Brodeur-Henri-Bossy

Tout au long de la saison, les membres du LNH.com participeront à des tables rondes pour répondre à diverses questions. En interagissant entre eux, nos experts donnent leur opinion sur plusieurs sujets chauds à travers la LNH.

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Aujourd'hui, on leur a proposé l'énoncé suivant : avec le record de matchs joués de Gordie Howe qui a été battu, et avec Ovechkin qui s'approche du record de buts de Wayne Gretzky, on voit que plusieurs marques qui semblaient inatteignables sont finalement accessibles. Si les records de passes et de points en carrière de "La Merveille" semblent en sécurité, quel autre record va selon vous résister le plus longtemps à l'épreuve du temps?

Guillaume Lepage, journaliste LNH.com

Je lance le bal avec un record qui est bien d'actualité : celui des 691 victoires de Martin Brodeur. S'il est battu d'ici à ce que je prenne ma retraite - d'ici 40, ou peut-être plus 50 ans - je m'engage à inviter tous les membres de l'équipe dans un chic restaurant montréalais et de m'occuper de la facture, vin à volonté.
Et je suis bien au courant que les écrits restent! Je suis loin d'être doué en maths, mais je sais faire des produits croisés avec l'aide d'une calculatrice. Pour surpasser la marque de Brodeur, un gardien devrait signer au minimum 35 victoires par année sur une carrière de 20 ans. Pensez-y deux secondes.
À 26 ans, Andrei Vasilevskiy a déjà connu trois saisons d'au moins 35 victoires et il a 186 gains au compteur. Dans l'éventualité où il joue jusqu'à 40 ans, il aurait besoin de 36 victoires par année. C'est un rythme infernal, voire impossible à soutenir.

Surtout qu'à notre époque, les gardiens partants disputent rarement bien plus que 50 matchs par année, et qu'il est impensable que le Lightning demeure aussi dominant éternellement. Avec le plafond salarial, chaque équipe devra tôt ou tard passer par un petit cycle de reconstruction - ou de mise à jour. Les dynasties de la trempe de celle des Devils du New Jersey du début des années 2000 sont chose du passé.
Brodeur peut dormir sur ses deux oreilles… et moi aussi!

Nicolas Ducharme, journaliste LNH.com

S'il y a un record qui ne tombera jamais, au grand jamais, c'est celui de 67 minutes de pénalités en une seule période de Randy Holt des Kings de Los Angeles. Le 11 mars 1979, le défenseur et son équipe se sont présentés au Spectrum de Philadelphie pour affronter les « Broad Street Bullies ». La table était mise pour un match physique.
Holt, qui était un dur de dur avec 1438 minutes de pénalités en 395 matchs dans la LNH, a tout d'abord été puni pour avoir accroché en début de première période, puis il a jeté les gants contre Frank Bathe avec un peu plus de cinq minutes à faire à l'engagement. À leur sortie du banc, alors qu'il restait deux secondes au cadran, les deux belligérants ont à nouveau engagé le combat. Ils auraient dû être dirigés vers leur vestiaire, mais finalement, ils ont pris place à leur banc des punitions.
Les Flyers, qui n'avaient pas apprécié les gestes de Holt, ont décidé de s'en prendre à lui au son de la sirène. Les bancs se sont vidés et Holt s'est à nouveau battu, et il a écopé de 45 minutes de pénalité sur la séquence - une majeure pour s'être battu, une inconduite et trois pénalités d'inconduite de partie. Il a été expulsé du match, en plus d'être suspendu trois rencontres.
C'était une autre époque, et on ne reverra plus jamais une telle récolte de pénalités dans la même période, voire dans le même match… et à peine dans la même saison. En effet, parmi les 838 joueurs qui ont disputé au moins une partie dans la LNH l'an dernier, seulement 23 ont passé le cap des 67 minutes de pénalités. Dans la dernière décennie, le plus grand total de minutes de punition dans la même rencontre est de 39.
Le sport a changé et maintenant, on joue au hockey comme dans le temps. Comme Eddie Shore.

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Robert Laflamme, journaliste LNH.com

Les records sont faits pour être battus, qu'on dit. C'est en partie vrai. On a qu'à parcourir la liste pour en dénombrer une multitude qui résisteront au temps. Plusieurs d'entre eux sont des marques offensives qui appartiennent à Wayne Gretzky.
Chacune des époques a ses particularités. Il devrait y avoir un livre des records pour chacune d'entre elles.
Prenez les records de minutes de pénalités. Je n'en vois aucun être battu avant le 200e anniversaire d'existence de la LNH, en 2117. Ce sont plutôt des marques vers le bas qui risquent de défrayer les manchettes. Genre, dans cinq ans, vous lirez peut-être ceci sur LNH.com : « Filip Zadina des Red Wings de Detroit vient d'atteindre la marque des 400 matchs dans la LNH sans avoir écopé d'une pénalité mineure. Il continue d'améliorer la marque qu'il détient depuis son 83e match en carrière. » Ne riez pas, la réalité dépasse parfois la fiction.
C'est la même chose pour les records offensifs. L'époque où il se marquait des buts à la tonne est révolue depuis longtemps. Connor McDavid a beau est issu d'une autre planète, jamais il n'atteindra les statistiques astronomiques des Gretzky et Mario Lemieux.
C'est comme ça. Nous sommes à une autre époque. Henri Richard peut reposer en paix. Personne ne s'approchera un jour de son record de 11 conquêtes de la Coupe Stanley.
Une autre marque inatteignable, selon moi, c'est celle de 71 défaites des Sharks de San Jose dans une saison de 84 matchs en 1992-93. Pour avoir vécu de près la saison de 61 défaites des Nordiques de Québec en 1989-90, on ne souhaite pas voir pire, croyez-moi.
Pour les prochaines années, il y a toutefois un prestigieux record qu'on pourrait voir tomber. Il s'agit de celui des 894 buts de Gretzky, dont s'approche Alex Ovechkin. C'est une véritable course contre la montre dans laquelle le célèbre numéro 8 des Capitals de Washington s'est élancé. J'espère ardemment le voir la gagner.

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Philippe Landry, pupitreur LNH.com

Des marqueurs de 50 buts par saison, il y en a et il continuera d'y en avoir. Mais réussir neuf saisons consécutives d'au moins 50 buts comme l'a fait Mike Bossy de 1977 à 1986, je doute fortement que l'on puisse assister de nouveau à un pareil exploit.
Imaginez, même Alex Ovechkin, que plusieurs considèrent comme le plus grand buteur de tous les temps, n'a même jamais réussi à s'approcher de ce record - il a aligné trois saisons de 50 buts à deux reprises jusqu'ici au cours de sa carrière.
Pour accomplir ce fait d'armes, un joueur doit avoir un don inné pour « la mettre dedans », mais il doit surtout ne jamais être blessé. Encore une fois, je reviens à Ovechkin. Le Russe s'est absenté en fin de semaine en raison d'une blessure pour la première fois depuis le 5 mars 2015. Il est un véritable guerrier qui n'a raté que très peu de matchs au cours de sa carrière. Et malgré tout, il ne parviendra pas à battre ce record.
Je crois également qu'il est plus difficile de marquer des buts aujourd'hui que ce ne l'était à l'époque de Bossy, par exemple. Les gardiens sont meilleurs, les systèmes défensifs sont plus raffinés, et le jeu est plus fermé. Tout cela rend encore plus remarquable le rendement d'Ovechkin, à mon humble avis.
Le record de Bossy me semble intouchable, mais j'aimerais grandement me tromper!

Sébastien Deschambault, directeur de la rédaction LNH.com

On voit depuis plusieurs années de plus en plus de très jeunes joueurs, parfois âgés de tout juste 18 ans et qui donnent leurs premiers coups de patin dans la LNH, parvenir à s'imposer immédiatement parmi l'élite de la ligue.
C'est de très bon augure pour voir certains des records de Gretzky tomber, mais aussi spectaculaires soient ces jeunes joueurs, je ne crois pas qu'on verra une recrue s'illustrer comme Teemu Selanne l'a fait avec la première mouture des Jets de Winnipeg en 1992-93.
Pour les très jeunes lecteurs, Selanne est arrivé dans la LNH à 22 ans, et a établi une marque pour le plus grand nombre de buts par une recrue avec 76. Cette récolte lui a valu une égalité au premier rang des buteurs de la ligue cette année-là avec Alexander Mogilny, et il avait terminé au sixième rang des marqueurs avec 132 points.
Pour vous donner une petite idée du gouffre qui existe entre la saison recrue de Selanne et les performances des joueurs de première année depuis que le Finlandais a établi cette marque il y a près de 30 ans, sachez qu'un seul joueur a franchi le cap des 50 buts à sa première saison dans la LNH depuis ce temps, et il s'agissait de nul autre qu'Alex Ovechkin avec 52 filets en 2005-06. Et cette saison d'Ovechkin représente vraiment l'exception, puisque seuls deux autres joueurs ont affiché une production supérieure à 50 pour cent de celle de Selanne… Auston Matthews (40 buts en 2016-17) et Sidney Crosby (39 buts en 2005-06).
La LNH a changé depuis l'époque de Selanne, et ce n'est pas demain la veille que l'on va voir un joueur marquer 76 filets en une saison… et encore moins dès sa première campagne dans la ligue.