VINCENT DESHARNAIS BADGE DUHAMEL

Vincent Desharnais a passé beaucoup de temps seul avec ses pensées cet été. Son objectif : se sortir du cynisme qu’il éprouvait après une saison 2024-25 marquée par deux transactions, d’abord des Canucks de Vancouver aux Penguins de Pittsburgh, puis des Penguins aux Sharks de San Jose.

« Avec tous les échanges, les hauts et les bas, j’ai beaucoup pris le hockey pour une business et un travail ces derniers mois », a avoué d’emblée le défenseur lavallois à LNH.com dans une entrevue réalisée à la Classique KR10. « Mais ce n’est pas en pensant ainsi que j’ai accédé à la LNH. C’est plutôt en ayant du plaisir et en travaillant fort que j’y suis parvenu. En fin de saison, le travail était encore là, mais le plaisir l’était moins. Il fallait juste que je réfléchisse à ce qui m’a mené ici et ce qui va me garder ici… Avoir du plaisir à me rendre à l’aréna, à jouer au hockey.

« Aujourd’hui, je ressens beaucoup plus d’emballement que de stress. »

Desharnais amorcera la prochaine saison avec les Sharks, avec qui il a disputé ses sept derniers matchs du calendrier 2024-25. S’il se dit aujourd’hui très heureux de faire partie des plans de l’équipe californienne, il avait durement avalé la pilule lorsqu’il avait appris en mars qu’il était échangé pour une deuxième fois en cinq semaines.

« Je comprends que c’est la business du hockey. Tu restes juste un numéro. Ils décident ce qu’ils font avec toi », avait-il dit au collègue Jean-François Chaumont une semaine après la transaction.

Depuis, l’athlète format géant de 6 pi 7 po et 226 lbs a été appuyé par un coach en développement personnel et sent mieux équipé pour réagir aux aléas de la vie parfois instable d’un joueur de la LNH. Le « mode survie » de la dernière saison semble maintenant derrière lui.

« Je me suis fixé un but et des intentions pour la prochaine année afin de savoir où je m’enligne, a expliqué Desharnais. Que je connaisse un bon ou un mauvais match, je ne veux pas que ma routine change, puis je veux être équilibré et à une bonne place mentalement. »

Familier avec le rôle de négligé

Avant de se joindre aux Canucks via le marché des joueurs autonomes l’été dernier, Desharnais n’avait connu que l’organisation des Oilers d’Edmonton depuis sa sélection au repêchage de 2016.

À Edmonton, il a goûté à la gloire et au sentiment d’invincibilité. L’équipe albertaine avait obtenu 50 victoires à sa saison recrue, puis atteint la finale de la Coupe Stanley l’année suivante.

Aujourd’hui chez les Sharks, l’athlète de 29 ans est dans le camp des négligés, mais il ne s’en plaindra pas. Au contraire.

« Depuis le début de ma carrière, partout où je suis passé, j’ai été un négligé, a rappelé l’ancien choix de septième tour. Les gens ont toujours douté de moi. Moi, j’aime ça. C’est là où je suis à l’aise. »

Même s’il n’est pas encore trentenaire et qu’il compte moins de 200 matchs (165) d’expérience dans la LNH, Desharnais agit déjà en jeune vétéran chez les Sharks, qui sont encore au cœur d’une reconstruction.

Les piliers de cette reconstruction, Will Smith, Macklin Celebrini et Michael Misa, ont tous moins de 21 ans. Idem pour les défenseurs Sam Dickinson (19 ans) et Luca Cagnoni (20), qui chercheront à s’établir dans la LNH dès cette saison.

Desharnais avait d’ailleurs de bons mots pour Celebrini, premier choix au total du repêchage de 2024.

« Mack m’a beaucoup impressionné, a-t-il souligné. J’ai surtout aimé son souci du détail en défensive. Je remarque beaucoup quand un centre descend moins profondément dans sa zone afin de pouvoir tricher en attaque, mais Mack, c’est le premier à se replier. Pour un défenseur défensif comme moi, c’est vraiment plaisant, et c’est surtout quelque chose que j’ai très rarement vu chez un jeune joueur de son âge.

« Je vais tout faire pour revivre [ce que j’ai vécu avec les Oilers], mais c’est tout aussi emballant d’être dans une situation de reconstruction, a enchaîné Desharnais. Les attentes sont un peu plus basses, mais c’est plaisant d’être dans le rôle du négligé. »