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TORONTO – Max Pacioretty pourra éventuellement savourer pleinement les moments qu’il est en train de vivre avec les Maple Leafs de Toronto. Mais il ne le fera pas avant d’avoir achevé le travail.

L’attaquant de 36 ans aurait pourtant toutes les raisons au monde de prendre le temps d’apprécier ce parcours après tout ce qu’il a dû traverser en raison des blessures ces dernières années. Sans sous-estimer l’ampleur de sa présence au deuxième tour des séries, il n’est pas rendu à l’étape des bilans.

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« J’en profite assurément davantage », a-t-il dit, mardi, en entrevue avec LNH.com. « Je sais que les occasions d’aller jusqu’au bout se font rares et que nous formons un bon groupe. Autant je veux l’apprécier, prendre du recul et m’imprégner de ces moments, autant je me concentre sur la tâche à accomplir.

« J’aurai du temps pour repenser à tout ça, et me dire que j’en ai profité, mais je ne suis pas rendu là. »

L’ancien capitaine des Canadiens de Montréal est en mission et il ne tient rien pour acquis.

Il n’y a pas si longtemps, son nom était encore sur la liste des blessés à long terme des Maple Leafs. Il s’est d’abord blessé au retour de la pause de la Confrontation des 4 nations, et il est ensuite devenu difficile pour l’état-major de l’intégrer dans la formation en raison des contraintes salariales.

Pacioretty a donc dû prendre son mal en patience, encore une fois. Il s’est écoulé pas moins de 75 jours avant son dernier match en saison régulière, le 8 février, et le moment où Craig Berube a décidé de l’envoyer dans la mêlée lors du quatrième affrontement face aux Sénateurs d’Ottawa, le 24 avril.

Ce n’était rien de nouveau pour lui.

Il a joué cinq matchs avec les Hurricanes de la Caroline, en 2022-23, et seulement 47 avec les Capitals de Washington, la saison dernière – le résultat de deux blessures en six mois au tendon d’Achille et de deux étés d’entraînement marqués par de longues réadaptations.

Sa première saison dans l’uniforme torontois s’est quant à elle soldée avec 37 matchs au compteur.

« Il a connu des années difficiles avec les blessures, a souligné Berube. Mais son dévouement est sans égal pour revenir en santé. Il a investi le temps et les efforts avec les gens de l’organisation pour se donner la chance de jouer à nouveau et de nous offrir du bon hockey. »

C’est exactement ce qu’il fait en ce moment, et peut-être même plus.

Après des débuts plutôt discrets, Pacioretty s’est mis en marche dès qu’il a été jumelé à John Tavares et à William Nylander sur le deuxième trio, au sixième match de la série face aux Sénateurs d’Ottawa. Ce soir-là, il a inscrit le but qui a permis aux Leafs de disposer de leurs rivaux, en plus d’ajouter une passe à sa fiche.

« On peut voir qu’il est très reconnaissant d’être en mesure de continuer à jouer, d’avoir l’occasion de faire ce qu’il aime faire après tout ce qu’il a enduré physiquement, a lancé Tavares. Il a eu beaucoup de moments de doute dans les dernières années, alors ça en dit beaucoup sur sa persévérance. »

TOR@OTT, #6: Pacioretty trouve la lucarne et fait 3-2

Pacioretty a récidivé en amassant deux aides dès la première période du premier match contre les Panthers de la Floride, une victoire de 5-4 des siens lundi.

« Je n’essaie pas de réinventer la roue, a rigolé Pacioretty. J’essaie de passer la rondelle à deux des meilleurs joueurs sur la planète. Je veux leur rendre la vie facile et compliquer celle des adversaires. À ce stade-ci, je sais ce qui est efficace : leur donner la rondelle. »

Le couteau entre les dents

Le vétéran ne réinvente peut-être pas la roue au chapitre offensif, c’est vrai. Mais il s’est en quelque sorte réinventé au point de vue physique. Il n’est plus le marqueur de 30 buts qu’il était à l’époque, et il ne le sera plus jamais, alors aussi bien trouver un autre moyen de se rendre utile.

Pacioretty mène l’équipe pour les mises en échec avec 27 en cinq matchs, tandis que la plupart de ses coéquipiers ont été en uniforme pour sept rencontres. Il domine aussi les Leafs pour les mises en échec par tranche de 60 minutes (25.07), loin devant son plus proche poursuivant Bobby McMann (16.71).

« Il n’y a pas de secret en séries, a-t-il répondu à ce sujet. Plus tu joues gros, plus tu te salis le nez, plus tu aides ton équipe à gagner. J’ai compris que c’est comme ça que je pouvais aider cette équipe. Je le fais et je vois les résultats. Je dois continuer dans cette veine. »

La transformation par rapport à son jeu en saison régulière est plutôt marquée – son nombre de mises en échec par tranche de 60 minutes s’établissait à 12.61. C’est comme si tout le temps passé à attendre impatiemment son tour avait allumé une flamme en lui.

Comme s’il prenait conscience, après avoir songé plusieurs fois à la retraite, que cette chance d’aller jusqu’au bout est l’une des dernières de sa carrière. Peut-être même la dernière.