Varlamov Thibault

Choix de première ronde des Nordiques de Québec au repêchage 1993 de la LNH, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons. Il occupe en ce moment le poste de directeur général de Hockey Québec, poste qu’il quittera en juin, en plus d’être actionnaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.

Si les Islanders de New York et les Penguins de Pittsburgh sont en position d’accéder aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley au moment d’écrire ces lignes, c’est en partie grâce à leur gardien auxiliaire.

Les Islanders ont signé six victoires consécutives et ils occupent le troisième rang de la section Métropolitaine. Semyon Varlamov est invaincu depuis le début du mois d’avril (4-0-0) et il a obtenu le départ dans sept des dix derniers matchs de New York, conservant une fiche de 6-1-0 avec une moyenne de buts alloués de 2,14, un pourcentage d’arrêts de ,933 et un blanchissage. Pendant ce temps, Ilya Sorokin, le numéro un incontesté en début de saison, ronge son frein.

Chez les Penguins, le capitaine Sidney Crosby est en mission et il est la principale raison pour laquelle l’équipe occupe la deuxième place de quatrième as dans l’Association de l’Est, sauf qu’il ne faudrait pas passer sous silence l’apport d’Alex Nedeljkovic.

Le portier américain a été d’office lors des neuf dernières rencontres des Penguins et il n’a pas perdu en temps réglementaire (7-0-2), affichant un taux d’efficacité de ,911. Comme Sorokin dans la Grosse Pomme, c’est Tristan Jarry qui est relégué au rôle de second violon dans la ville de l’acier.

Les Islanders et les Penguins luttent pour leur survie, donc ils n’ont pas le luxe d’attendre que leur gardien numéro un retrouve ses repères. L’entraîneur se doit de faire jouer le gardien qui donne les meilleures chances à l’équipe de l’emporter, et pour le moment, il n’y a aucun doute qu’il s’agit de Varlamov et de Nedeljkovic.

S’ils avaient 108 points au classement et que leur participation aux séries était assurée depuis belle lurette, ces deux équipes pourraient se permettre de travailler avec Sorokin et Jarry et de les préparer pour les séries, mais on est loin de ce scénario. Chaque point disponible est de la plus haute importance, et ce sera vraisemblablement comme ça jusqu’à la fin de la saison.

D’ailleurs, si les séries s’amorçaient aujourd’hui, je suis convaincu que Varlamov et Nedeljkovic seraient les partants de leur formation respective.

Ce n’est pas la première fois qu’on voit des auxiliaires briller de la sorte au moment le plus important. Pensez à Alex Lyon, qui a conduit les Panthers de la Floride en séries dans la dernière ligne droite de la saison passée. Ou encore à Andrew Hammond – le Hamburglar – qui avait conduit pratiquement à lui seul les Sénateurs d’Ottawa dans le tournoi printanier lors de la saison 2014-15. Les Capitals de Washington peuvent encore y croire grâce à Charlie Lindgren; j’en ai parlé dans une chronique il y a quelques semaines. Ce ne sont que quelques exemples qui me viennent en tête.

J’ai de la difficulté à mettre le doigt sur les raisons derrière ce phénomène. Tous les athlètes traversent de bonnes séquences de la sorte. Dans le sport comme dans la vie, on a des hauts et des bas.

Je vais toutefois tenter une explication : le repos. En fin de saison, des gardiens numéro un comme Sorokin et Jarry ont joué beaucoup et ils peuvent être fatigués. Parfois, ils traînent même une petite blessure. Les gardiens auxiliaires sont plus reposés et peut-être plus affamés et solides mentalement. Pour le reste, on peut spéculer.

Dans le cas de Sorokin et de Jarry, ils n’ont d’autre choix que de soutenir leur coéquipier et d’être prêts si on fait appel à eux. C’est ça, être un professionnel.

Comme une vieille paire de pantoufles

Pour revenir à Varlamov, j’ai regardé le match de jeudi entre les Islanders et les Canadiens de Montréal, et je dois dire que le gardien russe semble en pleine confiance. Il s’avance dans son demi-cercle pour défier les tireurs, et il est agressif et vif.

À mon avis, ce n’est pas un hasard qu’il connaisse du succès sous les ordres de Patrick Roy. Ce dernier l’a dirigé avec l’Avalanche du Colorado de 2013 à 2016, et Varlamov a connu la meilleure saison de sa carrière avec Roy derrière le banc. Il avait signé 41 victoires et terminé au deuxième rang du scrutin pour l’obtention du trophée Vézina en 2013-14.

Comme entraîneur, quand tu connais bien tes athlètes et que tu as eu du succès avec eux par le passé, tu entres dans une sorte de zone de confort. C'est un peu comme enfiler une vieille paire de pantoufles. Tu sais de quel bois ils se chauffent et ce qu’ils peuvent te donner dans différentes circonstances. C’est la même chose pour le joueur, qui est souvent en confiance et dans des dispositions optimales sur le plan psychologique. Le joueur et l’entraîneur vont se nourrir mutuellement.

Ce n’est pas pour rien qu’on voit souvent un entraîneur avec une nouvelle équipe demander à son directeur général d’aller lui chercher un joueur qu’il connaît bien et en qui il croit.

Je connais très peu Patrick comme entraîneur, mais je sais qu’il aime les compétiteurs. Il aime voir chez ses gardiens les mêmes qualités qu’il possédait lui-même quand il jouait. On dit qu'il est un entraîneur exigeant envers ses gardiens, mais c’est probablement parce qu’il était très exigeant envers lui-même comme gardien à l’époque. Il était un gamer, comme on dit, donc il s’attend à ce que ses gardiens le soient aussi.

Chose certaine, je ne ferais pas preuve d’excès de confiance en affrontant les Islanders en première ronde, s’ils se qualifient pour les séries. Ils n’ont peut-être pas été dominants cette saison, mais ils ont des joueurs expérimentés qui ont démontré du caractère dans les dernières semaines.

On peut dire la même chose des Penguins.

*Propos recueillis par Hugues Marcil, pupitreur LNH.com

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