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NEWARK, New Jersey – Au printemps dernier, Nathan Légaré s’assoyait dans les gradins du Madison Square Garden avec Félix Lafrance pour regarder un match d’Alexis Lafrenière en séries avec les Rangers contre les Hurricanes de la Caroline au deuxième tour des séries.

À une autre époque, Lafrenière, Légaré et Lafrance portaient les couleurs des Vikings de Saint-Eustache dans le Midget AAA et ils ont aussi joué ensemble avec les Seigneurs des Mille-Îles dans le Bantam AAA.

Il y a des hasards qui découlent difficilement du hasard. Pour son premier match dans la LNH, Légaré a patiné sur la glace du mythique Madison Square Garden avec l’uniforme des Devils du New Jersey sur son dos. Lafrenière était dans l’autre camp, celui des Rangers.

« C’était vraiment spécial », a raconté Légaré en entrevue avec LNH.com dans le vestiaire des Devils au Prudential Center à quelques heures d’un deuxième match dans la LNH. « Quelques mois plus tard, j’ai remis les pieds au Madison Square Garden pour y jouer, pas comme spectateur. Et je jouais contre Alexis. Je l’ai réalisé encore plus lors de l’hymne américain. J’entendais le bruit des partisans des Rangers et je trouvais ça spécial. C’était un moment unique de vivre mon premier match dans la LNH contre mon meilleur ami.

« Je lui ai lancé quelques regards pendant l’échauffement, mais ce n’était pas le temps de se parler. Nous nous étions textés avant la rencontre. J’ai pris le temps de lui parler après le match. Il était vraiment fier pour moi. »

Légaré vestiaire

Légaré et les Devils ont gagné ce match contre Lafrenière et les Rangers. Les visiteurs l’ont emporté 5-1.

Pour ses débuts avec les Devils, Légaré a joué à l’aile droite du quatrième trio. Il a mené son équipe avec six mises en échec et il a terminé la rencontre avec un temps de jeu de près de 12 minutes (11:42). Il a aussi décoché deux tirs. Il a offert ce qu’on attendait de lui en procurant de l’énergie aux Devils.

« C’est de cette façon que je veux jouer dans la LNH, a-t-il affirmé. Pour m’établir dans cette ligue, je dois jouer avec intensité. J’ai marqué plusieurs buts dans la LHJMQ et on me décrivait comme un ailier offensif. Mais chez les pros, tu dois savoir t’ajuster. J’ai probablement eu besoin d’un peu plus de temps pour le faire. Je suis vraiment fier de mon rôle, j’aime cette identité d’un gars d’énergie. Qu’on me donne deux minutes ou 15 minutes de temps de jeu, je donnerai mon 100% pour aider l’équipe. »

Légaré n’avait pas des chiffres offensifs renversants à Utica dans la Ligue américaine. Il avait marqué trois buts en 18 matchs. Il avait aussi passé 47 minutes au banc des punitions.

Sheldon Keefe, l’entraîneur en chef des Devils, a aimé ce qu’il a vu de Légaré contre les Rangers. Il lui offrira d’ailleurs un deuxième match vendredi soir lors de la visite du Kraken de Seattle au Prudential Center.

« Il patine bien, mais il patine dur aussi, a expliqué Keefe. Il veut être près de la rondelle, il termine ses mises en échec et il prend des décisions intelligentes avec la rondelle. Il a placé la rondelle à de bons endroits à son premier match pour nous permettre d’y aller d’un bon changement de trios ou pour poursuivre l’échec avant. Il a fait attention à bien des détails à ses débuts.

« Mais c’est un match. Dans la LNH, tu dois rester bon tous les jours. Il y a plusieurs joueurs qui ont connu de bons moments sur une courte période après un rappel de la Ligue américaine, mais plusieurs joueurs n’ont pas réussi à maintenir le rythme. Je peux simplement dire que Nathan a gagné des points à ses débuts. Il méritait ce rappel puisqu’il jouait bien à Utica. »

Légaré, un ancien choix de troisième tour des Penguins de Pittsburgh en 2019, a eu un temps de temps pour laisser retomber la poussière depuis sa première rencontre.

« J’étais sur un petit nuage cette semaine, a-t-il affirmé avec le sourire dans le visage. Tout se déroule rapidement. J’ai appris mon rappel avec les Devils dimanche après-midi et je jouais dès le lendemain. Je jouerai mon deuxième match ce soir dans la LNH. Je m’attends à une autre rencontre spéciale, mais je sais maintenant mieux à quoi m’attendre.

« Quand j’ai endossé le chandail des Devils et que j’ai posé mes patins sur la glace, j’ai repensé à tous les sacrifices réalisés dans ma jeune carrière, mais aussi à tous les sacrifices qu’ont faits mes parents pour moi. J’avais bien des idées qui me passaient par la tête. J’ai maintenant joué un match dans la LNH. Je l’ai fait, mais j’en veux plus aussi. Je souhaite rester le plus longtemps possible. C’est ma mentalité. »

Une journée de congé pour le paternel

Un premier match dans la LNH demeure un moment inoubliable pour le joueur, mais aussi la famille et les amis.

Martin Légaré, qui exerce le métier de plombier, n’a pas hésité à ranger ses outils lundi matin quand il a appris la nouvelle pour son fils.

Légaré estrades

« Mon père était rentré au travail lundi matin très tôt. Il ne savait pas encore si j’étais pour jouer. Mais à mon arrivée à l’aréna pour l’entraînement matinal, j’ai compris que j’avais de fortes chances de participer à la rencontre. Quand j’ai su que c’était officiel, j’ai rapidement téléphoné à mon père pour lui dire. Il était avec son patron et il lui a demandé pour prendre le reste de la journée en congé. Il lui a dit oui, mais en lui disant qu’il était pour venir avec lui à New York. Son patron est l’un de ses bons amis. Ils partaient de Terrebonne.

« Ma mère, ma sœur, ma tante et ma fiancée étaient aussi au match. Pour ma part, j’étais parti dimanche de Utica pour Newark en compagnie de ma copine. Ce soir (vendredi), je compterai encore sur une bonne délégation de gens de ma famille dans les gradins au Prudential Center. »

Une transaction qui rapporte

Après les Penguins, mais avant les Devils, Légaré a fait un court passage au sein de l’organisation du Tricolore. L’an dernier, il a participé à 39 matchs avec le Rocket de Laval. Il s’est fait échanger aux Comets de Utica le 11 mars dernier contre Arnaud Durandeau.

Questionné sur son séjour avec le Rocket, l’ailier droit de 6 pieds et 200 livres a dressé un bilan réaliste.

« C’est parfois une question de perspective. J’ai aussi ma part de responsabilités pour mon séjour au sein de l’organisation des Canadiens. Je n’ai peut-être pas eu la chance de jouer le style de jeu que je désirais, mais je n’ai pas joué mon meilleur hockey. J’avais également subi une blessure dans le coin de Noël. Je ne m’attendais pas à un échange. J’avais la chance de jouer à la maison à Laval dans la Ligue américaine. Le nouveau départ m’a toutefois fait du bien. Aujourd’hui, je suis vraiment heureux de ce changement. »

Et on peut le comprendre d’être heureux. Il vit présentement ses plus beaux moments chez les professionnels avec les Devils.