WASHINGTON – Jet Greaves avait déjà fait face à son lot d’embûches avant que la saison 2020-21 de la Ligue de hockey de l’Ontario (OHL) ne soit reportée, puis annulée, en raison de la pandémie de la COVID-19, ce qui a essentiellement mis fin à sa carrière junior avec les Colts de Barrie et l’a laissé sans endroit où jouer.
Le gardien des Blue Jackets de Columbus s’est donc relevé, comme il a si souvent dû le faire durant son parcours parfois sinueux jusqu’à la LNH, et il a trouvé le positif dans une situation négative. Avec peu d’occasions de sauter sur la glace pour s’entraîner, Greaves a choisi de revenir aux sources chez lui à Cambridge, en Ontario.
« Il fait froid là-bas, et mon père faisait toujours une patinoire dans la cour arrière quand j’étais petit », a raconté Greaves, la semaine dernière. « Cette année-là, quand nous avons réalisé qu’il n’y aurait pas de saison, mon frère, moi et mon père avons bâti notre patinoire dans la cour arrière, et c’est là que nous patinions. Un de mes amis a un étang chez lui, donc nous allions aussi patiner là-bas.
« Nous jouions dehors comme quand nous étions enfants. C’était tellement plaisant. »
En rétrospective, ces journées passées à jouer dehors avec son jeune frère Kai et ses amis des rangs juniors qui n’avaient nulle part où jouer eux aussi font partie des plus beaux souvenirs de Greaves. Ils témoignent aussi de la résilience dont a fait preuve le joueur de 24 ans pour devenir gardien numéro un dans la LNH.
« Il y a évidemment des hauts et des bas », a dit Greaves, qui montre un dossier de 7-5-5 avec une moyenne de buts alloués de 2,71 et un taux d'efficacité de ,907 cette saison, à l’approche d’un duel contre les Red Wings de Detroit au Nationwide Arena jeudi (19 h 30 HE; HULU, ESPN+). « Tout le monde est humain, et chaque personne vit des choses différentes, mais j’étais tellement reconnaissant de jouer au hockey, peu importe le calibre. C’est tellement amusant. »
Au moment de l’annulation de la saison 2020-21 de l'OHL en avril 2021, Greaves avait 20 ans et il avait passé plus d’un an sans jouer un véritable match. Plus petit que la moyenne des gardiens (6 pieds, 188 livres), Greaves avait été ignoré deux fois au repêchage. Et même s’il avait participé au camp de développement des Blue Jackets en 2019, il n’avait pas initialement obtenu un contrat.
Ç’aurait été facile pour Greaves de se décourager, mais ce n’est pas dans sa nature.
« Il ne s’en faisait pas trop quand quelque chose n’allait pas bien pour lui, a expliqué Kai Greaves. Il était toujours concentré sur ce qu’il pouvait faire dans l’immédiat. »
Si la glace dans la cour arrière était loin des dimensions d’une patinoire de la LNH, Greaves avait suffisamment d’espace pour recevoir des tirs de Kai et des autres, donc il a quand même pu travailler sur certains aspects de son jeu. Les matchs improvisés sur l’étang gelé ont également aidé, et Greaves a aussi pu s’entraîner dans un aréna, quand la Santé publique de l’Ontario l’a autorisé, avec Matt Smith, son entraîneur des gardiens de longue date à Cambridge.
Smith, qui travaille avec Greaves depuis qu’il a 12 ans, a rapidement été impressionné par son optimisme et sa détermination à trouver des solutions à ses problèmes. Il se souvient d’un moment en particulier, quand Greaves avait 13 ou 14 ans et que son père Gerry, un pompier à Cambridge, était retenu au travail et ne pouvait le conduire à un entraînement.
Smith a offert à Greaves de reporter la séance à une autre journée, mais Greaves a insisté pour s’y rendre. Il s’est rendu à l’aréna en Uber, refusant de manquer une journée de travail.
« Il ne s’est jamais trouvé d’excuses », a affirmé Smith, qui est aujourd’hui président de Matt Smith Goaltending Inc. et entraîneur spécialisé en développement des gardiens avec les IceHogs de Rockford, dans la Ligue américaine de hockey. « Il tente toujours de s’améliorer. Il est comme ça depuis un jeune âge. C’est peut-être l’un de ses superpouvoirs.
« Je ne pense pas l’avoir déjà entendu dire qu’il est trop petit ou qu’il aimerait être plus imposant physiquement. En fait, il voyait ça comme un avantage pour plusieurs raisons, et on peut voir à quel point cette approche l’a aidé. »
Greaves était donc prêt lorsqu’une nouvelle occasion s’est présentée à lui à l’Invitation junior PBHH à Erie, en Pennsylvanie, en juin 2021. L’événement était coorganisé par son ami Andrew Perrott (un défenseur de l’Attack d’Owen Sound à l’époque) et servait à mettre en vitrine les joueurs de l’OHL admissibles au repêchage de 2021.
C’est là que Greaves a de nouveau capté l’œil de plusieurs personnes chez les Blue Jackets. Le 30 juin 2021, il paraphait son premier contrat professionnel avec l’organisation – une entente de la LAH à un volet d’une durée de deux saisons.
En 2021-22, il a poursuivi sur sa lancée en connaissant de bons moments autant chez les Monsters de Cleveland, dans la LAH (12-12-3; 2,84; ,905; 1 bl.) que chez les Wings de Kalamazoo, dans l’ECHL (10-5-0; 3,05; ,907). Il a convaincu les Blue Jackets de lui accorder un contrat de recrue de trois ans le 20 février 2022.
« Ç’a fonctionné! J’ai commencé à Cleveland et Kalamazoo, puis j’ai gravi les échelons au sein de l’organisation, s’est réjoui Greaves. J’étais simplement heureux d’obtenir une occasion. Lorsque je parlais avec Manny (Legace, entraîneur des gardiens des Blue Jackets à l’époque), il me rappelait à quel point ces expériences allaient être bénéfiques, à quel point elles allaient aider mon développement.
« Et je crois, en effet, que ce fut très positif. »
Une autre bonne saison avec les Monsters en 2022-23 (19-16-2; 3,08; ,899; 2 bl.) a permis à Greaves d’obtenir un rappel des Blue Jackets et un premier départ dans la LNH le 4 avril 2023, face aux Maple Leafs de Toronto au Scotiabank Arena. Devant sa famille et ses amis dans l’amphithéâtre de sa région natale, il a bloqué 46 des 49 tirs dirigés vers lui.
La saison suivante, il a disputé neuf matchs avec les Blue Jackets (3-6-0; 3,49; ,908) et participé au Match des étoiles de la LAH grâce à son brio avec les Monsters (30-12-4; 2,93; ,910; 1 bl.).
L'ascension de Greaves a été rapide, mais elle n’a pas été linéaire pour autant. Le gardien a dû traverser toutes sortes de hauts et de bas lors de ces saisons à Kalamazoo, Cleveland et Columbus. Mais peu importe où il se trouvait, il tentait de soutirer du positif de l’expérience.
« C’est un aspect sur lequel il s’est toujours fortement concentré, a dénoté Kai Greaves. Il s’assure d’avoir un bon équilibre de vie, de manière que ce ne soit pas la fin du monde lorsque ça va moins bien avec le hockey. Il est demeuré très terre-à-terre dans les moments difficiles, et il a toujours été reconnaissant de ce qu’il était en train de vivre. »
Au printemps dernier, Greaves a cimenté sa place dans la LNH lorsqu’il a obtenu le départ pour les cinq derniers matchs des Blue Jackets, et qu’il a maintenu une fiche parfaite de 5-0-0 (0,80; ,975; 2 bl.). Columbus est arrivé deux points à court des séries éliminatoires, mais la fin de saison de Greaves a convaincu l’équipe de lui confier le poste de no 1 pour le début du calendrier 2025-26. Il a amorcé 17 des 29 rencontres des Blue Jackets (13-10-6) jusqu’à maintenant.


















