Rodrigue lepage

Olivier Rodrigue retourne notre appel pendant qu’une tempête hivernale s’abat sur Edmonton depuis son grand retour dans la ville albertaine, vendredi, au petit matin. Le Chicoutimien a vu neiger, bien sûr, mais il constate qu’il n’y a pas qu’au Saguenay que le printemps n’est qu’une théorie.

« Il y a deux jours, j’étais sur le bord de la piscine à me faire bronzer en Californie, rigole le gardien québécois, qui évolue habituellement avec les Condors de Bakersfield, dans la Ligue américaine. Je n’ai même pas de bottes d’hiver. Disons que la réalité a frappé en arrivant ici. »

Une autre réalité – beaucoup moins pénible – à laquelle il doit encore s’habituer, c’est qu’il est désormais un gardien de la LNH. Le portier de 24 ans a joué ses premières minutes dans la grande ligue, jeudi, quelques heures à peine après avoir été rappelé d’urgence par les Oilers d’Edmonton.

Rodrigue est venu en relève à Calvin Pickard au début de la troisième période dans une dure défaite de 6-1 face au Kraken, à Seattle. Il a repoussé sept des huit tirs dirigés vers lui pendant ces 20 minutes.

« Je voulais juste bien faire et limiter les dégâts, a-t-il assuré. Je me sentais bien. Je me sentais à ma place. J’étais confortable et j’avais confiance en mes moyens. Je savais que j’étais capable. J’avais déjà joué à Seattle en présaison, et je connais bien l’organisation des Oilers. Je savais un peu à quoi m’attendre. »

Après la rencontre, l’entraîneur Kris Knoblauch a souligné ses « gros arrêts » tandis que son coéquipier Zach Hyman a dit qu’il avait été « génial » et qu’il avait réalisé des arrêts « phénoménaux ». Compte tenu de la journée émotive et stressante qu’il a vécue, il a somme toute laissé une solide impression.

« J’ai quitté Bakersfield après notre match de mercredi soir, et j’ai voyagé jeudi pour rejoindre l’équipe à Seattle. Je suis arrivé à 15h, juste à temps pour le départ vers l’aréna, a-t-il raconté. C’était un deuxième match en deux soirs avec du voyagement. Je ne pensais pas jouer après cette longue journée.

« Ce n’est pas exactement comme ça que j’avais imaginé ma première fois dans la LNH, mais ça va faire de belles histoires à raconter! »

À ce stade de sa carrière, Rodrigue va prendre n’importe quelle occasion de se faire valoir. Après cinq saisons avec les Condors, et même un passage dans la ECHL, il s’agissait de son premier rappel avec les Oilers – le résultat de la blessure subie par Stuart Skinner, mercredi.

L’état de santé du gardien numéro un des Oilers sera réévalué quotidiennement. Rodrigue ignore donc ce que lui réserve l’avenir. Mais il n’est pas du genre à s’en faire pour ça.

« Je me dis qu’il n’y a rien qui n’arrive pour rien, a-t-il philosophé. J’ai été patient. J’ai travaillé fort et je n’ai jamais lâché. Ç’a payé hier. L’expérience des cinq dernières années à Bakersfield, ç’a juste été du bagage qui a fait que j’étais prêt pour la chance que j’ai eue.

« Je ne me stresse pas avec l’avenir. Je suis là pour performer chaque jour, que ce soit dans la LNH ou dans la Ligue américaine. Je vois ça comme une opportunité de montrer à l’organisation où j’en suis rendu. »

Une fierté

Avec le court délai entre l’annonce de son rappel et le début du match, et le fait qu’il n’obtenait pas le départ, les membres de la famille Rodrigue n’ont eu d’autre choix que de regarder le tout à la télévision.

Il n’en doutait pas, mais il a eu la confirmation que ses proches avaient veillé tard pour vivre ce grand moment à distance – en raison du décalage horaire – lorsqu’il a vu tous les messages sur son téléphone à son retour au vestiaire.

« Pas mal tout le monde de ma famille est resté debout, a-t-il dit avec le sourire dans la voix. J’ai parlé à quelques-uns d’entre eux après le match, et à d’autres encore ce matin. Tout le monde est super heureux. »

Le moment a été encore plus spécial pour son père Sylvain, qui l’a suivi tout au long de son cheminement professionnel comme entraîneur des gardiens des Condors. Depuis le début de la saison, le paternel occupe le même poste avec le club-école des Panthers de la Floride.

« Il est vraiment fier de moi, a conclu Rodrigue. Ma mère (Catherine) me disait qu’elle ne l’avait jamais vu aussi stressé. C’est spécial parce qu’on a longtemps travaillé ensemble. C’est un peu grâce à lui aussi que je me suis rendu là. C’est un moment vraiment spécial pour toute la famille. »