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NEW YORK – Dans ses fonctions d’analyste au réseau ESPN, Mark Messier décortique chaque semaine les matchs de la LNH. Chaque équipe et chaque joueur sont scrutés à la loupe pour savoir ce qu’ils font bien et ce qu’ils peuvent mieux faire.

Il est membre du Temple de la renommée, sextuple champion de la Coupe Stanley, l’un des plus grands leaders de l’histoire du hockey, et le troisième pointeur de l’histoire de la LNH, mais lorsqu’il entre en ondes à ESPN, Messier est un simple analyste en studio qui fait le travail d’un analyste en studio.

Mais c’est un défi qui stimule grandement l’homme de 64 ans. Non seulement ses fonctions le gardent à jour sur la LNH, mais lui permettent aussi de dresser des analyses qu’il n’aurait pu faire autrement.

Il a partagé certaines d’entre elles avec LNH.com la semaine dernière avant de participer au lancement de la marque Game 7 à la boutique LNH de New York.

Que pensez-vous des jeunes vedettes de la LNH comme Connor Bedard et Macklin Celebrini, et de l’impact qu’ils ont sur le hockey d’aujourd’hui?

« Chaque année, on voit un maximum de talents faire leurs débuts dans la ligue, et on ne peut qu’être subjugués par ces jeunes joueurs. Certains d’entre eux prennent les rênes de la LNH, en quelque sorte, dès leur deuxième ou leur troisième saison. Et c’est là qu’on voit que 10 ans, ça passe vite, car la génération des (Leon) Draisaitl, (Connor) McDavid, (Nathan) MacKinnon, (Cale) Makar et compagnie est déjà dans la LNH depuis une dizaine d’années. Ça passe très vite. Maintenant, c’est au tour de la prochaine vague. On voit de très jeunes joueurs prendre d’assaut le classement des meilleurs buteurs, le classement des meilleurs pointeurs, et les équipes de ces joueurs connaissent une belle progression. On parle d’une ligue dont l’avenir est assuré, car le talent qui s’y joint est incroyable. »

On parle beaucoup de Celebrini et Bedard, mais je suis curieux de vous entendre à propos de Leo Carlsson à Anaheim. On ne parle pas autant de lui que des deux autres, mais il est tout autant un joueur d’impact.

« Si vous suivez les activités de la ligue, vous entendez parler de lui parce que toute l’équipe est en train d’éclore. (Le DG des Ducks) Pat Verbeek, mon ancien coéquipier avec les Rangers, a fait de l’excellent travail là-bas. J’aime les Ducks pour plusieurs raisons. Ils sont d’abord très talentueux, mais ils sont aussi costauds et jouent un hockey robuste – ce que j’apprécie particulièrement. Et Leo Carlsson… Lorsque tu as l’occasion d’avoir un jeune joueur de 6 pi 3 po qui a le talent d’Evgeni Malkin, tu donnes à ton organisation une chance de gagner. Les équipes championnes se construisent par le centre. Il m’impressionne beaucoup. C’est également un rappel qu’il faut laisser le temps à ces jeunes de se développer et de s’habituer à la ligue, à sa vitesse et à sa force. C’est difficile d’être dominant dans la LNH à 18 ans. Ces joueurs ne sont pas à maturité physiquement. Ils sont là pour prendre de l’expérience, figurer ce qu’ils peuvent faire et ne pas faire. Ils se renforcissent. Ils améliorent leur forme physique. Les années entre 18 et environ 23 ans sont importantes pour les joueurs. Éventuellement, on voit des joueurs comme Leo Carlsson éclore et c’est incroyable pour notre sport. »

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Le calendrier condensé en raison de la pause olympique a-t-il un impact sur la ligue, selon vous?

« Tout le monde parle de ce calendrier condensé, mais je ne sais pas si les joueurs y pensent réellement. Comme joueur, on est conditionné à jouer. Les semaines de quatre matchs et les six mois de voyagement ont toujours été une réalité pour eux. Qu’ils en aient un peu plus ou un peu moins, je ne crois pas que ça importe. Même que la ligue est de plus en plus compétitive. Dans l’Est (au moment de l’entrevue), une seule équipe a une fiche sous ,500. Je ne sais plus qui perd! Car si tout le monde gagne, qui perd? Cette année plus que jamais, on voit qu’une tonne d’équipes peuvent gagner un soir donné. C’est surtout cela qui met de la pression sur les équipes. Pas le calendrier condensé. »

Vous arborez présentement le logo des Rangers, ce qui m’amène à vous demander ce que vous pensez de la saison de votre ancienne équipe?

« Ils ont apporté des changements majeurs. Lorsque tu changes d’entraîneur, tu changes ton système de jeu. Ils ont aussi changé le noyau et lorsque tu changes le noyau, tu changes la culture. Certains joueurs devront établir la nouvelle culture de cette équipe, ainsi qu’une nouvelle chimie. Parfois, ça peut prendre des années. Les Rangers ne sont pas en reconstruction, évidemment, mais ils ont apporté des changements majeurs et ils ont besoin de temps. Ils ont décroché de belles victoires jusqu’à maintenant. Oui, ils ont de la difficulté à marquer des buts à domicile, mais ils ont un bon gardien et des joueurs talentueux. Il ne reste plus qu’à jouer du bon hockey avec constance s’ils espèrent accéder aux séries. Tu ne peux pas être inconstant et te qualifier pour les séries. »

Les Penguins de Pittsburgh surprennent cette saison, et Sidney Crosby mène encore la charge à 38 ans. Que pensez-vous du travail de Sid?

« Je crois que tout le monde sait ce que je pense de Sid, de sa carrière, puis de la personne et du joueur qu’il est. Ce qu’il accomplit est incroyable, mais c’est ce que ça donne quand tu agis comme un pro. Il est un vrai professionnel. Il fait les bonnes choses sur la glace et dans son quotidien. Il s’entraîne. Il est dédié. Il se donne une chance de connaître du succès encore très longtemps par la manière dont il prend soin de lui et dont il s’entraîne pour pouvoir être compétitif dans cette ligue. C’est difficile de vieillir dans la LNH. C’est une ligue de jeunes joueurs; ça rattrape même les meilleurs. Mais si tu travailles fort et de la bonne manière, tu peux rester compétitif très longtemps. Je le répète : les accomplissements de Sid sont incroyables. On pensait que les Penguins allaient amorcer une reconstruction, et finalement, voilà que Malkin et lui permettent à l’équipe d’être dans le portrait des séries présentement. Sid est l’exemple parfait de ce qu’est un pro. »

Il va éclipser nul autre que Mario Lemieux en établissant le record de points par un joueur des Penguins. Sachant cela, comment décririez-vous la carrière de Sid?

« Il n’y a qu’un seul joueur que je peux considérer dans la catégorie de Wayne (Gretzky) et c’est Mario. La carrière de Mario a été écourtée par les blessures et un combat contre le cancer, mais pendant sa carrière, il a véritablement porté l’organisation des Penguins sur ses épaules. Il est l’un des joueurs les plus talentueux de tous les temps. Je ne me laisse pas avoir par les points et le fait que Sid s’apprête à le surpasser. Je vais simplement dire que les deux joueurs sont des Penguins de Pittsburgh pour la vie. Peu importe le nombre de matchs que chacun a disputé, leur succès au sein de cette organisation est indéniable. Les Penguins auront eu Mario Lemieux et Sidney Crosby l’un à la suite de l’autre. Ils ne pouvaient demander mieux! »

Regrettez-vous de n’avoir disputé aucun tournoi olympique avec le Canada?

« Oui, totalement. J’aurais aimé participer à un tournoi olympique. J’adore les Jeux olympiques. J’ai assisté aux Jeux de Montréal en 1976, quand j’avais 15 ans, et je me suis retrouvé nez-à-nez avec Bruce Jenner après sa victoire au décathlon. J’aime les histoires des gens qui ont plusieurs emplois et qui trouvent quand même le temps de s’entraîner et de gagner des médailles. Ce sont des histoires inspirantes. J’ai grandi avec des histoires comme celles-ci. J’ai représenté le Canada à la Coupe du monde et à la Coupe Canada, donc ça atténue la peine, mais ç’aurait été plaisant de remporter une médaille olympique. »