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VANCOUVER - En apprenant la nomination de Maxime Comtois à titre de capitaine d'Équipe Canada junior à ma sortie de l'avion à Vancouver, mardi soir, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'une de mes premières rencontres avec l'attaquant québécois.

C'était en mai 2017, à environ un mois du repêchage de la LNH. Il avait accepté de m'accueillir au gymnase de Châteauguay dans lequel il amorçait son entraînement estival pour discuter de la saison qu'il venait de connaître et de ses ambitions en vue du repêchage.
Sur papier, le bilan n'avait rien de reluisant. Le Québécois - que plusieurs classaient dans le top-10 en début de campagne - avait vu sa production diminuer de 60 à 51 points par rapport à sa première saison dans la LHJMQ.
Il avait dû répondre constamment aux mêmes questions à ce sujet. Il avait même profité de son but marqué au Match des meilleurs espoirs de la LCH/LNH pour lancer un message aux médias : « Vous allez peut-être arrêter de m'en parler! »
J'avais décidé d'exaucer ce souhait à l'occasion de cette entrevue de fin de saison. Parce que les intervenants auxquels on parlait répétaient majoritairement la même chose : Comtois avait mieux joué qu'à sa première saison et poursuivait sa progression.
Je voulais savoir comment il avait géré toute cette attention négative et comment il vivait cette dégringolade dans les différents classements en vue du repêchage. Une dégringolade qui, finalement, était davantage due au phénomène du bouche-à-oreille qu'à autre chose.
Le jeune homme de 17 ans à qui l'on avait répété à maintes reprises qu'il serait repêché en première ronde du repêchage de la LNH voyait peu à peu son rêve de monter sur le podium pour enfiler son chandail lui filer entre les doigts sans rien pouvoir y changer.
Calme et posé, Comtois avait eu de la difficulté à expliquer précisément pourquoi sa valeur avait autant diminué en l'espace d'une saison. Il avait répété que ses performances ne s'arrêtaient pas qu'aux points et qu'aux pages de statistiques - trop souvent utilisées pour évaluer un joueur sans l'avoir vu jouer.
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Il jugeait lui aussi être un meilleur joueur qu'au terme de sa saison de 60 points qui l'avait mis « sur la map ».
S'il fallait croire tous les joueurs sur parole, ils seraient probablement tous des choix de première ronde, mais la version de Comtois concordait avec celle de son entraîneur Louis Robitaille et de quelques autres observateurs.
Quelques mois plus tard, le soir de la première ronde, aucune équipe n'a voulu investir en lui. Le doute était trop fort. Le lendemain, il a fallu attendre jusqu'au 50e échelon pour que les Ducks en fassent leur premier choix de l'encan.
Vous commencez à connaître la suite.
Le couteau entre les dents, il a récolté 85 points en 54 matchs à Victoriaville l'an dernier et s'est taillé un poste au sein d'ÉCJ contre toute attente. Cette saison, il a percé la formation des Ducks au terme du camp d'entraînement, a joué 10 matchs dans la LNH et vient d'être nommé capitaine de la formation canadienne.

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De l'attention médiatique, il y en aura au cours des deux prochaines semaines au Championnat mondial junior. Des doutes sur les habiletés de cette équipe, il y en aura… En fait, il y en a déjà depuis la défaite de 5-2 face à la Finlande en match préparatoire.
Et surtout, il y aura de la pression. Tout résultat autre qu'une médaille d'or sera considéré comme un échec.
Comtois n'a pas encore 20 ans, mais il sait mieux que quiconque gérer tout ce bruit extérieur. Il a eu à le faire sur le plan personnel et à un jeune âge. Il peut maintenant prendre tout ça sur ses épaules et c'est sans doute ce qui faisait de lui le meilleur candidat pour porter le prestigieux « C » unifolié.
Il est l'homme de la situation.