Crosby Stone goal badge Chaumont

MONTRÉAL – Il y a la plus jeune génération, celle des Connor McDavid, Nathan MacKinnon et Cale Makar. Cette jeunesse n’avait jamais encore côtoyé Sidney Crosby sur une grande scène. À 37 ans, Sidney Crosby ne porte pas un « C » sur son gilet du Canada simplement parce qu’il a plus de cheveux blancs sur ses tempes que ses coéquipiers.

Crosby est le capitaine de cette équipe puisqu’il a encore le talent pour indiquer le chemin à suivre. Dans ce premier match de la Confrontation des 4 nations, le numéro 87 a amassé trois passes, dont une sur le but gagnant de Mitch Marner, dans un gain de 4-3 en prolongation contre la Suède.

À la fin du match, les partisans du Centre Bell ont salué Crosby en scandant son nom avant qu’il obtienne le titre du joueur de la rencontre dans le camp canadien. On le sait déjà. Il y a un lien particulier entre Crosby et le Québec. Le prodige de Cole Harbour a joué deux ans avec l’Océanic de Rimouski avant de devenir le premier de classe du repêchage de 2005 par les Penguins de Pittsburgh. À Rimouski, Crosby avait eu la délicatesse d’apprendre la langue de Vincent Lecavalier.

Près de vingt ans plus tard par un soir du 12 février, le public montréalais a redonné une grande dose d’amour à Crosby.

« J’ai ressenti une énergie spéciale avec cette foule dès l’annonce de la formation partante et jusqu’à la fin du match, a dit Crosby en conférence de presse aux côtés de Nathan MacKinnon. J’aime jouer dans un tel environnement. J’ai grandi comme partisan des Canadiens de Montréal. De recevoir une telle ovation, c’était unique. Je m’en souviendrai toujours. »

À la présentation des joueurs pour la formation partante, Crosby est celui qui a reçu l’accueil le plus chaleureux. Mario Lemieux, qui avait hébergé Sid the kid à ses premières saisons à Pittsburgh, a également fait bondir les partisans de leur siège lors de cette cérémonie d’avant-match.

« Je pourrais écrire un livre simplement sur mon court passage avec Sidney Crosby, a affirmé Jon Cooper, l’entraîneur en chef du Canada. À l’exception du rugissement pour Mario Lemieux avant le match, Sidney est celui qui a fait exploser le toit de l’édifice. Il a toujours joué pour les Penguins de Pittsburgh. De voir la réaction des partisans, c’est un témoignage de tout l’amour de ce pays envers Sidney. »

La dégaine de Marner

Dans une prolongation de dix minutes, comparativement aux cinq minutes de la formule traditionnelle des matchs en saison de la LNH, le Canada et la Suède ont multiplié les chances de marquer.

Jordan Binnington a opéré sa magie, mais aussi redoré son blason, en réalisant deux arrêts clés contre Mika Zibanejad et William Nylander. À l’autre bout de la patinoire, Filip Gustavsson a bloqué sept tirs, dont quatre uniquement contre MacKinnon.

Marner a libéré l’équipe canadienne en déjouant Gustavsson d’un tir parfait dans le haut du filet. Crosby est celui qui a alimenté l’ailier des Maple Leafs en lui remettant la rondelle en zone neutre avant de retraiter au banc pour un changement.

« C’était vraiment génial comme moment, a affirmé Marner. Je voulais en profiter le plus possible pour être honnête. L’édifice vibrait. C’était bien d’avoir la foule qui m’encourage ici pour une fois. Sid a réalisé tout un jeu.

« C’est fou de voir tout ce que Sid peut réussir sur la glace. Quand tu joues avec lui, tu constates encore plus à quel point il est un travaillant. Sur le but de Mark Stone, sa passe était tout simplement incroyable. C’est pour ça qu’il est le meilleur joueur au monde. »

CAN vs SWE | Résumé | Confrontation des 4 nations

Marner avait un sourire encore plus étincelant quand il a fait un saut dans le passé.

« Si on avait dit au Mitch Marner de dix ans qu’il allait marquer un but gagnant sur une passe de Crosby en prolongation, un joueur qu’il regarde depuis toujours, il n’y aurait probablement pas cru. C’est assez fou. J’imagine que ma famille était très excitée après ce jeu. »

Dans ce match contre la Suède, Crosby aura donc obtenu une passe sur le but gagnant de Marner en prolongation, une passe sur le troisième but, celui de Stone, mais aussi une passe du revers avec le dos tourné en direction de MacKinnon lors du premier but en supériorité numérique.

Le caractère de la Suède

Avec une victoire en prolongation, le Canada a récolté deux points, plutôt que trois points pour un gain en temps réglementaire. La Suède, quant à elle, a obtenu un point.

Les Suédois l’ont mérité. Après un faux départ où ils n’ont pas décoché de tir en 15 minutes, ils ont regagné confiance contre l’équipe locale. Ils ont effacé un retard de deux buts en troisième période pour forcer la prolongation.

Adrian Kempe et Joel Eriksson Ek ont tour à tour battu Binnington. Et avec un peu plus de chance, les Suédois auraient pu gagner cette rencontre en prolongation. Le temps d’un match, la Suède a démontré qu’elle a le talent et le caractère pour causer une surprise à ce tournoi.

Nos journalistes Guillaume Lepage et Jean-François Chaumont discutent du match Canada-Suède

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 4

C’est le nombre de tirs au but obtenus par Nathan MacKinnon en 6:06 de prolongation. Le Canada en a décoché huit au total dans cet intervalle.

Déjà une blessure

Il n’y a qu’un match de joué, et Jon Cooper doit déjà jongler avec ses duos défensifs. Shea Theodore a quitté le match en deuxième période quand il s’est blessé à la suite d’un contact avec Adrian Kempe, et son tournoi est terminé. La nature de sa blessure n’a pas été dévoilée.

« Ça me brise le cœur pour lui, a dit l’entraîneur. Il n’a pu jouer que six minutes dans le tournoi. Il était toutefois le premier à féliciter tous les gars quand nous sommes revenus au vestiaire. […] Avec le rythme et la vitesse de ce match, ç’a été difficile de jouer à cinq défenseurs. On s’est bien battus. »

Le défenseur des Golden Knights de Vegas semblait être ennuyé au bras droit après le contact. Theodore évoluait sur la troisième paire à la ligne bleue et sur la deuxième vague du jeu de puissance. Rayé de la formation, mercredi, Travis Sanheim devrait prendre la relève lors du match face aux États-Unis, samedi.

Le naturel revient au galop

Brad Marchand croyait bien que le fait qu’il porte le bon chandail au Centre Bell allait lui permettre d’enfin être acclamé par la foule montréalaise. L’attaquant des Bruins de Boston avait raison… en partie.

Quand il a marqué le deuxième but des favoris locaux en complétant une belle pièce de jeu de Brayden Point, les amateurs ont effectivement célébré. Ils se sont toutefois repris lors de l’annonce du but. C’est là que les huées ont déferlé dans au moins la moitié de l’amphithéâtre.

Comme quoi il y a des choses que même un peu de patriotisme ne peut effacer.

Mario! Mario! Mario!

Les joueurs de la formation canadienne ont reçu de la grande visite avant le début du match, nul autre que le grand Mario Lemieux. Le légendaire attaquant québécois a annoncé les six joueurs de la formation partante dans le petit vestiaire des visiteurs.

Il a ensuite été présenté à la foule qui s’est mise à scander son nom après une longue et chaleureuse ovation. « Bon retour à la maison », a dit l’annonceur maison Michel Lacroix en présentant le no 66.

Une ovation pour Lemieux avant la Confrontation des 4 nations

« C’était très, très cool, a lancé Connor McDavid. Il ne participe pas souvent à des évènements publics, donc quand il le fait, on sait que ç’a une grande signification. L’énergie dans le vestiaire et sur la patinoire quand il a été présenté était tout simplement incroyable. »

Lemieux a rejoint Teemu Selanne (Finlande), Daniel Alfredsson (Suède), Mike Richter (États-Unis) ainsi que les capitaines des quatre formations pour lancer les hostilités. Quand Crosby a rejoint son ancien coéquipier sur le tapis bleu, la foule a rugi une dernière fois avant la mise au jeu initiale.

- Avec la collaboration de Guillaume Lepage, journaliste principal LNH.com