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MONTRÉAL - Maxime Talbot se voyait jouer au hockey pendant encore quelques années. En fait, il lance à la blague - ou peut-être pas - qu'il pourrait encore chausser les patins chez les professionnels.

Mais quand les négociations avec l'organisation des Canadiens ont achoppé, l'été dernier, l'attaquant de 36 ans a dû se faire à l'idée qu'il était temps de penser à la retraite. Il n'a finalement pas eu à réfléchir bien longtemps à son après-carrière.

« Ça s'est passé vraiment rapidement, a expliqué l'attaquant qui a soulevé la Coupe Stanley avec les Penguins en 2009. Je voulais jouer avec le Rocket de Laval, la saison dernière, et ça n'a pas fonctionné quand mon agent Pat (Brisson) a discuté avec (le directeur général) Marc Bergevin.

« Je voulais m'installer à Montréal après trois saisons en Russie. Avant de raccrocher, Pat m'a dit qu'il avait un poste pour moi au sein de son agence si j'étais intéressé. J'ai appelé ma femme, on a parlé pendant 10 minutes et j'ai embarqué avec Pat. Il y a donc eu 10 minutes entre ma retraite et mon après-carrière. »

Talbot vient donc de terminer sa première année comme agent attitré au développement des joueurs pour l'agence CAA. À travers ça, il a coanimé l'émission « Max et Bruno » avec son bon ami Bruno Gervais sur les ondes de RDS et a récemment investi de son temps avec les Olympiques de Gatineau, son ancienne équipe junior.

Voici cinq questions avec Maxime Talbot :

Même si tu as accroché tes patins, tu es demeuré très occupé et tu as accepté plusieurs mandats en lien avec le hockey. As-tu quand même eu le temps de t'ennuyer de mettre les patins?

Vraiment, oui (rires). D'autant plus que je n'ai pas joué beaucoup. Le manque a été comblé par mon travail d'apprentissage au sein de l'agence et aussi à RDS comme animateur. Ç'a été rock and roll. J'en ai pris beaucoup, que ce soit avec RDS ou pour l'agence. J'ai appris beaucoup, j'ai dû m'habituer à être assis dans mon bureau, à me faire un horaire. Je m'entraîne autant que quand je jouais; je suis dans le gym chaque matin à 6h. Ça fait plusieurs fois que je dis à ma femme que je suis encore capable et que je pourrais jouer encore une autre année. Elle rit de moi en me disant que je vais encore lui dire ça à 70 ans. Oui je me suis ennuyé, mais je suis entouré par le hockey.

Est-ce que tu avais déjà pensé à devenir agent après ta carrière?

Pas du tout et c'est encore nouveau pour moi. J'apprends beaucoup chaque jour et je comprends peu à peu que la satisfaction n'est pas la même qu'en jouant. Comme joueur, si tu joues un mauvais match, tu sais tout de suite ce que tu peux corriger pour faire mieux. Mais comme agent, tu peux faire dix appels dans ta journée et tu n'auras pas idée de l'influence que tu as eu avant peut-être trois ans.

C'est moins instantané, mais c'est aussi gratifiant d'aider les jeunes à accomplir leur rêve parce que j'ai réussi à accomplir le mien. Si je peux faire la même chose et leur donner un coup de pouce pour leur permettre de connaître une belle carrière, c'est super.

L'agence de Pat Brisson est très réputée et compte sur la majorité des meilleurs espoirs de la LNH. As-tu eu l'occasion de travailler avec ces jeunes-là jusqu'à date et à quel point est-ce que c'est motivant de travailler avec des vedettes en devenir?

J'ai participé au camp estival que l'agence organise chaque année à Manhattan Beach. C'est drôle parce que j'étais là exactement 20 ans après y avoir participé comme joueur. On s'entraînait de la même façon sur la plage et ça m'a rappelé de super bons souvenirs quand j'ai sauté sur la glace avec les jeunes de 16-17 ans.

Notre but comme agence, c'est de développer les kids pour qu'ils connaissent une belle carrière dans la LNH. À cet âge-là, le camp de CAA leur fait réaliser plusieurs choses. C'est souvent la première fois qu'ils vont pouvoir se comparer à des joueurs internationaux. Tu peux être le meilleur dans le midget AAA et avoir eu une bonne saison dans la LHJMQ, c'est différent quand tu arrives là-bas et que tu as des gars comme Jack Hughes, Cole Caufield et Alex Turcotte.

C'est vraiment un beau camp. Le directeur général des Canadiens Marc Bergevin était venu parler il y a deux ans. Cette année, c'était le directeur général des Blackhawks, Stan Bowman. On a des conférenciers pour la nutrition, l'entraînement, etc. On donne vraiment beaucoup d'informations aux jeunes et c'est vraiment super de faire partie de ça.

À quoi ressemble concrètement ton travail pendant la saison?

Je suis affecté au développement des joueurs, donc c'est important pour moi de créer des relations avec les jeunes. Le côté relationnel est vraiment important.

Par exemple, je vais parler à trois, quatre ou cinq joueurs chaque semaine, regarder leurs matchs et voir comment ça va. Je vais parler au personnel du développement des joueurs de l'équipe en question pour savoir ce que mon client doit améliorer. Parfois, il y a beaucoup de voix sur la ligne de communication. On veut simplifier ça pour le joueur en lui disant ce que l'équipe voit et ce que l'on voit sans jamais passer par-dessus l'entraîneur. On suggère des choses, on lui lance des idées pour améliorer son jeu et on fait un suivi du côté personnel et social du joueur.

C'est pour ça que la relation est importante. Comme c'était ma première année, j'ai parfois fait ce travail avec des gars sans les avoir rencontrés en personne. Dans ces cas, c'est parfois un peu plus compliqué parce que la relation prend du temps à bâtir. C'est entre autres pour ça que le camp dont je parlais tantôt est important.

On t'a récemment vu aux côtés de Derick Brassard à la table des Olympiques de Gatineau lors du dernier repêchage de la LHJMQ. Pourquoi est-ce que ça te tient tant à cœur de redonner aux jeunes comme tu le fais en ce moment?

Je coache aussi mon fils de six ans dans le MAHG 1 (rires). Je trouve ça important et ça vient naturellement aussi. Parce que si je n'avais pas pu compter sur les gens qui se sont impliqués comme j'essaie de le faire, je n'aurais peut-être jamais joué dans la LNH. J'ai beaucoup de gratitude pour ce que le hockey m'a amené ainsi qu'à ma famille. J'ai vécu plein de belles expériences, j'ai rencontré des gens extraordinaires et j'ai voyagé. Je sais les efforts que ça prend pour jouer au hockey.

Si je peux justement aider ces jeunes à accomplir leur rêve et à se dépasser, alors pourquoi pas? J'ai eu la chance de le faire avec beaucoup d'aide de plusieurs personnes différentes. Je sais ce que ça prend. Ce n'est vraiment pas facile parce que l'entonnoir se resserre en haut. Mais quand tu joues un match dans la LNH, c'est la récompense ultime pour tous les efforts. C'est important et j'en parle avec passion parce que je l'ai vécu et que c'est très gratifiant.