mullerdrouinlepagebug

Il y a 25 ans, les Canadiens de Montréal ont remporté la Coupe Stanley pour la dernière fois de leur histoire. Il s'agit également du dernier championnat de la LNH de la part d'une équipe canadienne. Les membres de l'édition championne de 1993 seront honorés avant le match d'ouverture locale de l'équipe jeudi soir. Dans un dossier publié en juin, LNH.com est revenu sur cette conquête dans le cadre d'une série d'articles réalisés à la suite d'entrevues avec des membres de cette édition championne et d'intervenants du milieu sportif.
La scène se reproduit chaque année comme le film d'une vieille cassette VHS que l'on rembobine pour revoir, pour une énième fois, le scénario que l'on connaît déjà par cœur.
Interrogés sur la patinoire après la conquête de la Coupe Stanley, les joueurs de l'équipe championne peinent à décrire le sentiment qui les habite à ce moment précis. Ils cherchent les mots comme s'il n'en existait aucun d'assez puissant pour illustrer convenablement le tourbillon d'émotions qui se bousculent à l'intérieur.
Si les joueurs ne trouvent pas les mots, les partisans, eux, n'ont aucun problème à le faire. Ça, non.

Tout le monde raconte à qui veut bien l'entendre les célébrations et le sentiment d'extase qui ont suivi la cloche finale qui a confirmé le triomphe de leur équipe. À Montréal, il y a maintenant 25 ans que l'on entend la même histoire, celle de la dernière conquête des Canadiens.
C'est maintenant toute une génération qui n'a jamais goûté à l'ivresse d'un championnat. Toute une génération qui tente d'imaginer le sentiment qui l'habiterait si son équipe finissait par soulever la Coupe Stanley.
Toute une génération qui revit l'histoire chaque année à travers les récits de leurs parents et de leurs grands-parents. Une génération nostalgique d'un triomphe qu'elle n'a jamais vécu.
C'est aussi vrai pour de jeunes Québécois qui enfilent désormais le chandail bleu-blanc-rouge. Les attaquants Phillip Danault et Nicolas Deslauriers étaient encore aux couches tandis que Jonathan Drouin et Charles Hudon n'étaient même pas au monde en 1993.
« Si tu es élevé par des parents qui sont des partisans des Canadiens, que tu grandis dans cette province, tu sais que de te battre pour la Coupe Stanley à Montréal, c'est tout ce qui importe », a raconté l'entraîneur associé Kirk Muller, qui faisait partie de la dernière édition championne du Tricolore.
« Ces gars-là le savent parce qu'ils ont entendu toutes les histoires. Ils comprennent, mais ils ne l'ont pas expérimenté. »
COUPE 1993 : Le CH frapperait un grand coup avec une 25e conquête | Les joueurs surpris par la disette de 25 ans
Qu'elle l'ait expérimentée ou non, la nouvelle génération continue tout de même de s'identifier à l'équipe la plus titrée de la LNH. Elle a l'impression de faire partie de cette histoire qui lui est racontée depuis plusieurs années et qui est bien sûr accompagnée d'une pointe de nostalgie.
« Ce désir de retour aux années 70 et aux grandes périodes de succès, c'est certainement quelque chose qu'on entend dans les lignes ouvertes et dans les médias en général », a expliqué Fannie Valois-Nadeau, chargée de cours au Département des sciences sociales à l'UQO, qui a effectué plusieurs recherches académiques sur le Tricolore.
« Mais ce n'est pas un discours unanime. Je pense à certains enfants que j'ai côtoyés pour d'autres recherches; ils sont fous de Carey Price, mais ils n'ont pas en tête toute cette histoire. Le moment présent leur suffit parce que la relation affective envers l'équipe se développe même si l'équipe ne connaît pas autant de succès. »
Deux printemps mémorables
Le « moment présent » ne leur a pas permis de célébrer à profusion, mais les plus jeunes amateurs montréalais ont quand même récemment vécu de beaux moments.
Ce n'était peut-être pas la même excitation et la même frénésie qui a entouré la Finale de 1993 ou celle de 1986, mais ils ont pu vivre l'effervescence d'un printemps qui se prolonge deux fois plutôt qu'une au cours au cours des 10 dernières années.
Ils ont pu rêver, l'espace de quelques semaines, quand le Tricolore a atteint la Finale de l'Est en 2010 et en 2015 - s'inclinant respectivement en cinq matchs face aux Flyers de Philadelphie et en six matchs contre les Rangers de New York.
« On ressentait la frénésie de la ville, les bars étaient pleins et les jeunes étaient présents. Nous sentions l'engouement, a relaté Mme Valois-Nadeau. Nous sentons par petits moments que ce n'est quand même pas juste une histoire du passé. Ces séries nous ont rappelé que l'attachement est toujours présent. »
Il l'est tout autant au sein même du vestiaire des Canadiens, où ceux qui ont grandi en rêvant de jouer pour la Sainte-Flanelle se mettent eux aussi à rêvasser. À s'imaginer défiler aux côtés du Saint-Graal sur la rue Sainte-Catherine, comme ils se le sont fait raconter des dizaines de fois dans leur jeunesse.
« Nous discutons plus de ce que ce serait de gagner la Coupe Stanley, a relaté Muller. Ils sont fiers de représenter les Canadiens et d'être originaires d'ici. Ils me demandent souvent à quel point ce serait excitant de gagner la Coupe à Montréal.
« Et je leur réponds : "Ça vaut absolument la peine". »