Coupe 1993 : Le CH frapperait un grand coup avec une 25e conquête
Le Tricolore pourrait s'établir comme le standard du hockey au niveau international, affirme un expert
par Guillaume Lepage @GLepageLNH / Journaliste LNH.com
Il y a 25 ans, les Canadiens de Montréal ont remporté la Coupe Stanley pour la dernière fois de leur histoire. Il s'agit également du dernier championnat de la LNH de la part d'une équipe canadienne. Les membres de l'édition championne de 1993 seront honorés avant le match d'ouverture locale de l'équipe jeudi soir. Dans un dossier publié en juin, LNH.com est revenu sur cette conquête dans le cadre d'une série d'articles réalisés à la suite d'entrevues avec des membres de cette édition championne et d'intervenants du milieu sportif.
Il fut une époque où le maire de Montréal Jean Drapeau n'avait même pas besoin de fournir l'itinéraire que suivrait le défilé de la Coupe Stanley.
« La parade des Canadiens suivra le parcours habituel », avait annoncé le maire dans un communiqué.
C'était entre 1976 et 1979 alors que le Tricolore avait aligné quatre triomphes. Les victoires étaient une habitude, les conquêtes étaient une tradition et les défilés, un rituel.
La réalité n'est évidemment plus la même.
La LNH comptait à l'époque 18 équipes - 17 en 1979 - et la parité n'était pas aussi importante qu'elle ne l'est maintenant. Avec la réalité du plafond salarial et de l'autonomie des joueurs, les dynasties sont chose du passé et il y a fort à parier qu'aucune autre équipe ne sera en mesure de triompher quatre années de suite.
Cela n'empêche pas les amateurs montréalais de rêver, année après année, à une nouvelle conquête, à ce que ça représenterait pour l'organisation et pour la ville qui n'a pas vécu ce sentiment d'extase depuis 1993.
« Quand nous avons gagné la Coupe, nous sentions la fierté du peuple, a raconté Kirk Muller, maintenant entraîneur associé avec le Tricolore. La passion des partisans est irremplaçable. Il y a eu plus d'un million de personnes au défilé. Tu ne peux pas te préparer à voir ce que ça représente pour la ville et pour les gens. »
Ce serait encore vrai aujourd'hui. La passion des partisans est toujours autant au rendez-vous - dans les bons moments comme dans les moins bons - et l'attention médiatique est plus grande que jamais.
À une époque où les nouvelles technologies sont omniprésentes, où la soif de victoires des amateurs se fait de plus en plus sentir, le Tricolore pourrait frapper un grand coup en ramenant le trophée de Lord Stanley dans la province où il a déjà passé 24 étés.
COUPE 1993 : Les joueurs surpris par la disette de 25 ans | Une génération nostalgique d'un triomphe jamais vécu
« En gagnant d'ici cinq ans, les Canadiens conforteraient leur place dans l'histoire, mais se positionneraient aussi comme une équipe de son temps, qui fait le pont entre les générations et qui va rejoindre les plus jeunes pour qui les conquêtes du passé ne disent pas grand-chose », a expliqué André Richelieu, professeur expert en Marketing du Sport à l'UQAM.
« Ça leur donnerait un coup de jeunesse nécessaire pour se rapprocher de tous les types de partisans que les Canadiens essaient de rejoindre. Ce serait une équipe près des jeunes et aussi des plus vieux qui ont connu la gloire des années passées. »
Parce qu'après 25 ans, c'est maintenant toute une génération qui ne peut s'associer à une équipe championne.
C'est vrai à Montréal, mais aussi dans le reste du Canada. Si le poids des années se fait sentir dans la métropole québécoise, c'est encore plus le cas à Toronto où les Maple Leafs n'ont pas remporté la Coupe Stanley depuis 1967.
Dans les deux cas, ce sont deux équipes originales évoluant dans des marchés extrêmement exigeants qui ont autrefois été habitués à la victoire. Le défi est de taille et la pression commence à grimper.
« Ça met une pression supplémentaire sur l'équipe d'investir dans le produit pour entretenir l'espoir des partisans, a ajouté M. Richelieu. La pression est plus grande pour une équipe comme les Canadiens ou les Maple Leafs que pour une équipe d'expansion, par exemple, ou qui a beaucoup moins d'histoire. »
La course au rayonnement international
Cette longue disette nationale vient aussi accentuer l'importance de la prochaine conquête canadienne en ce qui a trait aux occasions de rayonnement de la marque et de la possibilité d'accentuer le bassin de partisans.
Certes, chacune des sept équipes canadiennes a sa base d'amateurs fidèles, mais après 25 ans, c'est un peu comme si on faisait table rase et qu'une poignée d'électrons libres n'attendaient qu'une nouvelle conquête pour s'identifier à une formation.
C'est aussi vrai dans les nouveaux marchés que la LNH commence à exploiter, une nouvelle réalité qui n'était probablement même pas dans les cartons en 1993.
« En gagnant à nouveau, ils auront une crédibilité renouvelée pour conquérir de nouveaux marchés non seulement en Europe, mais aussi en Chine, a avancé Richelieu. C'est là qu'il y a une possibilité de croissance.
« Les Canadiens pourraient s'établir comme le standard du hockey au niveau international. Quand on penserait au hockey, on penserait aux Canadiens et ça, c'est important. Au niveau marketing, la victoire peut vous ouvrir des portes extraordinaires sur le plan de la notoriété et de la réputation. »