La plus grande force de Paul Maurice en tant qu'entraîneur est sa capacité à communiquer. Il est réfléchi et éloquent. Il faut discuter de sujets compliqués et les rendre simples à comprendre. Il peut être drôle ou passionné, en fonction de son humeur.
Jets: La démission de Paul Maurice étonnante, mais compréhensible
À sa neuvième saison, il savait que Winnipeg avait « besoin d'une nouvelle voix » pour atteindre le prochain niveau

© Jonathan Kozub/Getty Images
Il a donc été à la fois étonnant, mais compréhensible de l'entendre expliquer pourquoi il démissionnait de son poste d'entraîneur des Jets de Winnipeg au cours d'une conférence de presse axée sur l'introspection vendredi.
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« Si vous me permettez de faire preuve d'un peu d'arrogance, je dirais que je suis mieux placé que quiconque pour savoir que ces joueurs ont besoin d'une nouvelle voix, a mentionné Maurice. Ils ne m'ont pas abandonné. Ils forment un très bon groupe d'hommes. Ma relation est forte avec chacun d'eux, et je vais encore les encourager. Mais lorsque ça fait 26 ans que vous êtes entraîneur dans les rangs professionnels, vous savez qu'il est temps. Ils ont besoin d'une nouvelle voix. Ils ont besoin de quelqu'un qui va les aider à les faire passer au prochain niveau. »
Maurice a assuré qu'il s'agissait de sa décision à « 100 pour cent ».
« Je ne vais pas regarder en arrière dans deux mois et me dire que je savais que je devais céder ma place, et que je ne l'ai pas fait, a expliqué Maurice. J'ai au moins le sentiment d'avoir fait le bon choix. »
Le directeur général Kevin Cheveldayoff a peint une situation où la décision a été davantage mutuelle. Lorsqu'il lui a été demandé s'il allait congédier Maurice, Cheveldayoff n'a pas répondu à la question directement. Cheveldayoff a indiqué en alternance que la décision avait été prise par Maurice et par les Jets, avant d'ajouter que les Jets allaient s'occuper du contrat de Maurice. Ce dernier a accepté une prolongation de contrat de plusieurs saisons le 13 février 2020.
« Je crois qu'il avait l'infime conviction qu'il ne pouvait plus pousser les boutons comme il le souhaitait, et nous en sommes venus à une entente », a noté Cheveldayoff.
Cheveldayoff a précisé que Dave Lowry, qui en était à une deuxième saison comme adjoint avec les Jets, allait diriger l'équipe pour le reste de la saison.
Néanmoins, peu importe comment l'équipe présente la situation, on semble davantage être aux prises avec un cas d'étude de la « Grande démission » et de la profession d'entraîneur dans la LNH, que d'un simple divorce entre Maurice et les Jets.
La « Grande démission » est une tendance actuelle de gens qui décident de quitter leur emploi en pleine pandémie de COVID-19. Maurice possède un luxe que peu de gens possèdent, soit de pouvoir laisser son emploi. Il occupe le quatrième rang de l'histoire de la LNH parmi les entraîneurs pour les matchs joués (1684) et le sixième pour les victoires (775), alors il a fait le tour du jardin, et il a été bien payé pour le faire, et il semble qu'il va continuer de l'être. Ça ne veut toutefois pas dire que la pandémie ne l'a pas usé.
Maurice a révélé vendredi qu'il n'avait pas beaucoup aimé se rendre à l'aréna la saison dernière, alors que les protocoles liés à la COVID-19 étaient stricts et que Winnipeg ne permettait pas la présence de spectateurs dans les estrades. Pa de partisans? À Winnipeg, où on retrouve habituellement l'une des foules les plus bruyantes de la ligue? »
« Quel est le but de tout ça alors? », a demandé Maurice.
Il s'agissait d'un signal d'alarme.
« Si vous perdez un peu de cette passion pour ce sport, de cet amour du sport, vous pouvez encore être bon, mais vous ne serez pas aussi bon que vous pourriez et devriez l'être, et c'est ce que je ressentais de mon côté », a admis Maurice.
Maurice a raconté que lui, Cheveldayoff et le propriétaire Mark Chipman avaient parlé de ses sentiments au cours de l'été, et ils s'étaient demandé s'il était la bonne personne pour occuper ce poste dans un avenir prévisible.
« C'est très important pour moi d'être honnête à ce propos, parce que sinon, tout ce que je fais, c'est d'encaisser un chèque, et ma carrière passe en premier, a philosophé Maurice. Je ne pense pas avoir déjà agi de la sorte au cours de ma carrière, mais c'est clair pour moi que je n'en suis pas là en ce moment. »
Maurice a ajouté qu'il s'était présenté au camp d'entraînement avec beaucoup d'énergie, mais que ce ne fut pas suffisant. Son message ne passait pas aussi bien, et diriger l'équipe devenait de plus en plus ardu pour lui. En fin de compte, les Jets n'étaient pas aussi bons qu'ils auraient pu l'être.
Winnipeg (13-10-5) occupait le cinquième rang de la section Centrale avant leur duel contre les Capitals de Washington vendredi (20 h (HE); TSN3, NBCSWA, ESPN+, NHL LIVE).
« Je ne pouvais pas trouver la bonne manière de stimuler l'équipe, et ça se voyait dans la manière dont on jouait, a relevé Maurice. Oui, ils travaillaient fort, mais il y a une grande partie de ce sport qui repose sur l'émotion et la volonté, et en tant qu'entraîneur, il faut faire ressortir ça. J'étais capable de le faire auparavant. Cette fois, cette énergie n'était pas tout à fait au rendez-vous, et c'est pourquoi on voit des entraîneurs être remplacés. »
La première fois que Maurice a été entraîneur dans la LNH, il est resté neuf saisons avec les Whalers de Hartford/Hurricanes de la Caroline entre 1995 et 2004. Il a ensuite passé deux campagnes avec les Maple Leafs de Toronto entre 2006 et 2008, puis quatre autres avec les Hurricanes entre 2008 et 2012.
Il s'agissait de sa neuvième saison avec les Jets. Il était le deuxième entraîneur avec le plus d'ancienneté au sein de la même équipe derrière Jon Cooper, qui dirige le Lightning de Tampa Bay depuis 2012-13 et qui a remporté la Coupe Stanley au cours des deux dernières saisons.
« Il y a une date de péremption pour le type de poste que nous occupons. La seule manière de repousser cette date de péremption, c'est en remportant des championnats, a expliqué Maurice. Il faut gagner. »
Cheveldayoff a indiqué que la plupart des conversations qu'il a eues avec Maurice portaient sur la manière d'atteindre le prochain niveau. Qu'est-ce que ça va prendre? Est-ce que les Jets peuvent s'y rendre? Cheveldayoff ajouté qu'il était difficile de procéder à des transactions en raison du peu de marge de manœuvre de plusieurs équipes sous le plafond salarial.
Dans une telle situation, il est plus facile de laisser partir l'entraîneur.
« J'aime ces gars. J'aime cet endroit. Je sais que le moment est venu, a décliné Maurice. Et c'est une bonne chose pour les Jets. C'est aussi une très, très bonne chose pour moi. »

















