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Ce n’est pas un premier but en carrière dans la LNH qui changera l’identité du défenseur québécois Louis Crevier.

« Déjà, j’étais content, parce que je venais de bloquer un tir… »

Les premiers mots de Crevier lorsqu’on lui demande de raconter la manière dont il a vécu l’exploit, mercredi, dans une victoire de 6-2 des Blackhawks de Chicago contre les Stars de Dallas, en disent long sur son état d’esprit actuel.

Le géant de 6 pieds 8 pouces a entamé son deuxième passage avec les Blackhawks, il y a quelques jours, en gardant en tête des principes simples et un jeu défensif impeccable. « C’est la raison pour laquelle je suis ici », dit-il au bout du fil à LNH.com.

Mais un premier but en carrière revêt tout de même une certaine importance aux yeux du principal intéressé, qui a perdu les sens quelques secondes après coup.

« Je me souviens seulement de la réaction de mes coéquipiers, qui étaient très heureux pour moi. C’était vraiment cool!

« [Ilya] Mikheyev a fait un superbe jeu, a-t-il ensuite souligné. Il a débordé à gauche d’un défenseur, et je me suis ‘’perdu’’ derrière l’autre défenseur. Il m’a fait une superbe passe. »

DAL@CHI: Crevier complète Mikheyev pour son 1er but

« C’était incroyable. Ç’a uni tout le monde. Il y avait de l’énergie sur le banc ce soir », avait dit son coéquipier vedette Connor Bedard, après le match.

Crevier en était à son deuxième match de la saison et à un 26e en carrière. L’an dernier, il a fait la navette entre Chicago et Rockford, dans la Ligue américaine (LAH). Ce n’était donc ni une surprise ni une déception pour lui d’être cédé aux IceHogs à la fin du camp d’entraînement, en octobre.

« Je n’ai pas été abasourdi par la décision de l’équipe, affirme-t-il. Au début de l’année, il y a beaucoup de monde dans la LNH et dans la LAH, presque tout le monde est en santé. Oui, il y a le camp d’entraînement, mais l’équipe est presque déjà faite avant même que ça commence. Je m’y attendais un peu. »

Il a ainsi pris son mal en patience. L’attente, cela dit, ne s’est pas éternisée. Seth Jones s’est blessé à un pied il y a moins de deux semaines, ouvrant ainsi la porte au natif de Québec.

Depuis, il fait son boulot dans l’ombre. En plus d’avoir marqué, il a bloqué cinq tirs, obtenu quatre mises en échec et joué près de 50 minutes (49:57) en trois matchs, le sixième plus haut total chez les Blackhawks sur cette période. Rien d’éclatant au chapitre statistique, mais de quoi lui donner espoir de réussir sa première audition de la campagne.

« Je ne sais pas ce qui va se passer demain. J’y vais un jour à la fois, confie-t-il. C’est une chose que j’ai apprise l’an dernier; il ne faut jamais penser à la semaine prochaine, mais bien y aller au jour le jour. Je profite de chaque match que je vais jouer. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, mais j’en profite au maximum. »

Communication et confiance

Louis Crevier n’est pas, de son aveu, l’homme le plus exubérant. Il n’est pas « celui qui va faire les gros speechs dans la chambre », image-t-il. C’est d’autant plus vrai au sein d’un groupe où il est encore l’un des cadets.

Sur la patinoire, toutefois, il prend de plus en plus sa place. Interrogé sur le Québécois jeudi, l’entraîneur-chef des Blackhawks, Luke Richardson, a remarqué du progrès à cet égard, mais également un devoir inachevé.

« Il n’est pas de nature à parler beaucoup, mais il commence à parler un peu plus et ça ne peut que l’aider à apporter son jeu au prochain niveau, a soutenu l’instructeur. Si en plus de se servir de sa grande portée, il peut communiquer davantage pour aider ses coéquipiers, il va devenir l’un de ces défenseurs format géant sur qui tu peux toujours compter. »

« C’est quelque chose que j’ai à améliorer, confirme Crevier. Je dois me faire confiance. Si je vois un jeu possible, je le signale à mes coéquipiers pour les aider. Ça vient avec l’expérience, mais je sais ce que j’ai à faire. »

En attendant que l’expérience rende la chose naturelle, il a l’occasion d’apprendre aux côtés de T.J. Brodie, qui a 928 matchs derrière la cravate. Le vétéran est jumelé à la recrue sur la troisième paire de défense des Blackhawks depuis trois matchs.

« C’est avec lui que je discute le plus pour l’instant, soutient Crevier. Il est un bon gars! Je lui ai dit avant le premier match : si tu vois quelque chose à ajuster, dis-le-moi! »

Un peu de frustration, mais une meilleure énergie

Les Blackhawks (8-13-2) occupent présentement le dernier rang du classement général de la LNH. La reconstruction que vit l’équipe depuis maintenant trois ans et demi, environ, vient avec son lot de hauts et de bas. Crevier en a été témoin pas plus tôt que ces derniers jours.

« Il y a un peu de frustration, avoue-t-il. Il y a beaucoup de matchs où on commence fort, mais où on n’est pas capables de compléter le travail. Nos matchs sont serrés. On pourrait avoir beaucoup plus de victoires présentement.

« Mais le moral est bon si je compare à l’année dernière, nuance Crevier. Je vois une différence. Les gars sont plus motivés. On veut tourner la page sur la dernière saison et grandir en tant qu’équipe. »

La victoire de mercredi face à une grosse pointure comme les Stars est, en ce sens, un pas dans la bonne direction pour les Blackhawks. Et pour Crevier, il s’agira d’un match dont il se souviendra toute sa vie.

« C’était comme dans mes rêves. C’était super. »