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SAN JOSE - Assis à son casier après l'entraînement des Golden Knights de Vegas, Marc-André Fleury retire peu à peu son équipement tout en discutant avec les journalistes qui s'arrêtent à tour de rôle en petits groupes.
Le sourire accroché au visage, il offre de généreuses réponses aux nombreuses questions - malgré que les mêmes sujets reviennent constamment. Le manège dure pendant près d'une vingtaine de minutes jusqu'à ce que le groupe se disperse.

« Je ne te dirai pas tous mes secrets », lance-t-il en riant lorsqu'on lui demande ce qu'il a modifié dans son approche pour connaître autant de succès en saison, mais surtout depuis le début des séries.
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Il doit bien y en avoir, des secrets.
Pas besoin d'être un grand connaisseur pour constater que le Sorelois connaît présentement l'une des meilleures séquences de sa carrière. Les chiffres parlent d'eux même.
Une fiche de 6-2, trois blanchissages, une moyenne de buts alloués de 1,68 et un pourcentage d'arrêts de ,946. Si on traduit ça en français, il est difficile de placer la petite rondelle noire derrière le gardien québécois. Très difficile.

Même s'il a aidé les Penguins à remporter la Coupe Stanley pour la deuxième année de suite au printemps passé, le Sorelois semble être de retour au sommet de son art.
Si Fleury n'a pas voulu révéler l'essentiel de ses secrets, il est facile de voir une corrélation entre son rendement et sa nouvelle association avec l'entraîneur des gardiens des Golden Knights Dave Prior. Fleury avait beau avoir remporté la Coupe Stanley à ses deux dernières années à Pittsburgh, son mentor avait un défi pour lui.
Prior était convaincu que la saison que le gardien venait de connaître (3,02 - ,909) avec les Penguins n'était pas à la hauteur de ce qu'il pouvait encore offrir. Même à 33 ans.
« Pour moi, le talent ne s'évapore pas, a expliqué Prior en entrevue avec LNH.com. Mais parfois, tu ne maximises pas tes capacités. Quand les gardiens ne jouent pas à la hauteur de leur potentiel, c'est qu'ils se fient trop à leur talent pour faire les arrêts au lieu de pratiquer un style plus stratégique. »
Changement d'approche
Celui qui a été à l'emploi des Capitals de Washington entre 1997 et 2013 n'a pas demandé à Fleury de changer son style. Bien au contraire. Il a simplement incité le Québécois à apporter quelques changements à sa manière de gérer un match et d'affronter chaque tir.
« Dave n'essaie pas de changer ses gardiens bout pour bout, a expliqué Fleury. Il a beaucoup d'expérience, il a travaillé avec beaucoup de gardiens à travers les années. Au fond, il aime qu'on ait une attitude plus agressive devant le filet pour se battre pour la rondelle. C'est quelque chose qui m'a aidé. »
Fleury a toujours pratiqué un style de jeu à mi-chemin entre un style papillon et un style plus acrobatique en raison de ses impressionnantes capacités athlétiques.
L'approche de Prior, c'est en quelque sorte de s'assurer que ces gardiens n'effectuent aucune motion vers l'arrière - à moins que la situation ne le commande, bien sûr. Ses gardiens doivent défier le tireur jusqu'au tout dernier moment, quitte à se retrouver en difficultés s'ils accordent un retour ou si le tireur effectue une passe.
C'est là que les capacités athlétiques de Fleury, qui lui permettent rapidement de se déplacer latéralement s'il se retrouve en position difficile, interviennent.

« Je pense que Marc-André est l'un de ceux qui est le mieux équipé pour occuper cette position, a vanté Prior. Ce que je demande à mes gardiens est difficile. Il faut que tu sois mobile et il incarne ça à la perfection. Je ne lui ai rien enseigné de ça, j'ai simplement changé son approche pour lui permettre d'être plus constant.
« Ils font tous des erreurs, mais dans son cas, il en fait peu. S'il en commet une, il a les habiletés pour se ressaisir dans certaines situations. »
La préparation avant tout
À première vue, proposer un changement de mentalité à un gardien de 33 ans qui a déjà gagné la Coupe Stanley à trois reprises peut sembler être une idée un peu folle. Mais Prior est probablement tombé sur l'un des clients les plus réceptifs.
Ça ne veut pas dire que tout ça s'est fait en douceur : Fleury a dû accepter de laisser ses coéquipiers marquer à l'entraînement, le temps de s'acclimater à la nouvelle approche qui lui était suggérée.
« Je lui disais de mettre l'accent sur l'exécution à l'entraînement plutôt que sur le fait d'arrêter les rondelles, a relaté Prior. Parfois, pour avoir du succès à l'entraînement, tu dois tricher et ça ne te prépare pas à ce que tu dois faire pendant les matchs. »
Mais Fleury est un être extrêmement compétitif. Le fait de laisser ses coéquipiers marquer et célébrer par la suite était loin de faire son bonheur, mais il a lentement appris à les ignorer - et à éventuellement leur voler des buts.
« C'était fâchant, a-t-il avoué. Se faire marquer, c'est toujours frustrant parce que les gars crient ensuite. Mais en fin de compte, Dave a raison : l'important c'était d'être prêt pour les matchs et non pas d'avoir une pratique parfaite. »
À en juger par ses récentes prestations, oui, Dave avait raison.