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Quand il a décidé de faire ses valises pour poursuivre sa carrière en Finlande, il y a trois ans, Charles-Édouard d’Astous avait la profonde conviction que ce n’était pas la fin du rêve.

Après trois saisons passées à faire la navette entre la Ligue américaine et l’ECHL, il en était venu à la conclusion que la route vers la grande ligue ne passait pas par là. Pour lui, en tout cas. Il a donc décidé d’emprunter une voie rarement explorée pour tenter de parvenir à ses fins.

« Je savais qu’il y a pas mal moins de joueurs qui empruntent ce chemin-là, mais mon but, c’était de revenir », a expliqué le défenseur de 27 ans à l’autre bout du fil, mardi, en Suède.

« Il y a beaucoup de bons gars qui passent par la Liiga, en Finlande, ou la Ligue de Suède (SHL) et qui font le saut dans la LNH. En Amérique, ce n’est pas toujours évident d’obtenir un bon rôle dans une équipe et de pouvoir jouer régulièrement. C’est ce qui a motivé ma décision au départ. »

Il reviendra maintenant par la grande porte. Au moment de notre appel, le Rimouskois préparait son retour au Québec pour l’été – mais surtout son grand retour en Amérique du Nord. L’ancien de l’Océanic de Rimouski vient de signer un contrat d'un an à deux volets avec le Lightning de Tampa Bay.

Jamais repêché, il n’a jamais été aussi près de la LNH que depuis lundi. Et c’est le résultat de trois années de développement, deux en Liiga et la dernière en SHL avec Brynas.

Là-bas, il a récolté 12 buts et 39 points en 49 matchs pour terminer au deuxième rang des pointeurs de son équipe, derrière un certain Jakob Silfverberg. Il a aussi été le deuxième défenseur le plus productif du circuit, devenant ainsi plutôt attrayant pour les équipes de la grande ligue. Mais il n’y a pas que ça.

« Bien honnêtement, si je compare le joueur que j’étais quand je suis parti à celui que je suis maintenant, c’est complètement différent, a observé le gaucher. Mon coup de patin est meilleur, j’ai amélioré mon jeu défensif et j’ai continué de me développer physiquement en gagnant de la masse musculaire.

« Ici, on joue moins de matchs qu’en Amérique, alors on a plus de temps pour s’entraîner et se développer. »

L’environnement, l’encadrement et les moyens étaient aussi bien différents de ce qu’il a pu observer lors de ses escales dans la Ligue américaine et la ECHL. En débarquant en Finlande et en Suède, il s’est retrouvé dans des ligues professionnelles qui sont l’équivalent de la Ligue nationale.

Mais c’est aussi venu avec son lot de défis sur le plan personnel. L’adaptation et l’intégration à de nouvelles cultures ne se sont pas faites aussi facilement qu’il l’aurait souhaité. La maison lui a parfois semblé bien loin lors des rudes hivers très peu ensoleillés des pays scandinaves.

« L’Europe aussi peut forger le caractère, a-t-il réfléchi. L’ECHL, ça peut être “tough”, mais tu restes relativement près de ta famille. Au début ç’a été difficile pour plein de raisons. J’avais de la difficulté à me faire des amis, et ça n’allait pas à mon goût sur la glace. Une fois que je me suis intégré, ç’a bien été.

« Ça n’a pas toujours été rose pendant ces années, mais je peux dire que ça fait maintenant partie de mon parcours. Quand j’étais dedans, c’était moins le fun. Avec du recul, ça m’a fait grandir comme personne. »

De l’intérêt depuis un bout

Avec ce contrat, l’état-major du Lightning a mis la main sur un joueur qu’il convoitait depuis déjà quelques années. Les discussions entre les deux parties se sont toutefois accélérées en deuxième moitié de saison, alors que d’autres équipes lorgnaient les services du défenseur québécois.

Quand est venu le temps de faire un choix, D’Astous n’a pas hésité bien longtemps.

« Le Lightning me suivait depuis longtemps, a-t-il expliqué. C’est l’équipe qui a démontré le plus d’intérêt depuis le début. Sans me donner une longueur d’avance, la communication est plus facile avec tous les Québécois qu’il y a dans l’organisation.

« On a aussi analysé leur profondeur à la ligne bleue, et on a conclu que c’était la meilleure option pour moi. Ç’a été un choix facile. »

Et le plus beau dans tout ça, c’est que s’il parvient à percer la formation floridienne, il n’aura plus à se soucier des journées froides d’hiver avec à peine cinq heures d’ensoleillement. Ce n’est qu’un détail dans cette belle histoire, mais il est important.