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EDMONTON - William Dufour pensait bien que c'était terminé. Que tout le chemin parcouru par la formation canadienne au cours de ce Mondial junior n'allait finalement mener qu'à la médaille d'argent.

Bien assis au banc des siens en prolongation, il a vu le tir flottant de Topi Niemela passer au-dessus de Dylan Garand et se diriger tout droit vers le fond du filet. Il a aussi vu Mason McTavish s'interposer au dernier moment, sans trop savoir si son capitaine avait sauvé les meubles.

« Je ne me souviens même pas du sentiment qui m'a traversé pour vrai, a indiqué l'attaquant québécois. Sur le banc, on pensait tous avoir perdu. J'étais juste découragé. La rondelle était dans les airs et il n'y avait plus de gardien. Je ne sais pas comment Mason a fait, mais c'est sûr qu'on va le prendre.
« Le malheur des uns fait le bonheur des autres et en ce moment, c'est nous qui a le bonheur! »
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Tout ça parce que McTavish a réussi d'une quelconque manière à repousser la rondelle au vol avec son bâton, et à la balayer loin du filet alors qu'elle flirtait avec la ligne rouge. Quelques instants plus tard, Kent Johnson marquait à l'autre bout, et le Canada l'emportait 3-2 contre la Finlande.
Dufour et ses coéquipiers sont passés de la déception à la joie ultime en l'espace de quelques secondes.
« C'était assez fou, a dit McTavish. Mon bâton était à la bonne place au bon moment, j'imagine. Je ne sais même pas ce que je faisais derrière le gardien, en fait. À bien y penser, ce n'était pas le meilleur positionnement, mais ç'a fonctionné. »
« J'étais étendu sur la glace et j'ai vu la rondelle passer au-dessus de moi, a relaté le gardien Dylan Garand. J'ai dû regarder la reprise au vestiaire pour comprendre qu'il l'avait frappée en plein vol. C'est un arrêt complètement fou. Je ne peux pas y croire. C'est l'arrêt de l'année, le plus beau que j'ai vu! »
Pour l'entraîneur Dave Cameron, il ne s'agit pas d'une intervention divine ou d'un miracle. C'est simplement le genre de jeu qui fait la différence dans un tournoi comme celui-ci.
« C'est ça le hockey, a-t-il laissé tomber. Nous disons toujours que quand les deux meilleures équipes s'affrontent, ce sont deux ou trois jeux qui vont faire la différence. Leur gardien a fait de bons arrêts tout au long du match. Mason a réalisé ce jeu. C'est ce qui a fait la différence. »
Dans ce contexte, le titre du joueur le plus utile du tournoi qui a été décerné à l'espoir des Ducks d'Anaheim à la conclusion de la rencontre prend tout son sens.
Avec les deux aides qu'il a récoltées, samedi, il a porté sa récolte de points à 17 en sept matchs pour rejoindre Wayne Gretzky (1978) et Eric Lindros au troisième rang de l'histoire pour le plus de points par un joueur canadien en un tournoi.
« Ce sont des joueurs qui sont au Temple de la renommée, a souligné l'attaquant de 19 ans. Si j'ai le quart des succès qu'ils ont connu dans leur carrière, ce sera une victoire pour moi. C'est ridicule d'entendre mon nom dans la même phrase que ceux-là pour être honnête Je suis honoré, mais on dirait que je n'ai pas ma place avec eux. »
La barre est effectivement assez haute, mais seul le temps nous le dira. Et Cameron a la vague impression que son poulain fera jaser pendant longtemps.
« De tous les gars qui ont décidé de faire l'impasse sur le tournoi, Mason avait la meilleure excuse, a-t-il conclu. Il a convaincu les Ducks de le laisser venir ici. Ça dit tout ce qu'il faut savoir sur Mason McTavish. Il sera un très bon joueur dans la LNH pendant plusieurs années et nous avons été chanceux qu'il vienne. »