Un membre du Parlement canadien a même proposé que le gouvernement fédéral bloque la transaction ou achète le contrat de Gretzky pour le vendre à une autre équipe canadienne.
« Les Oilers sans Gretzky, c'est comme une tarte aux pommes sans crème glacée, comme l'hiver sans neige », a déclaré le chef du Nouveau parti démocratique Nelson Riis.
Don Cherry, populaire analyste de la CBC à Hockey Night in Canada, a hurlé en ondes: « C'est impossible que Wayne ait demandé de quitter Edmonton et ce n'est pas du tout bon que Janet doive recevoir le blâme. Je crois que Wayne aurait dû demeurer à Edmonton et prendre sa retraite avec Edmonton, tout comme Jean Béliveau l'a fait avec les Canadiens de Montréal. »
Dans le tumulte, on a passé sous silence que c'est Gretzky qui a exigé de quitter parce que son épouse attendait leur premier enfant et que ses perspectives de carrière d'actrice étaient basées à Hollywood. En dilatante, on a supputé que « La Merveille » avait été amer d'apprendre que les Oilers prêtaient l'oreille aux offres de transactions l'impliquant, apparemment des offres des Canucks de Vancouver, des Red Wings de Detroit et des Rangers de New York.
Pocklington n'a pas cessé de complimenter Gretzky dans ses commentaires aux journalistes en annonçant la transaction.
« Il [Gretzky] a gagné le droit de décider de son propre destin, a-t-il dit. Nous ne remplaçons pas Wayne Gretzky dans cette transaction. C'est impossible de remplacer Wayne Gretzky. ... C'est comme si je perdais un fils. Il était plus d'un hockeyeur pour moi. »
Pocklington aimait tellement Gretzky qu'il a expliqué qu'il lui avait donné la chance de contrecarrer l'échange.
« J'ai dit à Wayne, "Tu as maintenant l'occasion d'y renoncer, je ne veux pas t'échanger" », a raconté le propriétaire des Oilers, selon le journaliste du Los Angeles Times, Gordon Edes. « Sa réplique était, "Je veux être échangé. J'ai une opportunité de poursuivre de nouvelles choses et ce sera bon pour le hockey aux États-Unis". »
Et tout d'un coup, il y a eu une atmosphère de hockey complètement différente à Los Angeles.
Dennis Metz, directeur des ventes chez les Kings à l'époque, a indiqué que l'équipe a reçu 1000 appels téléphoniques de partisans qui désiraient se procurer des billets après l'annonce de la transaction. Un engouement monstre, compte tenu qu'on recevait habituellement une dizaine d'appels au cours d'une journée typique d'août.
« Nous n'avions plus à vendre le hockey, a dit Metz. Nous avions le meilleur joueur de hockey. C'était très vendeur. »
Le propriétaire des Kings Bruce McNall a déclaré, « Je dois faire quelque chose pour vendre le hockey à L.A. et il n'y a aucun autre nom qui est l'égal de Wayne Gretzky. »
Gretzky, âgé de 27 ans, était le joueur dominant de sa génération, détenant les records de la LNH dans les buts (92), les aides (163) et les points (215) dans une seule saison. Il était le meneur de l'histoire de la ligue avec 1086 aides et il n'était qu'à 218 buts et 181 points de devenir le meneur de tous les temps dans ces catégories. Il a battu ces records avec les Kings, éclipsant le record de 1850 points établi par Gordie Howe.
Gretzky a marqué 246 buts et récolté 672 aides en huit saisons avec Los Angeles. À sa première campagne avec les Kings, il a remporté le trophée Hart, remis au joueur par excellence dans la LNH, pour la neuvième et dernière fois. Il a rapidement fait grandir la pyramide de partisans de l'équipe et a capté l'imaginaire des amateurs de hockey, en gagnant le trophée Art Ross à ses deuxième et troisième campagnes avec les Kings.
« Wayne est la plus grande attraction dans le hockey et le meilleur joueur au monde », a déclaré le directeur général des Kings Rogatien Vachon, après l'arrivée du numéro 99. « Il aura un impact énorme sur les gens ici et sur l'intérêt qu'ils porteront au hockey. C'est très rare qu'une concession ait l'opportunité d'acquérir un joueur de ce calibre. »
Les Kings, qui avaient raté les séries éliminatoires de la Coupe Stanley dans trois des six saisons précédentes et qui n'avaient remporté aucune série depuis leur victoire surprenante contre les Oilers en 1982, ont atteint les séries dans chacune des cinq premières saisons du passage de Gretzky à Los Angeles. En 1993, les Kings ont accédé à la Finale de la Coupe Stanley, mais ils se sont inclinés en cinq matchs face aux Canadiens.
Gretzky a quitté les Kings quand il a été échangé aux Blues de St. Louis le 27 février 1996. Gretzky a par la suite joint les Rangers et son ancien coéquipier Messier pour les trois dernières saisons de sa carrière. Il a pris sa retraite en 1999.
Les Oilers ont signé une autre conquête de la Coupe Stanley sans Gretzky, en 1990, mais la dynastie d'Edmonton s'est écroulée à la suite du départ de Messier, de l'attaquant Jari Kurri et du gardien Grant Fuhr.
L'impact de Gretzky en Californie a sûrement était considérable, suscitant de l'intérêt énorme dans ce marché et partout aux États-Unis.
Son départ, par contre, demeure pour plusieurs personnes d'Edmonton une plaie qui ne s'est jamais cicatrisée.
« Il était le Canada, il était Edmonton, il était les Oilers. Il conjuguait l'excellence au présent et au futur. Il était dans l'équipe parfaite pour lui, au meilleur moment », a écrit le regretté chroniqueur du Ottawa Citizen Earl McRae deux jours après la transaction qui a chamboulé le paysage du hockey pour toujours.
« Alors, pleurez, vous les partisans des Oilers, mais considérez ceci: Wayne Gretzky n'a jamais appartenu aux Oilers. Il appartenait à la LNH. C'est peut-être la vérité ultime de toute cette saga, dont les dessous restent à être dévoilés. »