Panthers : Tkachuk n’a pas mis de temps à faire sentir sa présence

TAMPA, Floride – Avant le match, dans un couloir pratiquement désert du Amalie Arena, Matthew Tkachuk s’étirait, le regard concentré. Ses coéquipiers venaient de terminer leur soccer d’avant-match, mais celui qui est le visage des Panthers de la Floride détendait les muscles de son corps, se préparant à revenir au jeu après une absence de deux mois.

Avec sa blessure à la Confrontation des 4 nations, Tkachuk n’avait pas joué avec les Panthers depuis le 8 février, une séquence au cours de laquelle les champions en titre de la Coupe Stanley ont semblé essoufflés. Un sentiment d’urgence absent, de nombreux blessés et de l’incertitude quant au retour éventuel de certains joueurs ont contribué à cette fin de saison en dents de scie.

Certains ont alors commencé à douter des Panthers, à se demander s’ils n’ont pas joué trop de hockey en se rendant deux années de suite en finale de la Coupe Stanley et si ça ne les conduirait pas à une élimination en première ronde contre leurs rivaux, le Lightning de Tampa Bay.

Mardi, on a eu droit à du grand Tkachuk en lever de rideau de la bataille de la Floride : de l’arrogance, des altercations après le sifflet, des buts... et un protecteur buccal bien mâchouillé. Il a sonné la charge pour les Panthers et entraîné ses coéquipiers dans son sillon.

Il a inscrit deux buts et récolté une passe, reprenant exactement là où il avait laissé, alors que les Panthers ont vaincu le Lightning 6-2 mardi, dans le match no 1 de leur série.

« C’est ce qui te manque, a dit Tkachuk. Tu t’ennuies de compétitionner, des partisans, de l’énergie, des émotions, des batailles avec l’autre équipe et des insultes qui fusent de ton propre banc. Il y a tellement d’aspects qui te manquent. J’étais simplement reconnaissant d’être sur la glace et j’ai profité de chaque seconde. »

Il s’agissait techniquement du septième match de suite dans lequel il marquait, ayant trouvé le fond du filet dans six rencontres consécutives quand la saison a été interrompue pour la Confrontation des 4 nations. C’était également une quatrième partie de plus d’un but en carrière dans les séries pour Tkachuk, dépassant Carter Verhaeghe pour le plus haut total dans l’histoire de la concession.

Tkachuk a envoyé un message. Les Panthers aussi.

Le pugnace attaquant a porté le coup de grâce au Lightning, alors que les Panthers venaient de prendre une avance de 3-1 grâce à un but de Nate Schmidt à 4:41 de la deuxième, que Tampa Bay avait contesté pour obstruction contre le gardien. Quand le but a été accordé, les Panthers ont obtenu un jeu de puissance.

Tkachuk a eu besoin de 14 secondes pour enfoncer la dague dans une plaie ouverte.

Il a ajouté un deuxième but en supériorité numérique à 9:44 du même engagement, un filet sans aide, et il a obtenu une passe sur le deuxième but de la soirée de Schmidt à 5:09 du dernier tiers. Ces trois points se sont ajoutés aux 46 (17 buts, 29 mentions d’aide) qu’il cumulait au cours des deux dernières éditions des séries, au quatrième rang de la LNH derrière un trio de joueurs des Oilers d’Edmonton (Connor McDavid, Leon Draisaitl et Evan Bouchard).

« Il est capable d’entrer dans un match et d’avoir un impact, a affirmé Schmidt. Il est comme ça. C’est le type de joueur qu’il est. Il est un joueur de séries qui entre dans un match et fait ce qu’il a accompli ce soir. »

Ça faisait longtemps que Tkachuk n’avait pas sauté sur la glace. Il s’est blessé au bas du corps dans le match de ronde préliminaire des États-Unis contre le Canada, le 15 février, une blessure qui lui a coûté le reste du tournoi de la Confrontation des 4 nations, sauf 6:47 de jeu en finale contre les Canadiens cinq jours plus tard.

Deux mois et trois jours plus tard, il revenait au jeu.

« C’est un sentiment extraordinaire, a mentionné Tkachuk. Je me sentais bien avant le début de la finale (de la Confrontation des 4 nations) et je sentais que j’allais pouvoir fournir un bon effort. Mais je n’avais plus grand-chose en moi après le premier engagement de cette rencontre en février. Je ne changerais rien à tout ça quand même. Les deux derniers mois ont été difficiles, mais j’allais tout donner à ce tournoi pour mon pays.

« Mais je dois dire que dans les deux derniers mois, il y a eu tellement de hauts et de bas. Il y a des journées difficiles où tu te demandes si tu vas y arriver. Même il n’y a pas si longtemps, je me demandais si ce jour allait arriver. C’est donc génial d’avoir pu jouer. »

Quand on lui a demandé s’il a douté qu’il allait disputer le match no 1, Tkachuk a répondu : « Bien sûr. »

« Dans les deux derniers mois et même il y a quelques jours, absolument, a-t-il renchéri. Je suis reconnaissant d’être revenu. J’ai plusieurs personnes à remercier qui m’ont préparé pour les séries. C’est plaisant de sauter sur la glace et de jouer pour eux.

« J’ai un soutien extraordinaire à l’aréna, à la maison, partout. Tout le monde a été très positif autour de moi, même quand j’étais dans une mauvaise passe. »

Si Tkachuk a admis qu’il y a des jeux qu’il aimerait pouvoir changer – peut-être sa pénalité pour rudesse à 10:25 de la première période qui a conduit au premier but du Lightning – il a dit qu’il s’est très bien senti sur la glace.

Et si Paul Maurice a qualifié le jeu de Tkachuk de « correct », il a ajouté que, même après deux mois d’absence, certains aspects de son jeu sont tout simplement magiques.

« Il a montré ses mains, a souligné Maurice. Il a tellement des mains extraordinaires. […] Quand on y pense, il n’a pas joué un match de hockey depuis deux mois. Vous et moi n’aurions pas de mains dans un tel match. Lui, il peut s’absenter aussi longtemps et quand même contrôler la rondelle de cette façon.

« Pour le reste, il a été intelligent, en ce sens qu’il n’avait pas exactement le même rythme que le match. »

Même s’il s’acclimatait au jeu devant lui, Tkachuk a été en mesure de réussir un doublé. Il a fourni aux Panthers l’énergie et la verve que l’équipe n’avait pas durant son absence, quand les Panthers ont glissé au troisième rang de la section Atlantique et perdu l’avantage de la glace.

Il est revenu, et les Panthers ont rebondi.

« Tu ne peux pas vraiment lui apposer une étiquette, car il est une licorne en matière de joueur de hockey, a expliqué Schmidt. Mais le plus important, c’est sa façon de se comporter dans le vestiaire. Il motive les gars pour le match, et tu peux ressentir son enthousiasme et son énergie. Ça calme les gars un peu. »

Ses coéquipiers étaient heureux de le retrouver. Tkachuk, de son côté, débordait de joie après son retour.

« Ça te fait réaliser à quel point ce sport est génial, a dit Tkachuk. La meilleure chose au monde, c’est d’être sur la glace à rivaliser et de côtoyer tes coéquipiers. J’ai tout adoré. »