030817Forum1996

Une carrière dans la LNH est définie par plusieurs événements. Les joueurs actuels et les anciens chérissent un moment particulier, un match ou encore des exploits plus larges. Au cours de notre série hebdomadaire de huit articles « Savourez chaque moment » présentée par Olymel, huit joueurs vont partager une expérience de hockey qui occupe une place spéciale dans leur cœur. Aujourd'hui, le défenseur Stéphane Quintal, qui a disputé plus de 1000 matchs dans la LNH, revient sur la fermeture du Forum de Montréal.
Stéphane Quintal a assisté à très exactement 30 matchs au Forum de Montréal. Une première fois dans son enfance avec sa sœur grâce à une paire de billets offerts à son père par un vendeur de fenêtres qui tentait de conclure une vente. Une deuxième fois dans l'uniforme des Bruins de Boston à sa saison recrue dans la LNH. Puis 28 fois à sa première campagne dans l'organisation des Canadiens de Montréal.

C'est toutefois son 30e et dernier match dans ce mythique amphithéâtre, disputé le 11 mars 1996, qui représente le moment qui l'a le plus marqué au cours de sa carrière de 1037 matchs dans la ligue.
ARTICLES DE LA SÉRIE « SAVOUREZ CHAQUE MOMENT » : Marcel Dionne | Phil Esposito | Bernard Parent | Patrick Lalime | Thomas Chabot](https://www.nhl.com/fr/player/thomas-chabot-8478469) | Jonathan Huberdeau](https://www.nhl.com/fr/player/jonathan-huberdeau-8476456)
Le sommaire de la rencontre indique que les Canadiens l'ont emporté 4-1 contre les Stars de Dallas. Le capitaine Pierre Turgeon a fait vibrer les cordages, tout comme une jeune recrue, Saku Koivu. C'est toutefois la cérémonie qui a suivi la rencontre qui a marqué les esprits. Les joueurs n'étaient pas en reste, surtout Quintal et les autres francophones de l'équipe.
« Je crois que c'était difficile pour ceux qui n'ont pas grandi ici de bien saisir l'ampleur de ce que ça représentait, a raconté Quintal à LNH.com.
« Pour moi le Forum, c'était un endroit mythique, celui où j'avais vu jouer mes idoles à la télévision. Pour les Québécois, surtout ceux de la région de Montréal, il y avait une autre dimension. »
L'imposant défenseur admet que les joueurs du Tricolore ressentaient une certaine pression pour remporter ce match.
« Quand Maurice Richard, Jean Béliveau, Guy Lafleur et Serge Savard sont présents, c'est certain que tu veux offrir une bonne performance. Tu ne veux pas les décevoir et tu veux gagner le match, a reconnu Quintal. On voulait aussi que le Forum se ferme sur une bonne note. »
L'émouvante cérémonie, animée par Richard Garneau et mise en scène par Denis Bouchard, a donc pu s'amorcer dans la bonne humeur.
Les anciennes gloires de l'équipe sont présentées au public, et le flambeau passe d'un capitaine à l'autre, d'Émile Bouchard à Pierre Turgeon.
L'ovation de près de huit minutes qu'a reçue Maurice Richard lors de sa présentation a été le point culminant de la soirée. Elle est revenue à la mémoire de Quintal tout récemment.
« J'ai repensé à cette ovation lorsque les gens ont voulu rendre hommage à Guy Lafleur au premier match au Centre Bell après son décès, a-t-il souligné. Dans un cas comme dans l'autre, quand l'annonceur tentait de reprendre la parole, les applaudissements repartaient de plus belle. »
Cette saison 1995-96 n'avait pas été de tout repos pour Quintal et ses coéquipiers. Elle s'était amorcée avec le congédiement de l'entraîneur Jacques Demers et du directeur général Serge Savard, remplacés respectivement par Mario Tremblay et Réjean Houle. La transaction de Patrick Roy quelques mois plus tard avait changé le visage de l'organisation.
Au travers tous ces bouleversements, les joueurs devaient se préparer à déménager dans un nouveau domicile.
« Je ne dirais pas que c'était une distraction. Les joueurs n'en parlaient pas, mais on avait quand même hâte, a indiqué Quintal. On allait voir la construction du Centre Molson, ça avait l'air d'être tout un changement, c'était l'un des premiers arénas à la fine pointe.
« Pour les joueurs comme moi qui n'y avaient passé qu'une demi-saison, ou pour des joueurs qui n'avaient pas grandi au Québec, il n'y avait pas des tonnes de souvenirs rattachés à cet amphithéâtre. Je pense que c'était plus émotif pour des joueurs comme Patrice Brisebois et Vincent Damphousse, qui avaient remporté la Coupe à cet endroit moins de trois ans plus tôt en 1993. »
Même s'il ne possédait pas la même quantité de souvenirs que certains de ses coéquipiers, Quintal s'est tout de même imprégné de l'atmosphère de la soirée, qui l'a aidé à comprendre à quel point le lien entre les légendes de l'équipe et les partisans était sincère et profond.
« Je réalise encore plus aujourd'hui, à quel point ils étaient accessibles et dédiés à leurs partisans, a déclaré Quintal. Quand Guy est décédé, je regardais mes réseaux sociaux, et je voyais que presque tout le monde avait une photo avec lui ou un autographe. J'ai fait des tournées avec Guy, et je ne l'ai jamais vu refuser un autographe. »
Au terme de la cérémonie, après avoir fait le tour de la patinoire en compagnie de Turgeon qui brandissait le flambeau, chaque joueur du Tricolore allait rejoindre un ancien pour quitter la glace.
Le partenaire de Quintal : nul autre que Maurice Richard.
« C'est certain que c'est un souvenir marquant. Un moment dont je vais me souvenir pour toujours. »