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Choix de première ronde des Nordiques de Québec au repêchage 1993 de la LNH, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est désormais propriétaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.
Constance et longévité. Ce sont les deux mots qui me viennent automatiquement à l'esprit quand on évoque le nom de Roberto Luongo.

Pour moi, ce sont exactement ces deux éléments - outre son talent, bien sûr - qui lui ont permis de connaître cette étincelante carrière de 19 saisons devant le filet des Islanders de New York, des Panthers de la Floride et des Canucks de Vancouver. Une carrière qui lui vaudra une intronisation au Temple de la renommée du hockey lundi.
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Ses statistiques sont plutôt incroyables. Autant au chapitre des matchs joués que de la qualité des services rendus en termes de moyenne de buts alloués et de taux d'efficacité.
Ce qui m'impressionne d'autant plus, ce sont ses chiffres à ses premières saisons dans la Ligue avec les Islanders et les pauvres Panthers. Les équipes dont il a fait partie pendant les six campagnes qui ont précédé son échange aux Canucks n'ont maintenu une fiche supérieure à ,500 qu'à une seule occasion - les Panthers de 2005-06 avec un rendement de 37-34-11.
Pourtant, son taux d'efficacité n'est jamais descendu sous la barre des ,914 à son premier séjour en Floride. Et ce, malgré un nombre fort élevé de départs année après année. Quand on vous parle de constance, c'est ce qui l'illustre le mieux. Les équipes devant lui avaient beaucoup de faiblesses, mais ses patrons savaient exactement ce qu'ils obtiendraient de sa part.
Disons que plusieurs formations paieraient cher présentement pour compter sur un portier aussi dominant et constant que l'a été Luongo. Certains diront que le hockey a changé depuis cette époque et qu'il se marque beaucoup plus de buts maintenant que le jeu est davantage porté sur l'attaque.
Ce n'est pas faux, mais pour avoir évolué à la même époque, je peux vous confirmer que c'était loin d'être facile de maintenir son taux d'efficacité autour de ,920 derrière une équipe qui avait beaucoup de lacunes et qui accordait autant de tirs que les Panthers du début des années 2000.
Luongo a donc rapidement prouvé sa valeur malgré des succès collectifs fort mitigés. La transaction qui l'a fait passer aux Canucks de Vancouver, en 2006, l'a ensuite propulsé sous les feux de la rampe avec une équipe qui comptait sur d'excellents éléments capables de le soutenir offensivement.
Comme il fallait s'y attendre, les résultats n'ont pas tardé à venir. Luongo a amorcé 75 matchs et signé pas moins de 47 victoires - incroyable quand même! - à sa première saison avec les Canucks, participant du même coup aux séries pour la première fois de sa carrière. Ç'a donné le ton à ses années avec les Canucks, qui ont atteint un sommet quand il est passé à une petite victoire de mettre la main sur la Coupe Stanley en 2011.
C'est aussi à Vancouver qu'il a connu ce qui est, selon moi, le moment déterminant de sa carrière, quand il a décroché le poste de gardien partant de la formation canadienne aux Jeux olympiques. Il avait offert toute une prestation au cours du tournoi (5 MJ : 1,76 - ,927), alors que l'équipe avait toute la pression du monde sur les épaules puisque la compétition se tenait en sol canadien.
Avec sa présence en finale de la Coupe Stanley, cette médaille d'or olympique - remportée grâce au célèbre but en or de Sidney Crosby en prolongation face aux États-Unis - doit se classer très haut dans le palmarès des éléments marquants de sa carrière.
Une question de prestance
Il ne faut pas non plus oublier qu'il a été le capitaine des Canucks pendant deux saisons, même si les règles de la LNH lui interdisaient de porter le « C » sur son chandail. Le fait que l'équipe tenait à lui donner ce rôle en dit long sur l'impact qu'il avait dans ce vestiaire.
J'ai entendu les commentaires de l'un des frères Sedin, cette semaine, qui disait que l'arrivée de Roberto à Vancouver avait complètement changé la dynamique dans le vestiaire. Ça peut être étonnant compte tenu de la réputation qu'ont habituellement les gardiens - plus solitaires et plutôt discrets - mais je pense que la conception que les gens ont du rôle de capitaine est erronée.
On pense souvent que le joueur le plus vocal d'une équipe ferait un bon capitaine. C'est plutôt une question de prestance, et Roberto en avait tout une si l'on se fie aux éloges qu'il reçoit depuis quelque temps. Sa tenue et son rendement sur la patinoire lui donnaient toute la légitimité dont il avait besoin dans ce rôle.
Il n'en manque qu'un
L'intronisation de Roberto rapporte d'abord à l'avant-plan la brillante carrière qu'il a connue. Elle permet aux jeunes qui l'ont vu à l'œuvre à ses dernières années ou qui le connaissent moins de prendre connaissance de ce qu'il a accompli et de la manière dont il a marqué l'histoire du sport. C'est inspirant pour la prochaine génération.
Ça rapporte aussi sur le plancher le brio des gardiens québécois de cette époque, comme Luongo occupe le quatrième rang des gardiens les plus victorieux de l'histoire derrière Martin Brodeur, Patrick Roy et Marc-André Fleury. Ce dernier ne devrait d'ailleurs pas attendre trop longtemps à la fin de sa carrière avant de rejoindre ses compatriotes au Temple.
Fleury sera le dernier de cet âge d'or des gardiens québécois à recevoir une telle reconnaissance. Ça viendra en quelque sorte boucler la boucle… jusqu'au début de la prochaine.
\Propos recueillis par Guillaume Lepage, journaliste LNH.com.*