin le deuxième tour, une étape qu’ils n’ont pas franchie en 23 ans.
Nouvel entraîneur, nouveau capitaine, des joueurs de soutien plus expérimentés – certains qui ont même gagné la Coupe Stanley avec les Panthers, l’an dernier. Il avait toutefois choisi de conserver son noyau intact, celui-là même qui n’avait jamais réussi à livrer la marchandise sous pression.
Ce nouvel échec est peut-être la preuve ultime que ce n’est pas une formule gagnante que de bâtir autour des attaquants Auston Matthews, Mitch Marner, William Nylander et John Tavares.
« Je ne pense pas que le moment soit trop grand pour eux, a observé l’entraîneur Craig Berube, qui est entré en poste, cette saison. On est allés à Ottawa gagner le sixième match et la série au premier tour. Nous sommes allés en Floride pour forcer la tenue d’un septième match. Le moment n’est pas trop grand.
« À mon avis, tout est entre les deux oreilles. Nous n’avons pas exécuté le plan au cinquième match. Nous ne l’avons pas exécuté, ce soir. Je ne sais pas comment l’expliquer. Mais c’est ce qui résume la série. »
Il y a effectivement matière à se gratter la tête chez les Maple Leafs.
Ils ont pris le contrôle de cette série contre les champions en titre en remportant les deux premiers matchs de façon convaincante. Ils étaient à un but en prolongation de se bâtir une avance de 3-0 au troisième duel. Les Panthers ont comblé un retard de deux buts dans ce match pour éventuellement l’emporter.
Puis, tout s’est écroulé. La confiance, l’attitude et la détermination. Ils ont encaissé trois revers de suite avant de finalement montrer signe de vie au sixième match. Et tout s’est évanoui à nouveau, dimanche.
Les Panthers ont inscrit trois buts en l’espace de 6:24 au deuxième engagement, et ce fut la fin des émissions. Les Maple Leafs n’ont montré aucune combativité, aucune volonté de stopper l’hémorragie ou de tenter une remontée. Ils ont servi de tapis d’entrée aux Panthers pour le reste de la soirée.
« Il y avait trop de passagers, a tenté Matthews. Nous n’étions pas sur la même longueur d’onde. »
« Je crois que ce sont les bons mots pour expliquer la défaite, a appuyé Mitch Marner. On ne peut pas avoir de passagers dans un match ultime. Ça craint, tout simplement. Il faut qu’on ait de plus hauts standards. Nous devons tous être meilleurs. »
Une autre chance?
Difficile d’expliquer qu’ils en viennent à un tel constat après une saison de 52 victoires et 108 points, autrement qu’en s’attardant à la pression que ce groupe a de la difficulté à gérer. Les nombreux échecs du passé hantent manifestement ce vestiaire, et ils étouffent les gros canons quand vient le temps de se lever.
Matthews et Marner peuvent bien pointer du doigt certains de leurs coéquipiers, il reste qu’ils ne les ont pas guidés comme ils devaient le faire dans cette série. Ils ne l’ont d’ailleurs jamais vraiment fait au printemps, et c’est ce qui explique pourquoi les Leafs n’ont gagné que deux séries en neuf ans.
« Je crois qu’il y a ce feu au sein de cette équipe, a argué Berube. Je ne peux pas m’expliquer ce qui s’est passé dans les deux derniers matchs à domicile. Évidemment, il faut regarder ça et avoir des discussions comme organisation. »
La question est la même à chaque fin de parcours depuis des années : est-ce que ce noyau mérite une autre chance de tenter de briser la malédiction?
« Je crois qu’il faut avoir la foi à l’interne, peu importe la situation, a indiqué le défenseur Morgan Rielly, qui était là avant même la formation du noyau d’attaquants. C’est là où nous en sommes. »
Les Maple Leafs en sont peut-être à la croisée des chemins. Comme Marner et Tavares doivent accéder à l’autonomie complète, le 1er juillet, le noyau pourrait bien imploser. Quand la recette a été tentée aussi souvent sans que le gâteau lève, il serait fou de recommencer en espérant un résultat différent. Non?
« Je sais que vous aurez tous votre opinion, et que l’état-major prendra des décisions, a dit Tavares en indiquant qu’il souhaitait demeurer dans la ville reine. Nous formons une très bonne équipe qui a fait beaucoup de bonnes choses. On n’a simplement pas trouvé le moyen de passer à la prochaine étape.
« On n’abandonnera jamais. On ne cessera jamais d’essayer. »