Hart Thibault

Ce serait si simple si les gardiens venaient avec un guide d'utilisation, n'est-ce pas? En tout cas je connais plusieurs entraîneurs qui seraient prêts à payer le gros prix pour en obtenir un.

Dans la dernière semaine, on a vu deux entraîneurs prendre des décisions différentes en plein match, qui ont donné des résultats complètement à l'opposé.

Même si les Flyers n'ont pas gagné le cinquième match de la série face aux Canadiens, Alain Vigneault a eu la main heureuse en décidant de garder Carter Hart dans le filet après une brève discussion au banc. Ébranlé en deuxième période, le jeune gardien a retrouvé ses esprits et a conclu la rencontre en force.

Du côté de Calgary, Geoff Ward a perdu son pari en retirant Cam Talbot au profit de David Rittich lors du sixième match face aux Stars. Il a sorti le crochet après que Talbot eut accordé trois buts consécutifs, mais Rittich n'a guère fait mieux en donnant trois buts sur neuf tirs en 16:35 de jeu.

Le pire dans tout ça, c'est que ç'aurait facilement pu être l'inverse. Hart aurait pu s'effondrer pour de bon tandis que Rittich aurait bien pu permettre aux Flames de calmer le jeu et de forcer la tenue d'un match ultime. Ce n'est tout simplement pas une science exacte, et il est très difficile de prendre la bonne décision.

Mais existe-t-il vraiment une règle d'or en ce qui a trait à la gestion d'un gardien qui connaît une soirée difficile? La réponse est non. C'est une question d'instinct.

La méthode de la vieille école, c'est de retirer le gardien après trois buts rapides en première période ou en début de deuxième. Il y a quelques années, les entraîneurs n'hésitaient pas longtemps avant de tirer sur la gâchette. Je me souviens notamment de Mike Keenan, qui avait tendance à retirer son gardien s'il donnait un ou deux buts en début de match.

Tout dépend de l'entraîneur. Ce qu'il faut surtout retenir c'est que le crochet doit être utilisé en dernier recours ou pour donner une petite pause au gardien si le match est vraiment hors de portée.

Dans le dossier Hart, dont les amateurs des Canadiens ont été témoins, il faut avouer que c'était une méchante bonne décision de Vigneault. Le jeune gardien n'était visiblement plus dans son assiette et il avait perdu confiance. L'entraîneur a songé à envoyer Brian Elliott dans la mêlée, mais il a plutôt décidé de continuer avec Hart après lui avoir parlé et avoir gagné la contestation, qui a annulé le mauvais but qu'il venait de donner.

Parfois, c'est juste ça que ça prend. Surtout pour les jeunes gardiens. Des petits encouragements, une petite pause et l'étincelle revient. Dans d'autres situations, c'est mieux de sortir le gardien du match pour essayer de réveiller ton équipe. Ça peut fonctionner, mais l'inconvénient, c'est que ce n'est pas aussi positif pour le portier.

Il retourne à la maison avec le sentiment de ne pas avoir terminé le travail. Ça peut avoir un effet sur le match suivant. Si l'entraîneur lui donne une deuxième chance, il a l'occasion de rebâtir sa confiance. Pour ça, il suffit de recevoir des lancers et de réussir quelques arrêts consécutifs pour se remettre dans le match.

C'est ce qui s'est produit dans le cas de Hart et qui lui a permis de rebondir de brillante façon dans le sixième match. Ce n'est pas facile être un gardien dans le marché de Philadelphie, et il a prouvé dans cette série qu'il avait une force de caractère extraordinaire.

Bruins et Stars ont la main heureuse

Pour des raisons complètement différentes, les Bruins et les Stars doivent se féliciter d'avoir prévu le coup en ayant sous la main sur un excellent gardien auxiliaire.

La troupe de Bruce Cassidy a dû confier le filet à Jaroslav Halak après que Tuukka Rask eut décidé de quitter la bulle pour des raisons familiales tandis qu'Anton Khudobin doit tenir le fort pour les Stars en l'absence de Ben Bishop, encore blessé.

Si ce n'avait pas été le cas, ces deux équipes aspirantes auraient bien pu se faire montrer la porte en première ronde alors que leurs formations sont bâties pour gagner maintenant. Ç'aurait fait mal!

Halak a particulièrement bien fait en n'accordant que cinq buts en trois matchs pour permettre aux Bruins de signer trois gains de suite et éliminer les Hurricanes. Je suis content qu'il obtienne cette opportunité parce que c'est un compétiteur qui a toujours eu à se prouver année après année. Il a toujours été un bon soldat malgré les embûches, et il a maintenant la chance de guider une équipe vers la terre promise.

Attention à l'Avalanche

L'Avalanche vient d'envoyer tout un message au reste de la Ligue en écrasant complètement les Coyotes de l'Arizona au premier tour. Ces derniers n'étaient peut-être pas de taille, mais il ne faut pas oublier que Darcy Kuemper cette saison lorsqu'il était en santé.

Il a beau avoir volé un match en réalisant 49 arrêts, ça n'a pas paru dans les deux dernières rencontres quand l'Avalanche l'a battu 14 fois. Je ne mets pas le blâme sur le gardien, tout le crédit revient à l'Avalanche.

Si j'avais une équipe à bâtir, c'est comme ça que je le ferais. C'est une formation qui a un jeu de transition extraordinaire parce que ses défenseurs sont tous de bons patineurs mobiles, intelligents et capables de jouer physique. Ils ont des joueurs de premier plan à l'attaque et ils ont de la stabilité devant le filet depuis l'acquisition de Phillip Grubauer.

C'est une équipe bâtie pour le hockey de 2020 et elle est en train de prouver que c'est toute une machine.