Lafleur Bob

TROIS-RIVIÈRES -Artiste de la glace pendant sa carrière de hockeyeur, Guy Lafleur serait très touché par le spectacle hommage que lui a concocté le Cirque du Soleil.

« Je suis sûr que de là-haut, il est extrêmement honoré », a affirmé en entrevue à LNH.com le fils aîné du célèbre numéro 10, Martin Lafleur, quelques minutes avant la grande première, mercredi, du spectacle intitulé Guy! Guy! Guy!

« S'il était là, les mots lui manqueraient pour dire combien il est fier de faire maintenant partie de la grande famille du Cirque du Soleil », a renchéri Martin Lafleur.

On imaginait d'ailleurs le Démon blond bouche bée (ce qui était plutôt rare de son vivant) dans le ciel étoilé au-dessus de l'Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières, au terme de cette revue festive et généreuse, à l'image de la légende québécoise du hockey qui nous a quittés beaucoup trop tôt à l'âge de 70 ans, en avril 2022.

Pour leur septième création de la Série hommage, leur première incursion dans le monde sportif, les artisans du Cirque ne pouvaient pas mieux toucher la cible. Si la famille Lafleur se dit « très honorée », l'honneur doit être partagé puisque l'union entre les deux géants allait de soi.

Dans la plus pure tradition du Cirque, on a célébré la vie d'un de nos héros plutôt que son départ précipité. C'est ce que «Guy! Guy! Guy!» aurait voulu.

En arrivant sur le site, le ton est donné avec de l'animation pour les sept à 77 ans, parce qu'on a voulu faire de l'événement une activité grand public. Pour la première, qui a rassemblé tout le gratin québécois, plusieurs enfants ont notamment garni les 3500 sièges du parterre.

Lafleur dehors

Pour les nostalgiques, on a su recréer l'atmosphère de la Soirée du hockey et des glorieuses années 1970 des Canadiens de Montréal, au son de l'orgue du Forum et des voix harmonieuses des René Lecavalier et Gilles Tremblay.

Puis, place au spectacle. Les tableaux relatant l'enfance et les débuts ardus de Lafleur dans la LNH, pimentés d'images d'archives et d'extraits sonores, s'imbriquent avec les pirouettes et les acrobaties des saltimbanques.

Permettez-moi ici d'ouvrir une parenthèse. Ces athlètes gymnastes font paraître les choses tellement faciles qu'on en vient à oublier la complexité de leurs manœuvres, ou à tenir pour acquis leurs prouesses. Chapeau à eux. Ils méritent qu'on les applaudisse plus fort. Fin de la parenthèse.

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L'ascension de Lafleur vers les plus hauts sommets représente des moments forts de la soirée. On n'a parfois pas assez de deux yeux pour tout voir, comme dans le numéro fort réussi des cerceaux dans lequel on met en lumière le rôle important qu'il a joué dans les quatre triomphes de la Coupe Stanley du Tricolore entre 1976 et 1979.

Les moments les plus poignants ont été sa fin de carrière avec les Canadiens, ponctuée de quelques déboires, mais de l'ombre Lafleur revient vite à la lumière grâce à sa tentative de retour au jeu avec les Rangers de New York couronnée de succès et sa fin de carrière en apothéose, qui lui a permis de boucler la boucle, comme le souligne son fils Martin, avec les Nordiques de Québec.

Si l'amateur de hockey féru de statistiques n'apprend que de menus détails au sujet de son idole, il se laisse porter par la magie du spectacle et tout ce qu'elle évoque chez lui.

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Les trames sonores en filigrane sont toutes des pièces ou des chansons, qui ont soit occupé une place importante dans le cœur de notre héros national ou qui soit collent à sa peau.

De Wow, du pianiste André Gagnon, en passant par à Je suis cool de Gilles Valiquette jusqu'à Aimes-tu la vie comme moi de Boule Noire, les plus vieux peuvent aisément y accoler des images du passé, en les entendant.

En prêtant bien l'oreille aux paroles des chansons, les plus jeunes parviendront à mieux cerner le personnage plus grand que nature que Flowera été.

Hormis quelques bémols, comme la narration trop détaillée du fameux match des Canadiens contre les Bruins de Boston le 10 mai 1979, et le volet burlesque du spectacle qu'on aurait intérêt à rehausser, c'est plus de 85 minutes de pur délice.

La grande finale viendra peut-être vous faire monter le motton dans la gorge, comme ç'a été le cas pour l'auteur de ces lignes. C'est à voir jusqu'au 19 août.

Photos : Marie-Andrée Lemire