Quand on posait des questions à Zdeno Chara à propos de l'Irlande et de la Tchéquie, des Bruins de Boston de 2010-11 et des singeries qu'ils ont faites pendant leur voyage en Europe au début de cette saison, il répliquait avec un grand sourire.
Il n'y avait aucun couvre-feu, aucune vraie limite, a-t-il admis.
Alors que s’est-il passé?
« Vous ne pourrez pas le publier, a-t-il lancé en riant. Il y a eu trop de moments. C'était presque une occurrence quotidienne, il y avait une singerie presque chaque jour. À un certain moment, Claude (Julien, l'entraîneur) nous avait dit quelque chose comme : "OK les gars, soyons un peu plus intelligents". »
Chara avait des étoiles dans les yeux en racontant l'histoire, même s'il refusait de divulguer des détails. Mais alors qu'il décrivait le voyage, il devient évident qu'il existait quelque chose de spécial à propos de cette période que l'équipe a passée ensemble, loin du terrain familier, loin de Boston, loin du TD Garden, loin de leur vie normale dans le hockey.
Cette équipe a ultimement remporté la Coupe Stanley à la fin de la saison.
Et elle n'est pas seule. Depuis 2008-09, quand les Penguins de Pittsburgh ont vaincu les Red Wings de Detroit pour remporter la Coupe après avoir amorcé la saison à Stockholm, en Suède, dans les 10 saisons où la LNH a présenté des matchs de saison régulière à l'étranger, six équipes qui participaient à ces matchs ont terminé la saison en soulevant le précieux trophée. Et cette liste n'inclut pas les Bruins de 2018-19, qui ont entamé la saison avec des matchs préparatoires en Chine avant de s'incliner face aux Blues de St. Louis lors du match no 7 de la finale de la Coupe Stanley.
Il y a peut-être un peu de magie dans ces périples.
Les Predators de Nashville et les Penguins tenteront de vérifier cette hypothèse quand ils s'affronteront à Stockholm dans le cadre de la Série globale Suède 2025 de la LNH présentée par Fastenal, dans deux matchs qui se tiendront au Avicii Arena vendredi (14 h HE; SN, NHLN, FDSNSO, SN-PIT) et dimanche (9 h HE; SN, NHLN, FDSNSO, SN-PIT).
« Je crois qu'il y a un bénéfice à long terme en raison des liens que l’on tisse, a déclaré l'entraîneur des Panthers de la Floride Paul Maurice. Le contexte pour créer des liens est d'une importance primordiale. Si en tant qu'équipe, vous allez au même restaurant ou si vous prenez les mêmes sièges chaque jour, oui, vous êtes ensemble, mais vous avez vraiment besoin que le contexte change afin que vous puissiez modifier, renforcer, et peut-être même créer de nouveaux liens d'amitié, ou peut-être un meilleur sens d'unité. Ça nécessite un grand changement de situation. Je crois que ça crée un processus différent pour établir des liens. »
Ses Panthers, qui ont participé à la Série globale la saison dernière face aux Stars de Dallas à Tampere, en Finlande, ont fini par remporter la Coupe Stanley pour une deuxième saison de suite.
En plus des Panthers et des Penguins de 2008-09, les Blackhawks de Chicago ont participé à la Série NHL Premiere 2009 en Suisse et en Finlande, les Bruins ont participé à la Série NHL Premiere 2010 en Irlande et en Tchéquie, les Kings de Los Angeles ont participé à la Série NHL Premiere 2011 en Allemagne, et le Lightning de Tampa Bay a participé à la Série globale 2019 en Suède, avant de mettre la main sur la Coupe.
« Cela te sort de ta routine, parce qu'une fois que la saison commence, tu as tes habitudes. "On s’en va à Chicago? Parfait, on s'en va chez Whole Foods, on prend des plats et on les rapporte dans notre chambre à l'hôtel, on traîne et on bavarde, puis on se couche à 21 h avant de se réveiller pour le match" », a expliqué Andrew Ference, un défenseur de l'équipe championne des Bruins de 2011. « C'est une vie de répétitions. Ce n'est pas ennuyant, mais c'est programmé et c’est toujours un peu un copier-coller. Alors chaque occasion de se libérer de la routine est incroyable. »
Les moments sont différents dans chaque voyage.
Il y a eu l'excursion à « l'île sauna » pour les Panthers la saison dernière, quand les joueurs, portant des manteaux d'hiver, ont fait un voyage en bateau vers une île isolée où ils ont passé la journée dans le sauna et à se baigner dans la mer Baltique.
Il y a eu le tournoi de padel (un sport qui mélange tennis et squash) organisé par l'entraîneur adjoint des Sénateurs d'Ottawa Daniel Alfredsson, une des raisons pour lesquelles le défenseur Jake Sanderson a qualifié leur périple à Stockholm de son « voyage préféré » en carrière.
Il y a eu la course au trésor que les Penguins ont faite à Stockholm en 2008, faisant une tournée des quatre coins de la ville en groupes de quatre, le tout étant documenté sur des appareils photo numériques.
Il y a eu une séance de karaoké en Chine pour les Bruins et des bières au sommet de la Grande Muraille.
« Nous nous sommes bien amusés », a dit le défenseur des Bruins Charlie McAvoy au sujet du voyage des siens en 2018 à Pékin et à Shenzhen, en Chine. « Nous savions que nous étions là pour jouer des matchs et participer à quelques séances d'entraînement, mais nous avons surtout profité de l'occasion pour tisser des liens à l'extérieur de la patinoire. Tout ce que nous avons fait, nous tentions de le faire ensemble. Et c'était vraiment la situation idéale pour nous. »
Dans certaines villes, il y a l'attrait supplémentaire de passer du temps avec la famille et de rencontrer les parents, les grands-parents, les amis et les entraîneurs des coéquipiers. Ce fut le cas pour William Nylander quand les Maple Leafs de Toronto ont visité Stockholm en 2023, alors qu’il a connu un match de trois points face aux Red Wings de Detroit devant sa grand-mère, qui ne l'avait jamais vu jouer en personne auparavant.
Ce sera le cas pour l'attaquant des Predators Filip Forsberg, le défenseur des Predators Adam Wilsby et le défenseur des Penguins Erik Karlsson, tous des Suédois.
Mais ce sont vraiment les moments que les équipes passent ensemble – les tournées des villes, les visites dans les musées, la dégustation de plats étrangers – qui créent la chimie pouvant les unir, pour une saison ou pour toujours.
« Ce n'est rien que tu ne ferais pas comme un touriste normal, comme si tu vas en vacances avec ta famille ou tes amis, a noté Ference. Nous avons simplement fait les mêmes choses que d'autres personnes feraient. C'est juste le fait que tu n'as jamais l'occasion de le faire avec tes coéquipiers. Tu n'as jamais la chance d'aller en vacances avec tes coéquipiers, où tu visiterais le Musée de la torture à Prague ou des trucs du genre. »
En somme, c'est un voyage d’amis, un voyage de gars. C'est le genre de voyage qu'un grand nombre de hockeyeurs n'avaient pas le temps de faire pendant leur développement, l'antipode de la routine des voyages habituels à Detroit, à Toronto ou à Dallas.
À Stockholm, à Tampere, à Shenzhen ou à Prague, la situation est bien différente.
« On va dans une ville, et c'est habituellement la même chose : hôtel, patinoire, restaurant », a dit le capitaine des Penguins Sidney Crosby, qui jouera à Stockholm pour la deuxième fois de sa carrière cette semaine. « Tu n'as pas beaucoup de temps pour voir le vrai visage de la ville. Alors d'avoir l'occasion d'aller à Stockholm, faire du tourisme et apprendre l'histoire de la ville a rendu le voyage encore plus mémorable. »
Et dans ces expériences, les souvenirs naissent.
Ces souvenirs peuvent créer des liens entre des joueurs, faire surgir des plaisanteries que l'équipe évoquera tout au long de la saison, renforcer la chimie et établir une camaraderie, et contribuer à un but commun.
« La saison est longue, donc d'avoir du contenu qui pourrait t'aider à passer toute la saison en taquinant tes coéquipiers ou en rappelant des bêtises ou des drôleries qui se sont produites – s'il y a une personne qui sait comment raconter histoire, c'est probablement un athlète dans un vestiaire, a affirmé Ference. Raconte cette même histoire 8000 fois, et elle deviendra plus amusante au fil du temps. Mais oui, tu as besoin de ce contenu. C'est de l'or. »
Cet or se manifeste dans la manière dont Crosby fait référence à ce voyage en Stockholm comme une chose qui a aidé les Penguins à se préparer pour les séries éliminatoires. Il se manifeste dans la manière dont Chara rigole en se souvenant des singeries de ses coéquipiers à l'étranger. Il se manifeste dans la manière dont Anton Lundell sourit en parlant du plaisir que ses coéquipiers ont ressenti en se baignant dans un vrai sauna finlandais.
Et il se manifeste dans ce qu'un grand nombre de ces équipes aura vécu plusieurs mois plus tard, dans les moments les plus importants de la saison.
« Tu mets tout le monde dans un nouvel environnement, un lieu que personne n'avait jamais visité auparavant, et c'était une situation où tu devais compter l'un sur l'autre pour – pas "survivre", c'est un peu exagéré –, mais pour traverser l'expérience ensemble, a souligné McAvoy. Tu dois compter sur ces personnes pour aller jusqu'au bout. »
Tout comme on le ferait en séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
Avec les contributions du journaliste principal NHL.com Tom Gulitti, du journaliste attitré à la couverture du repêchage pour NHL.com Mike Morreale, du journaliste NHL.com Mike Zeisberger et du correspondant indépendant LNH.com Wes Crosby


















