EAST MEADOW, New York – Brock Nelson a pris une pause et s’est excusé de devoir prendre un moment pour se ressaisir et pour essuyer les larmes avant qu’elles ne coulent sur son visage.
Le joueur de centre des Islanders de New York était en train de raconter comment il a annoncé à son grand-père, Bill Christian, qu’il avait été choisi par les États-Unis pour participer à la Confrontation des 4 nations. Christian est un ancien attaquant qui a remporté la médaille d’or avec les États-Unis lors des Jeux olympiques 1960 de Squaw Valley.
« Je l’ai appelé », a amorcé Nelson, ses yeux se remplissant de larmes. « Il était assez émotif. Ma grand-mère Carol est décédée le printemps dernier, en mars, et ça signifiait beaucoup pour lui. Il a été envahi par les émotions. »
Comme son petit-fils, Christian a admis qu’il devient émotif chaque fois qu’il parle de Nelson qui est l’un des 13 attaquants des États-Unis pour la Confrontation des 4 nations. Le tournoi va rassembler les meilleurs joueurs de la LNH des États-Unis, du Canada, de la Finlande et de la Suède à Montréal et à Boston, du 12 au 20 février.
« Ça signifie tout », a affirmé Christian en entrevue avec LNH.com depuis son domicile de Bemidji, au Minnesota. « Le hockey est une partie importante de notre vie, et le hockey international est la meilleure chose parce que nous avons joué aux Olympiques et dans des tournois mondiaux. Brock va vivre la même expérience, et j’en suis fier. C’est véritablement un cadeau. Le moment ne pourrait pas mieux tomber pour tout le monde. Ça fait partie de notre vie. »
Nelson ne veut pas être vu autrement qu’un joueur qui va tenter d’aider les États-Unis à remporter le tournoi le mois prochain.
Mais il est plus que ça, et il le sait.
Nelson est le plus récent représentant de sa famille sur la scène du hockey international avec les États-Unis.
Gordon Christian, le grand-oncle de Nelson, a gagné la médaille d’argent aux Jeux olympiques 1956 de Cortina d’Ampezzo. Bill et son frère, Roger Christian, ont remporté l’or en 1960. Dave Christian, le fils de Bill et l’oncle de Nelson, a joué avec l’équipe du « miracle sur glace (Miracle on Ice) » qui a remporté l’or aux Olympiques 1980 de Lake Placid. Il a ensuite disputé 1009 matchs en carrière dans la LNH, amassant 773 points (340 buts, 433 passes).
« C’est unique », a dit Nelson à propos de ses racines au sein de USA Hockey. « Ça me donne des frissons. En grandissant, je ne le réalisais pas vraiment. Ils étaient simplement des membres de la famille. C’était d’abord mon grand-père. En vieillissant, je joue moi-même, j’en apprends plus sur le sport et sur USA Hockey et je constate ce qu’ils ont accompli. Ça rend tout ça encore plus spécial. »
Après avoir pris leur retraite, Bill et Roger Christian ont fondé la Christian Brothers Hockey Company à Warroad, leur ville natale au Minnesota. Les bâtons en bois Chrisitan Brothers étaient parmi les plus populaires et ils ont été utilisés par des joueurs de la LNH jusque dans les années 1990. Nelson utilisait ces bâtons en jouant avec son grand-père sur la patinoire extérieure lorsqu’il était petit.
« Il est l’une des raisons pour lesquelles je suis ici, a mentionné Nelson. Il m’a beaucoup aidé quand j’étais petit et il m’a appris à aimer ce sport. Je lui dois beaucoup. »
Nelson se souvient de Bill qui pelletait une partie de la rivière Warroad quand elle était gelée pendant l’hiver, afin qu’ils puissent jouer au hockey.
« Il possédait un beau hangar à bateau, s’est remémoré Nelson. Il y avait une patinoire extérieure à Warroad, mais mon grand-père enlevait toujours la neige sur une partie de la rivière. Il avait quelques amis qui faisaient la même chose, donc nous avions toujours un endroit pour jouer. C’était génial. »
Bill Christian a renchéri : « Je le faisais pour moi-même et ensuite pour mon fils, puis j’ai eu un petit-fils tout aussi passionné par le hockey, donc nous profitions de chaque occasion de jouer sur la rivière. Il revenait de l’école sur l’heure du midi et nous allions patiner pendant 30 ou 40 minutes. C’était beau de le voir grandir et se développer. On a su à un jeune âge que c’est ce qu’il souhaitait faire. Il voulait jouer au hockey et il y est certainement arrivé. »
Nelson a confié qu’il s’agit de ses plus beaux souvenirs d’enfance. Il a ajouté qu’il n’avait aucune idée, à l’époque, de ce que son grand-père et son oncle David avaient accompli dans le hockey et de l’impact de leur médaille d’or. Au fil du temps, il a appris les exploits de son grand-père en posant des questions et en se faisant raconter des histoires. Il en a appris plus sur son oncle et l’équipe de 1980 avec le film Miracle, sorti aux États-Unis le 2 février 2004 quand Nelson avait 12 ans.
« Je me souviens que j’avais environ 10 ans quand j’ai vu leur médaille, a raconté Nelson. Je les vois encore comme mon père et mon oncle David. Nous avons une belle famille de hockey et je suis chanceux d’en faire partie et d’avoir grandi dans cet environnement. »
C’est maintenant au tour de Nelson de représenter sa famille sur la scène mondiale.
Il est âgé de 33 ans et a disputé 888 matchs dans la LNH, tous avec les Islanders, amassant 562 points (290 buts, 272 aides), dont 31 (15 buts, 16 mentions d’aide) en 48 rencontres cette saison. Il est cinquième dans l’histoire des Islanders au chapitre des buts et des parties jouées. Il a représenté les États-Unis au Championnat du monde de la FIHG à cinq reprises (2014 à 2017, 2024) et il a remporté la médaille d’or au Championnat mondial junior de la FIHG 2011.
Le directeur général des États-Unis Bill Guerin a indiqué que Nelson a eu sa place sur l’équipe de 23 joueurs en raison de sa polyvalence.
« Il est un couteau suisse », a vanté Guerin à LNH.com. « Il peut tout faire. Il peut jouer au centre ou à l’aile. Il peut gagner des mises en jeu, écouler des pénalités, jouer en avantage numérique et devant le filet. Il est polyvalent et très intelligent. J’aime son jeu complet. Avec des formations limitées, tu as besoin de joueurs qui peuvent porter différents chapeaux, et c’est son cas. »
Ironiquement, Guerin ne connaissait pas tout l’héritage de Nelson avant de le sélectionner pour le tournoi. Mais il savait ce que ça signifierait pour Nelson, « car il dit oui chaque fois qu’il a l’occasion de représenter les États-Unis. »
Les Jeux olympiques 2026 de Milan et Cortina d’Ampezzo sont-ils la suite logique? Soixante-dix ans plus tard, Nelson suivra-t-il les traces de son grand-oncle Gordon Christian en ayant la chance de jouer pour une médaille olympique en Italie?
Ce serait un rêve, mais Nelson ne veut pas regarder trop loin. Son grand-père, lui, se le permet.
« C’est difficile d’expliquer ce que tu ressens en jouant aux Olympiques, mais je peux dire que les JO de 1980 avec mon fils David ont été plus enlevants que les Jeux auxquels j’ai participé, a dit Christian. Si Brock pouvait jouer sur la scène olympique, ce serait beaucoup plus que ce à quoi on s’attendait. »





















