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SHAWINIGAN- Mavrik Bourque n'hésite pas une seule seconde quand on lui demande s'il vient de traverser la saison la plus éprouvante de sa jeune carrière.

« Et de loin », répond-il avant même que l'on vienne à bout de la question.
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Il fallait s'en douter, quand même. Le capitaine des Cataractes de Shawinigan a souffert de deux blessures qui l'ont limité à seulement 29 matchs jusqu'à maintenant. Ajoutez à cela une expérience écourtée au Championnat mondial junior (CMJ) et une interminable pause de deux mois en pleine saison, en raison de la pandémie.
« Ça n'a pas été facile. Je me suis remis en question, a avoué l'espoir des Stars de Dallas. Je savais que j'étais capable de jouer, mais on ne pouvait pas. Ç'a été ça le plus dur. J'ai réussi à passer à travers et ça va me servir pour le futur. »
L'attaquant de 20 ans a traversé cette tempête, non sans mettre un genou au sol.
« Mentalement, je suis complètement épuisé », nous avait-il confié à la mi-janvier, alors qu'il revenait du Mondial junior, annulé après quatre jours, et qu'il n'y avait encore aucun signe de reprise des activités dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).
« Je n'ai pas été surpris de le voir réagir comme il l'a fait parce que tu ne peux pas être un compétiteur comme lui et ne pas être aussi ''all-in'' dans tout ce que tu fais, a expliqué son entraîneur Daniel Renaud. L'annulation du CMJ, ça l'a mis à terre. Ça l'a fessé. Il a vécu l'émotion négative de façon ''all-in''.
« Ça lui a pris un certain temps pour se relever. Mais Mav, c'est Mav. Ce n'est pas pour rien qu'il fait partie des meilleurs joueurs de la Ligue, autant offensivement que défensivement. »
Bourque prouve les dires de son pilote en maintenant la meilleure moyenne de points par match du circuit junior québécois (2,10) grâce à ses 61 points, dont 17 buts, en 29 rencontres. Il surfe présentement sur une séquence de 22 matchs avec au moins un point, au cours de laquelle il a amassé 15 buts et 36 aides.
En fait, il n'y a que les Remparts de Québec qui ont été en mesure de le tenir loin de la feuille de pointage cette saison. C'était le 28 octobre.
« Il n'y a pas une journée qui passe sans qu'il se lève avec le mandat d'être le meilleur dans tout ce qu'il fait, a vanté Renaud. Il va s'assurer d'avoir les meilleurs repas, d'être le meilleur dans le gym, d'avoir la meilleure écoute dans les séances vidéo. Il se challenge lui-même à être meilleur. C'est ce qui fait qu'il est si bon. »
Ça, et le fait qu'il a désormais assez d'expérience pour bien gérer les aléas d'une saison.
« J'ai réussi à me créer ma propre routine, autant physiquement que mentalement, a-t-il évoqué. Avant, ça pouvait devenir lourd. Maintenant, je sais à quoi m'attendre. Ce qui me permet d'avoir cette constance, c'est que je n'ai plus à penser. C'est un match de hockey, je suis là pour avoir du fun. »
Il n'y a aucun doute : du fun, il en a eu malgré tout. Et quand on regarde l'impact de sa présence sur les résultats de l'équipe, on devine rapidement que son énergie est contagieuse.
Leadership assumé
Ce n'est probablement pas le seul élément à prendre en compte, reste que le constat est assez frappant. Les Cataractes maintiennent une fiche de 24-4-1 quand le capitaine est en uniforme. Lorsqu'ils ont dû se passer de ses services, ils ont affiché un rendement de 15-18-3. Ça ne peut pas être qu'un hasard.
« Sa plus grande progression cette année, c'est dans le vestiaire, a expliqué Renaud. Il a eu un impact incroyable sur l'ensemble du groupe. […] Je n'ai jamais vu un aussi gros changement en termes de leadership en si peu de temps. Pas qu'il ne l'était pas avant, mais il a grandi énormément.
« Je suis obligé de dire que c'est un des plus grands capitaines avec qui j'ai eu la chance de travailler. »
La clé de cette transformation réside simplement dans le fait que Bourque a véritablement été en mesure d'assumer son leadership à sa deuxième saison comme capitaine.
« À 18 ans, ce n'était pas évident, a avoué le Plessisvillois. Il y avait encore des gars de 19 et 20 ans, et je devais apprendre à gérer tout ça. Ça m'a bien servi cette année. J'étais en terrain connu et ça m'a permis de relaxer et de profiter de ma dernière saison.
« Je savais que si j'allais bien et que j'avais une bonne attitude avec les gars, ça allait aider l'équipe. »
Il avait vu juste. Reste à voir l'influence qu'il sera en mesure d'exercer une fois que les séries éliminatoires se mettront en branle. Une chose est sûre, c'est que sa tête est encore toute à Shawinigan malgré son passage chez les professionnels, qui n'est plus qu'une formalité.
« J'ai prouvé que j'étais prêt pour la prochaine étape, que ce soit dans la Ligue américaine ou dans la LNH, a-t-il conclu. J'ai hâte de m'y rendre, mais je préfère ne pas y penser. Je vis le moment présent et je veux gagner ici à Shawinigan. »
PHOTO :Oli Croteau / Cataractes de Shawinigan