Etienne Morin Moncton badge Lepage

Étienne Morin n'aurait jamais osé écrire un tel scénario pour son année d'admissibilité au repêchage de la LNH. Il aurait craint de se faire reprocher de rêver en couleurs ou de surestimer ses capacités.

À LIRE AUSSI : Repêchage: Le Bureau central s'apprête à soumettre ses classements finaux | Repêchage 2023 : Michkov compte poursuivre son développement dans la KHL
Tout ce qu'il a accompli dans les derniers mois s'est pourtant bien produit. Le défenseur des Wildcats de Moncton a terminé au troisième rang des pointeurs chez les défenseurs de la LHJMQ avec ses 72 points, et au premier rang pour les buts avec ses 21 réussites en 67 matchs. Il a également aidé le Canada à remporter la médaille de bronze au Championnat du monde des moins de 18 ans 2023.
« Je ne sais pas comment analyser cette saison », a-t-il rigolé au bout du fil en avril dernier. « C'était mon objectif et je souhaitais que ça se déroule comme ça, mais je ne m'attendais pas à ce que ça se produise. J'ai eu une mononucléose cet été, et je suis arrivé au camp d'entraînement avec 15 livres en moins. Je ne savais pas à quoi m'attendre.
« En fin de compte, c'est une saison de rêve. Je ne pouvais pas demander bien mieux. »
Le nom du natif de Salaberry-de-Valleyfield apparaissait au 24e rang sur la liste de mi-saison des espoirs nord-américains du Bureau central de dépistage. Il a grimpé au 19e rang dans le classement final.
Pas seulement parce qu'il a noirci la feuille de match avec une constance déconcertante pour un défenseur de 17 ans, mais aussi parce qu'il est devenu un élément fiable dans son propre territoire.
« Il a été vraiment impressionnant, a fait valoir Jean-François Damphousse, un dépisteur du Bureau central. Il a démontré une domination offensive tout en stabilisant son côté défensif. C'est plaisant de voir un gars avec un instinct naturel offensif être capable de jouer sur la première vague du désavantage numérique. »
Après une première saison déjà fort occupée en termes de responsabilités, Morin s'est établi comme l'homme de confiance de l'entraîneur Dan Lacroix. À partir de Noël, son temps de jeu a avoisiné les 30 minutes tous les soirs, un signe assez fort de son utilité dans toutes les situations.
« Ç'a été un apprentissage positif, a souligné le principal intéressé. Je n'ai pas pris ça comme de la pression supplémentaire parce que c'est le rôle que je veux au final. Je veux être sur la glace sur le jeu de puissance, en infériorité et à 5-contre-5. C'est à ça que je m'attends, alors je suis content quand ça arrive. »
Vous aurez deviné qu'il s'agit d'un défi imposant pour un jeune homme qui en est seulement à sa deuxième saison dans le circuit junior québécois, mais c'est un défi qu'il a su relever avec brio.
« C'est gros pour un gars de son âge, a rappelé Damphousse. Ça prend une force mentale et une force physique pour le faire. Il a le caractère pour ça. Quand il connaît un mauvais match, il répond avec sa meilleure prestation lors du suivant. Il ne se laisse pas affecter par une mauvaise performance.
« C'est exactement pour ça qu'il joue autant de minutes aussi régulièrement. Quand tu passes 30 minutes sur la glace, match après match, ça prend une force de caractère pour gérer tout ce qui vient avec. »
Une force en séries
Le sympathique jeune homme a réussi à transposer ses succès en séries éliminatoires. Avec sa récolte de 17 points, dont 15 passes, en 12 matchs, il a été le meilleur pointeur de son équipe. Les Wildcats se sont inclinés en cinq rencontres en deuxième ronde contre les Mooseheads de Halifax.
« Il joue comme un vétéran, a renchéri Damphousse. C'est rare qu'on voie des joueurs de 17 ans gérer le jeu comme lui le gère. Il est assez confiant pour garder la rondelle un peu plus longtemps pour trouver les lignes de passes et les lignes de tir. Il a la maturité de se fier à son instinct créatif sur la ligne bleue adverse. »
La recette du succès, c'est peut-être de jouer sans pression, qu'importe l'ampleur du moment. La majorité des espoirs tiennent ce discours à leur année de repêchage, mais on le croit davantage quand ça vient de la bouche de Morin compte tenu de ses résultats.
« Je ne me suis jamais mis de pression par rapport au repêchage, a-t-il conclu. Ça reste du hockey. C'est un sport qu'on fait pour le plaisir. Si on n'a plus de plaisir, on va se mettre un poids sur les épaules et couler jusqu'en bas. J'ai abordé les choses au jour le jour, toujours avec le sourire.
« J'ai essayé d'éviter de penser que c'était la plus grosse saison de ma vie. Ç'a bien fonctionné. »
Crédit photo: Daniel St-Louis / LHJMQ